Le joueur le plus titré du pays veut aider son club à dominer le football algérien. Il est certainement le plus âgé encore en activité en Division 1. Il est surtout le plus titré de nos joueurs. Celui qui est un exemple pour tous en matière de sérieux. L'Expression: Récemment, on a indiqué que vous aviez remporté 16 titres durant votre carrière, mais vous avez tenu à rectifier pour dire qu'il s'agissait plutôt de 17 titres. Où se situait l'erreur? Mahieddine Meftah : Il s'agissait d'une coupe d'Algérie militaire que j'avais remportée avec la 1re Région militaire lorsque j'étais au Service national. Je ne vois pas pourquoi on ne l'a pas mentionné. Peut-être parce qu'il ne s'agissait pas d'un titre officiel? Mais si, il était officiel. Je vous concède que ce n'était pas la FAF qui l'organisait, mais les artistes, eux, étaient bien ceux de la FAF. En outre, il y avait sur le terrain une flopée de joueurs internationaux. En tout cas pour moi, c'est un titre qui compte. De ces 17 titres, quel est celui qui vous a le plus marqué? Incontestablement la CAN 90 remportée avec l'équipe nationale. J'étais jeune, je n'avais pas 22 ans et j'étais déjà champion d'Afrique avec l'équipe de mon pays. Qui plus est, j'avais pour coéquipiers des joueurs de la trempe de Madjer et de Menad qui étaient pour moi des idoles. A 36 ans, vous êtes toujours là parmi les meilleurs. Quel est le secret de votre longévité sportive? Ce n'est pas un secret made in Meftah. Ceux qui ont duré dans le sport sont déjà passés par là. Il y a certaines conditions à remplir dont la plus importante, à mon avis, est de faire preuve de sérieux. Lorsque je parle de sérieux, j'entends être ponctuel aux entraînements, les faire sans tricherie. J'entends aussi avoir une vie en dehors du terrain exemplaire, une hygiène de vie sans fioriture. En somme, il y a des sacrifices à faire si l'on veut réussir dans ce métier. Celui qui ne daigne pas s'y soumettre, verra sa carrière s'écourter. Vous veniez de la JSK pour atterrir à l'USMA. Beaucoup pensaient vous voir fléchir et disparaître très rapidement de la scène sportive. Parce que ces gens ne me connaissaient pas assez. Ils pensaient que Meftah, en arrivant dans une ville comme Alger allait tomber dans la facilité et se perdre dans les choses contraires au sport. Mais je savais où je mettais les pieds. C'est pourquoi, je n'avais qu'un seul but, celui de me mettre au service de mon club et du sport que je pratiquais. Grâce à Dieu, je peux dire aujourd'hui que j'ai eu la carrière dont je rêvais. Venons-en à l'USMA. Comment expliquez-vous ces sept points d'avance qu'elle possède sur la JSK? A la solidarité de notre groupe. Une fois notre élimination en Coupe d'Afrique consommée, on a cru que nous allions baisser pied. Or, ce fut le moment où nous avons su nous serrer les coudes, pour éviter toute dérive qui aurait pu nous coûter cher. On pensait, pourtant, que vous étiez dans le rouge, compte tenu du fait que depuis trois saisons, nous n'avez presque pas pris de vacances. C'est absolument vrai, mais c'est dans la douleur parfois qu'on trouve l'énergie nécessaire pour se transcender. En outre, notre expérience nous permet de gérer nos rencontres pour nous dépenser que lorsqu'il le faut. Peut-on dire qu'avec ses sept points d'avance, l'USMA a déjà une partie du titre de champion d'Algérie? Non. Nous en sommes loin même. Il nous reste 16 matches à disputer, c'est-à-dire que 48 points sont encore en jeu. Celui qui pense que le titre est joué en partie, ne connaît rien au football. Ce sport a connu de tels renversement de situation qu'il faut éviter de faire la fête avant d'être sûr de son affaire. Alors, s'il vous plaît, ne nous précipitons pas. Voulez-vous dire par là que vous doutez des capacités de l'USMA à maintenir le cap ? Ce n'est pas cela. Je sais que mon équipe dispose d'un groupe solide capable d'aller très loin. Mais nul ne sait comment les choses évolueront. Il suffit d'un simple grain de sable dans la mécanique pour que tout soit déréglé. Dernièrement, vous n'avez pas été aligné face au CRB puis contre le MCO. Comment vivez-vous cette mise à l'écart? Je ne vais tout de même pas vous dire que je jubile. Il se trouve qu'à chaque fois que je fais un bon match, je ne suis pas titularisé au suivant. Bon, c'est le choix de l'entraîneur. Il a peut-être ses propres idées. En avez-vous parlé avec lui? Non, et je ne le ferai pas parce que ce n'est pas dans mes habitudes. Il ne veut pas me faire jouer. Un point c'est tout. Je ne vais tout de même pas le supplier. Peut-être juge-t-il que vous êtes sur le déclin... Il a le droit de le penser, mais moi je sais que je suis toujours là. Contre Blida et contre Sétif, je sais que Meftah a fait son boulot convenablement. Vous savez, j'ai 36 ans. Tant que j'ai la volonté de continuer, je serai là. A mon âge, on n'est pas encore fini. Les exemples existent de par le monde de joueurs trentenaires qui réussissent au plus haut niveau. Jusqu'à remporter un autre titre? Pourquoi pas? En tout cas, pour ma part, je ferai tout pour aider l'USMA à en remporter un autre cette saison.