Une délégation mixte militaire et civile américaine sera à Alger dès aujourd'hui pour discuter du projet d'installation d'un commandement africain des forces armées américaines, l'Africa Command ou Africom, sur le continent. Une visite placée sous le signe de la consultation de l'échange de points de vue et d'opinions. La délégation américaine mixte comprenant des représentants du département de la Défense et du département d'Etat doit s'entretenir avec les responsables algériens sur les objectifs du projet américain de création d'un centre de commandement des forces armées américaines en Afrique. Robert S. Ford, l'ambassadeur US à Alger, avait annoncé la visite d'une haute délégation à Alger pour discuter des stratégies américaines à propos de ce nouveau commandement. La délégation comprend, selon le diplomate, des militaires et des civils, ainsi que le chef de la direction d'assistance économique pour l'Afrique du département d'Etat. Ce déplacement de représentants américains en Algérie est le premier depuis les turbulences qu'ont connues les relations algéro-américaines ces derniers mois. Une zone de tension avait marqué l'axe Alger-Washington et s'était soldée par la convocation du chargé d'affaires de l'ambassade américaine suite aux attentats du 11 avril. Différents malentendus avaient exacerbé les relations bilatérales, notamment la polémique sur la création de bases américaines en Algérie et qui auraient pu servir à abriter le futur commandement africain des forces américaines. Il a fallu les mises au point répétées des plus hauts responsables algériens et américains pour infirmer les supputations. Cette délégation américaine fait suite à une première initiative menée en avril dernier par une autre délégation auprès de pays africains. Celle-ci s'est rendue dans six pays, l'Afrique du Sud, l'Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Sénégal et le Nigeria, ainsi qu'au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba pour expliciter le projet aux dirigeants africains. L'initiative US avait suscité quelques inquiétudes chez les dirigeants africains. Le projet de création d'un commandement africain avait été annoncé en février dernier par le président américain. George W. Bush a indiqué que le département de la Défense allait créer un centre de commandement pour l'Afrique en vue de coordonner l'action des Etats-Unis sur le continent. L'Africom portera sur tous les pays du continent africain à l'exception de l'Egypte, qui fait partie du centre de commandement central des Etats-Unis. Selon les diplomates US, l'Africa Command ne comprendra pas un grand nombre de soldats, mais aura pour mission de promouvoir la sécurité et la stabilité en Afrique tout en coordonnant le soutien des Etats-Unis aux dirigeants des pays africains. Outre la coopération militaire, il est attendu que ce commandement africain mette l'accent sur les missions humanitaires, sur les affaires civiles et sur l'apport d'une aide à des pays en vue d'améliorer la sécurité à leurs frontières et dans leurs eaux territoriales. Il s'agit pour les Américains d'associer l'aide économique et la collaboration sécuritaire afin d'enrayer “l'extrémisme en Afrique”, que ce soit dans la région du Sahel, en Afrique de l'Est, centrale, ou de l'Ouest. Le centre de commandement devrait être complètement opérationnel à la fin septembre 2008. D'ici là, les Américains auront fort à faire pour convaincre une Afrique rétive et pour trouver l'emplacement futur du centre. Sachant qu'Alger s'est déclaré non intéressé avant même une sollicitation officielle en ce sens. Samar Smati