Marine Le Pen et sa nièce Marion Maréchal Le Pen ont échoué à conquérir la moindre région Par le fait d'une mobilisation des électeurs et d'un report de voix entre gauche et droite, le Front national (FN) de Marine Le Pen n'a pas réussi à conquérir la moindre région. A 16 mois de la présidentielle de 2017 en France, la gauche au pouvoir et l'opposition de droite sont contraintes à une profonde introspection après un scrutin régional qui a placé l'extrême droite à un niveau record. Lors d'un premier tour le 6 décembre, le parti était arrivé en tête dans six régions sur treize. «Soulagés, mais», «Le Front national, un perdant qui pèse lourd»: la presse rivalisait hier de mises en garde à l'adresse des partis traditionnels, sauvés de justesse d'une déroute. «Hier, les Français ont pris leurs responsabilités. On attend des élus qu'ils prennent désormais les leurs», martèle le quotidien populaire Le Parisien. Si le FN a été mis en échec dimanche au second tour de l'ultime scrutin en France avant 2017, il a encore consolidé son poids avec près de 30% des votants acquis à sa cause, qui lui ont permis de décrocher 358 sièges de conseillers régionaux. Au total, quelque 6,8 millions de personnes se sont portés sur ses candidats, sur un électorat de 45 millions. Lors de la présidentielle de 2012, 6,4 millions de personnes avaient voté Marine Le Pen. La participation alors avait été supérieure de 20 points par rapport au scrutin régional de dimanche. «Le FN sera désormais la principale formation d'opposition dans la plupart des conseillers régionaux de France», a relevé sa présidente. Lors de l'élection, les trois figures emblématiques du parti ont essuyé un camouflet: Marine Le Pen, 47 ans, largement battue dans le Nord, la nièce de cette dernière, Marion Maréchal-Le Pen, 26 ans, dans le Sud-Est, tout comme Florian Philippot, 34 ans, stratège du parti, dans l'Est. «Il reste un an pour commencer à réhabiliter l'action politique», avertit le quotidien de gauche Libération, pour qui le Parti socialiste du président François Hollande «ne pourra indéfiniment sauver sa peau en agitant l'épouvantail» du parti de Marine Le Pen. «La défaite pour tous», assène le journal catholique La Croix, pour qui «si des réponses ne sont pas apportées aux inquiétudes des Français, le Front national continuera sa progression jusqu'à la prochaine échéance, celle de l'élection présidentielle». Depuis cinq ans, le parti Front national grimpe les marches du pouvoir en surfant avec un discours europhobe et anti-immigration sur le rejet des partis classiques impuissants face à la crise et au chômage de plus de 10%. «La dynamique du FN, elle est bien là» (...) «Pour l'instant, la digue a tenu mais le FN progresse continûment dans le pays et à un moment, la digue va se rompre», résume le politologue Stéphane Rozès, président de CAP (Conseil Analyse Prospective). «Ce serait une illusion de penser que les partis politiques peuvent se passer de réflexions stratégiques sur les raisons profondes de (sa) progression», ajoute-t-il. «Le danger de l'extrême droite n'est pas écarté, loin de là», a admis dimanche soir le Premier ministre socialiste Manuel Valls, assurant ne ressentir «aucun soulagement, aucun triomphalisme». Chef de l'opposition de droite, l'ex-président (2007-2012) Nicolas Sarkozy, a jugé en écho que la mobilisation qui a empêché la prise d'une région par le FN «ne doit sous aucun prétexte faire oublier les avertissements adressés à tous les responsables politiques». Les deux partis tenaient hier deux bureaux politiques au cours desquels les leçons du scrutin régional doivent commencer à être tirées. «Rien ne pourra nous arrêter», a clamé Marine Le Pen, dénonçant avec véhémence dans l'alliance gauche-droite pour lui faire échec «les dérives et les dangers d'un régime à l'agonie».