Western Sahara Resource Watch (WSRW) n'en revient pas: après avoir été épinglé dans le passé pour des prospections pétrolières dans les territoires sahraouis, le groupe français Total serait de nouveau engagé dans des activités au mépris du droit international. Un accord de prospection aurait été conclu avec le Maroc et couvrirait le bloc d'Anzarane offshore, de plus de 100.000 km2. Pour WSRW, il est «clair que la compagnie française Total a signé pour l'ensemble du lot, par le biais d'un contrat monstre de prospection pétrolière». L'organisation note que sur le site de l'Office marocain des hydrocarbures, le «nom du bloc et la participation de Total sur celui-ci apparaissent également dans un fichier publié par Longreach Oil and Gas, le 19 mars 2012». Western Sahara Resource Watch, qui cite une source non identifiée, estime les «parts de Total dans Anzarane à 75%». «Le retour de Total au Sahara Occidental occupé est une triste nouvelle pour le peuple sahraoui. En faisant cela, Total compromet directement les efforts de paix de l'ONU et sabote le droit international. Nous lançons un appel à la société pour reconsidérer immédiatement son implication», a déclaré Erik Hagen, président de Western Sahara Resource Watch. L'organisation entend demander à Total des explications sur les informations publiées sur le site de la compagnie pétrolière marocaine. Si cet engagement de Total au Sahara Occidental se confirme, ce serait une récidive grave. Le service juridique des Nations unies saisi par le Conseil de sécurité après la conclusion, en octobre 2001, de contrats de prospection entre l'Office national de recherches et d'exploitations pétrolières (Onarep) avec des compagnies étrangères, TGS-Nopec (Norvège), Fugro (Pays-Bas), TotalFinaElf (France) et Kerr McGee (Etats-Unis) s'est en effet clairement prononcé sur la question. LE SERVICE JURIDIQUE DES NATIONS UNIES: «C'EST ILLEGAL !» Après une longue étude, le conseiller juridique, secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, Hans Corell, a abouti à la conclusion sans équivoque que «si des activités de prospection et d'exploitation devaient être entreprises au mépris des intérêts et de la volonté du peuple du Sahara Occidental, elles contreviendraient aux principes de droit international applicables aux activités touchant aux ressources minérales des territoires non autonomes». «C'est actuellement ce qui se passe», affirme l'organisation Western Sahara Resource Watch dont le travail, documenté, devrait contraindre le groupe Total à donner une explication. La question de l'exploitation des ressources des territoires sahraouis revient régulièrement sur le tapis. En décembre dernier, les eurodéputés ont bloqué un accord de pêche avec le Maroc car il ne prenait pas clairement en compte les intérêts de la population sahraouie. Ils avaient souligné que l'une des conditions essentielles de l'accord signé en 2006, à savoir l'existence d'un «bénéfice certain» pour le peuple sahraoui n'a pas été respecté. En novembre dernier, le Polisario s'est ému dans une lettre au Conseil de sécurité des projets de l'Union européenne de conclure de nouveaux accords de pêche touchant le Sahara Occidental. L'affaire Total au Sahara Occidental ne peut que susciter l'inquiétude des Sahraouis. Pour rappel, Total a un projet de complexe de vapocraquage en suspens en Algérie.