Sa reconduction, hier, à la tête du mouvement de libération du Sahara occidental intervient dans la foulée de retentissantes victoires diplomatiques et de l'annonce par le géant pétrolier français Total de mettre un terme à ses forages au large des territoires occupés. Bête noire du pouvoir marocain, Mohamed Abdelaziz a été réélu, hier, à une majorité écrasante à la tête du Front Polisario lors de la tenue d'un exceptionnel 14e congrès qui a duré huit jours (du 16 au 23 décembre). Sa reconduction à la tête du mouvement de libération du Sahara occidental intervient dans la foulée de retentissantes victoires diplomatiques et de l'annonce par le géant pétrolier français Total de mettre un terme à ses forages au large des territoires occupés. «Le géant pétrolier français Total va cesser de chercher du pétrole au large du Sahara occidental, un territoire contrôlé par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes du Polisario», a confié à des médias français une source proche du dossier. «Total a fait savoir aux autorités marocaines qu'il ne demanderait pas de nouvelle prolongation de son autorisation de reconnaissance sur le bloc d'Anzarane», a ajouté sous le sceau de l'anonymat cet informateur. Une annonce qualifiée de «nouveau succès diplomatique» par le ministre sahraoui délégué pour l'Union européenne. «Au terme des informations que nous avons reçues, il se confirme qu'un certain nombre de multinationales, entraînées par le Maroc dans des opérations de pillage et de brigandage des richesses naturelles sahraouies, commencent à reconsidérer leurs politiques s'agissant du Sahara occidental occupé» a déclaré Mohamed Sidati. «C'est un acquis et une victoire du peuple sahraoui dans son combat pour la liberté et les droits légitimes», s'est-il réjoui. Un nouveau succès qui vient s'ajouter à l'annulation par la Cour de justice de l'Union européenne (Cjue), le 10 décembre, de l'accord agricole, signé en 2012 entre le Maroc et l'Union européenne. «Cette décision fera jurisprudence. Désormais, l'UE doit s'adresser au seul représentant du peuple sahraoui pour prétendre vouloir traiter de la question des richesses du Sahara occidental», avait souligné le ministre sahraoui délégué pour l'Union européenne qui a tenu à préciser que «le Maroc ne dispose ni de souveraineté ni d'aucun droit sur les richesses naturelles du Sahara occidental». Pour ne rien gâcher l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental sérieusement chahuté par le gouvernement marocain, qui est resté contre vents et marées droit dans ses bottes, a annoncé la visite prochaine du secrétaire général de l'ONU dans la région. «Il (Ban Ki-moon, ndlr) m'a demandé d'intensifier mes efforts. Et pour ajouter son propre appui au processus (de paix au Sahara occidental, ndlr), il prévoit de visiter la région dès janvier», avait indiqué le diplomate Christopher Ross, lors du briefing qu'il a tenu, le 8 décembre dernier, devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Une cerise sur le gâteau qui privilégie la voix pacifique, celle des négociations, pour mettre un terme à plus de quarante années de colonisation marocaine forcenée. En vieux baroudeur qui n'a rien perdu de sa détermination et de son énergie pour faire triompher la cause de son peuple, le nouveau secrétaire général qui s'est succédé à lui-même a appelé la future direction à «renforcer les capacités de l'armée» ainsi qu'à promouvoir le rôle de la jeunesse qui représente 70% de ses effectifs. «Le retour à la guerre reste une des options du Front Polisario, et le peuple sahraoui peut y recourir si la situation l'exigeait», avait affirmé, le 18 décembre à Dakhla, Mohammed Abdelaziz dans un discours lu en son nom par le Premier ministre Abdelkader Taleb Omar. Mohammed VI est averti... Parcours d'un baroudeur La réélection de Mohamed Abdelaziz, hier, à une écrasante majorité, à la tête du Front Polisario témoigne de la détermination du peuple sahraoui à poursuivre son combat pour la décolonisation du Sahara occidental et son droit à l'autodétermination. Agé de 68 ans, il est membre fondateur du Front Polisario depuis son congrès constitutif, tenu à Zouerate en Mauritanie le 10 mai 1973. A la suite de la mort d'El-Ouali Mustapha Sayed, (ancien dirigeant du Front Polisario), il a été élu secrétaire général du Front Polisario et président du Conseil de commandement de la révolution en août 1976. Elu pour la première fois président de la RASD en octobre 1982, il a été reconduit dans ses fonctions en 1985, 1989, 1991, 1999, 2003 et 2007..