L'action US relance la polémique qui a trait au projet d'une base militaire américaine dans le Sud algérien. Une mission des forces spéciales américaines assiste, depuis un mois, une offensive contre le Gspc, à la frontière algéro-nigérienne, selon des sources officielles à Niamey. Cette offensive s'est déroulée autour du bâti Tamgak, à plusieurs centaines de kilomètres au nord-est de Niamey, la capitale du Niger. Sept islamistes du Gspc ont été éliminés et deux soldats de l'armée nigérienne légèrement blessés parmi les 150 engagés, a précisé la même source laissant entendre que l'opération Pan-Sahel Initiative (PSI) s'étendra sur les territoires sud-algériens dans le cadre «de la guerre mondiale contre le terrorisme». Aussi, cette source a-t-elle «espéré» que le PSI s'étende «bientôt à quatre pays supplémentaires, Algérie, Tunisie, Maroc, et Sénégal». Encore plus suggestive, la même source reprend les propos d'un haut fonctionnaire de l'armée américaine: «Les Etats-Unis projettent de dépenser des centaines de millions de dollars les prochaines années dans les huit pays». Pan-Sahel Initiative est un programme de 7,5 millions de dollars, concocté par le Pentagone, la CIA et le département d'Etat américain pour assister les armées du Niger, de la Mauritanie, du Mali et du Tchad, dans le cadre de la lutte antiterroriste. Si cette action renseigne sur la détermination des Américains à briser les bases arrière du Gspc, en apportant aide et assistance aux armées locales, elle relance, en revanche, une ancienne polémique d'ordre stratégique. Elle a trait au projet d'une base militaire américaine dans le Sud algérien. Un vieux projet français que les Américains ne semblent pas abandonner. Il consistait notamment à utiliser les aérodromes algériens du Sahara afin d'y faire poser d'urgence des avions militaires pour des missions en profondeur en Afrique. L'ambassadeur des Etats-Unis à Alger a récusé cette éventualité en mars dernier. Il a précisé la démarche US dans le cadre de la démarche Pan Sahel: «Nous coopérons également avec d'autres pays de la région dans le contexte de l'initiative Pan Sahel qui vise à renforcer la capacité des gouvernements régionaux à combattre le terrorisme». En d'autres termes, les Américains préfèrent assister les armées locales en formation et en équipement que d'intervenir directement. Seulement les assurances de l'ambassadeur, contrastent avec les propos tenus, il y a quelques mois, par le général James L. Jones du corps des marines dans les colonnes du New York Times: «Nous allons devoir aller là où les terroristes sont», en citant «les vastes terres du Sahara de la Mauritanie vers l'ouest, au Soudan vers l'est». Depuis l'enlèvement de 32 touristes en 2003, par les éléments du Gspc dans le Sud algérien, depuis que le Gspc a fait allégeance à Al Qaîda et son chef Oussama Ben Laden, toute la région du Sahel a été considérée par les Américains comme zone rouge. Ils y voient un nouvel Afghanistan, un asile d'Al Qaîda, un lieu de redéploiement, de recrutement, de contrebande et de repos où se réfugient les terroristes du Gspc. Après une tournée qui l'a mené en Algérie, en Afrique du Sud, au Nigéria et au Gabon, le général Charles Wald, commandant en chef-adjoint des forces américaines en Europe (Ecom), dont l'état-major coiffe le Maghreb et le Sahel, a prévenu que des membres d'Al-Qaîda cherchent à s'établir dans les régions subsahariennes incontrôlées, notamment, «dans la partie nord de l'Afrique, au Sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan lorsque les Taliban étaient au pouvoir. Ils ont besoin d'un endroit stable pour s'équiper, s'organiser et recruter de nouveaux membres». Des déclarations qui traduisent, on ne peut mieux, l'intérêt des services américains à neutraliser ce foyer d'Al Qaîda.