Des tractations, alliances contre nature et achat de voix font rage Le parti de Saâdani veut retrouver sa suprématie au Sénat, tandis que la formation d'Ouyahia veut sauvegarder sa majorité. Une guerre larvée couve entre le FLN et le RND, deux appareils de l'Etat qui divergent sur presque tout et entrent désormais en ère de désunion permanente. Cette unique échéance du calendrier électoral de l'année en cours, mobilise les états-majors de ces deux partis et d'autres dans une conjoncture marquée par une crise multidimensionnelle. Cette guéguerre s'exacerbera à coup sûr, lors des sénatoriales partielles, dont la campagne entame sa dernière ligne droite. Des tractations, alliances contre nature et achat de voix font rage. Ces joutes, qui se tiendront au cours de la semaine prochaine, soit le 29 du mois en cours, seront caractérisées, notamment par le duel classique FLN-RND. Le parti de Amar Saâdani veut retrouver sa suprématie au niveau de la chambre haute du Parlement tandis que la formation d'Ahmed Ouyahia veut sauvegarder sa majorité. Le moins que l'on puisse dire, les 72 sièges à pourvoir lors de cette échéance, dont 48 élus par le collège des grands électeurs et 24 désignés par le président de la République, sont très convoités. Rafler la mise lors du renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation et présider le Sénat constituent les enjeux majeurs pour le FLN à cette l'occasion. Des rencontres avec les élus locaux seront organisées par le parti dans le cadre de la campagne. Mais c'est sans compter sur la volonté affichée par les adversaires de Saâdani de prendre part à cette élection. Pas moins de 13 élus FLN dissidents se sont présentés aux sénatoriales en tant que candidats libres. Ces derniers ont décidé de défier le parti. Ils peuvent compromettre sérieusement les chances des candidats du parti dans certaines wilayas. Le secrétaire général du parti majoritaire au Parlement, qui a réuni récemment les heureux et malheureux candidats aux primaires de son parti, a tenté d'atténuer le mécontentement qui s'est emparé de ceux qui n'ont pas passé le cap des primaires, en les remerciant de leur contribution. Les superviseurs du FLN, un parti qui a enregistré une inflation de candidatures, ont noté dans leurs comptes rendus soumis au SG, «l'insatisfaction de nombreux candidats non-élus aux primaires». Le parti a, pour rappel, organisé des primaires dans les 48 wilayas au terme desquelles, «la liste des 48 candidats a été arrêtée et transmise aux instances concernées». Cependant, l'objectif tracé par le FLN ne sera pas atteint aisément. Dans sa récente instruction, Amar Saâdani souligne que certains élus qui se sont présentés aux sénatoriales en dehors du cadre légal ne représentent pas le parti et qu'ils seront «bannis et fichés sur une liste noire et exclus du parti car la direction du parti a décidé de sévir avec fermeté, contrairement aux fois précédentes». En tout état de cause, Saâdani, qui développe un discours de la «majorité partisane», en feignant d'ignorer que ce principe n'est pas consacré dans l'actuelle Constitution, vise aussi le siège de la présidence de la chambre haute, un poste concédé au RND depuis bonne lurette. Quant au RND, qui a achevé ses primaires depuis bien longtemps, il a donné latitude à ses coordinateurs de wilayas de concocter des alliances, mener campagne et ficeler leur stratégie à leur guise. Ce parti, qui dispose actuellement de 45 sièges au Conseil de la nation, tentera de remplacer ses 19 sénateurs, en fin de mandat, pour garder sa majorité. Par ailleurs, il faut dire que la méfiance entre les deux béquilles du régime n'a jamais été aussi prononcée et solennelle qu'actuellement. Comme «troisième force politique», le MPA à la tête de 92 municipalités et fort de près de 1600 élus locaux, présentera des candidatures à travers une dizaine de wilayas. La nouveauté dans ces joutes est la participation des formations politiques habituées généralement à boycotter ce type d'élections, à l'image du RCD qui sera présent au niveau de six wilayas. Hormis le PT qui s'inscrit contre le bicaméralisme parlementaire, le TAJ qui n'est pas concerné, le MSP qui boycotte, le RCD, le FFS, le MPA et le FNA prendront part à cette compétition. Les subventions de l'Etat octroyées au prorata du nombre d'élus dans les assemblées, motivent la participation de certains partis, d'autant plus qu'une instruction a été donnée récemment par le ministre de l'Intérieur pour l'application de l'article 58 relatif au volet financier de la loi organique sur les partis politiques.