Les islamistes et plus particulièrement les salafistes auront sans doute du grain à moudre à l'occasion de la célébration des fêtes de fin d'année. Leurs fetwas ont déjà fleuri. Fidèles aux germes de la haine qu'ils sèment à tout vent, les spécialistes des fatwas de la division d'un peuple uni par ses différences, ne cessent de mettre en oeuvre leur plan diabolique pour installer la fitna parmi les Algériens. A la veille de la célébration de la fête du Mawlid Ennabaoui les fetwas ont fleuri. Et à l'approche du Nouvel An elle se multiplient. Depuis plus d'une semaine certains quartiers de la capitale sont pris d'assaut par des groupes de salafistes qui s'en donnent à coeur joie en procédant à l'affichage de tracts appelant la population à s'abstenir de fêter le réveillon qu'ils font passer pour un événement chrétien, alors que célébrer le réveillon en accueillant dans la joie le Nouvel An, n'est qu'un moment festif que l'on passe entre amis ou en famille pour se souhaiter toutes les belles choses de la vie. Mais l'amour a-t-il un sens pour ces gens-là, eux qui cultivent l'amalgame et la haine pour semer la discorde et creuser plus encore le fossé entre les uns et les autres. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a réagi à ces fetwas, sans trop entrer dans les détails et aborder les autres fetwas interdisant la célébration des fêtes de fin d'année, il s'est contenté de parler du Mawlid Ennabaoui. «L'amour du prophète Mohammed (QSSSL) ne peut être interdit par une fatwa étrangère au référent religieux algérien», a-t-il déclaré, en soulignant que l'attachement des Algériens à la célébration du Mawlid Ennabaoui provient d'un référent religieux et socioculturel enraciné en eux. Selon des témoignages recueillis au centre-ville d'Alger, les Algérois sont, la plupart d'entre eux, pour la célébration du Mawlid Ennabaoui, puisque c'est une fête religieuse et culturelle. Ils sont par contre divisés: entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre la célébration du jour de l'An. «L'Algérie n'est-elle pas à l'heure du calendrier grégorien depuis son indépendance, ce qui fait que nous soyons solidaires des autres peuples loin de tout référent ou dogme religieux», souligne Omar, Idir, retraité, en ajoutant: «Ne cherchons pas loin le motif de cette fête et ouvrons les bras à tout ce qui irradie l'amour et la paix dans le monde, tout ce qui rend la vie douce et belle, tout ce qui déstresse et rend les gens heureux et les appelle à la joie et à l'amour des autres, de quelques races qu'ils soient». De son côté, Kamel, un jeune banquier de Kouba, a complété les dires de son prédécesseur en précisant que c'est la seule signification du Nouvel An aux yeux des Algériens qui gardent leurs fenêtres ouvertes sur le monde, et pas seulement sur le fanatique wahhabisme, synonyme de haine et de rejet. «Ces tracts de la haine ne sont qu'une autre forme d'extrémisme, car la grande majorité des Algériens ne fête pas les symboles chrétiens en tant que tels, mais font leur approche sacralisant l'amour, le partage et la fraternité dans le monde». Chacun selon ses moyens, les familles modestes fêtent le jour de l'An autour d'un dîner spécial dont la bûche et les chocolats garniront la table, soulignent la plupart des passants. Pour eux, ce jour est une occasion pour se réunir en famille, dans la convivialité et échanger des voeux de joie et de santé. Par ailleurs, nombreux sont les jeunes qui optent pour les agences de voyages qui leur proposent plusieurs formules de séjour à l'étranger ou une escapade au Sud. En outre, beaucoup d'Algériens rejettent la flambée des prix à la veille du jour de l'An. Ils ont tous le même discours. «Comme à l'approche de chaque fête, religieuse ou pas, les prix flambent, ils ne sont pas abordables pour toutes les familles», regrette une dame rencontrée, à Alger-Centre, ajoutant que la plupart des pères de famille ne sont pas en mesure d'offrir à leur famille un dîner digne de ce nom. Il semble que les Algériens en général, grands et petits, veulent faire la fête juste pour fuir la routine du quotidien.