Les trafiquants opèrent généralement entre minuit et 4 heures du matin pour échapper à la vigilance des services de sécurité. Sept mille tonnes de sable ont été frauduleusement prélevées des plages oranaises durant l'année 2004, a révélé un bilan de la Gendarmerie nationale. Cette pratique répréhensible a défiguré des sites qui faisaient la fierté de la région, comme Ain El Turck ou encore Mers El Hadjadj. Le pillage de sable connaît depuis plus d'une décennie une courbe ascendante et cette hausse est favorisée, d'une part, par le laxisme des autorités locales, et de l'autre, par la prolifération des chantiers de construction. Il y a quelques années, des élus avaient été pris la main dans le sac en train de favoriser cette pratique. Ces derniers avaient profité de leur statut et des conditions sécuritaires qui prévalaient à l'époque pour devenir de véritables barons du trafic de sable. La dégradation des plages comme Mers El Hadjadj (ex-Port-aux-Poules) ou Aïn El Turck est incommensurable et ne peut s'effacer facilement. Les gendarmes, dans leur bilan, ont précisé que plusieurs camions ont été pris à des heures tardives de la nuit, chargés de sable prélevé frauduleusement des plages. Le document révèle que ces trafiquants opéraient généralement entre minuit et 4 heures du matin pour échapper à la vigilance des services de sécurité. Présentés à la justice, ils ont écopé pour la plupart de peines de prison avec sursis assorties parfois d'amendes. Ces sanctions ne sont pas, de l'avis de bon nombre de citoyens, dissuasives. Pris en flagrant délit de pillage, le camionneur n'hésite pas à revenir à la charge puisqu'il pourra disposer d'un marché toujours trop gourmand, de la crise qui frappe les matériaux de construction et du laxisme de certains élus locaux qui ne bougent pas le petit doigt pour éradiquer le phénomène. En 2003, le ministère de l'Environnement avait réussi à faire passer une loi au Parlement pour préserver les sites touristiques, mais cela n'a pas dissuadé les pilleurs qui continuent d'agir au vu et au su de tout le monde. Les pilleurs n'hésitent même plus d'ailleurs à proposer leur marchandise au marché du sable situé à l'entrée de la localité de Canastel. Il suffit d'abouler le fric pour obtenir la quantité de sable voulue, du sable pillé des plages oranaises aujourd'hui de plus en plus décharnées.