à Bouira, on prend au sérieux ces élections Les élus locaux doivent élire aujourd'hui leurs représentants au Conseil de la nation. En effet, dans le cadre du renouvellement de la moitié des sénateurs, des centaines de candidats, recrutés parmi leurs pairs, concourent pour une «place au soleil». C'est le cas de le dire, à voir la composante et la mission de cette chambre haute de la nation. Outre les privilèges dus à la fonction, en matière de salaires, de statut et d'immunité parlementaire, les membres du Conseil de la nation passent au rang de «sages» de la nation. Ce sont nos fameux sénateurs, dont on doute souvent de leur opportunité dans l'édifice institutionnel national. Leur mission est de voter des lois en seconde lecture et rapporter aux ministres, sous forme de questions orales, les préoccupations des citoyens. Cette position «gratifiante» est appelée à servir en cas de «séisme politique» à l'Assemblée populaire nationale ou au niveau des assemblées locales et de wilaya. En effet, le Conseil de la nation a la possibilité de bloquer des lois et obéît nécessairement aux injonctions du président de la République qui en contrôle le tiers de la composante, désignée par ses soins. On appelle cela le tiers bloquant. C'est d'ailleurs cette mission de blocage qui est à l'origine de la création de cette institution de la République, née avec la révision constitutionnelle de 1996 et dont le président se trouve être le second personnage de l'Etat. Le Conseil de la nation n'a pas encore véritablement servi, mais il constitue néanmoins la preuve que le modèle démocratique algérien fonctionne quoi qu'on dise. En effet, le suffrage indirect qui s'apparente à un exercice de la démocratie au sein des institutions de la République est marqué par un taux de participation record. Les mauvaises langues disent que cet engouement est sonnant et trébuchant. Faut-il croire les détracteurs du Conseil de la nation ou nos élus qui tous jurent de n'avoir jamais touché un centime en contrepartie de leur vote? Bouira Chacun aiguise ses armes «Quand la parole est d'argent, le silence est parfois d'or.» L'affirmation est celle du porte-parole membre du secrétariat national du RND, Seddik Chihab, lors de son passage à Bouira. Le déplacement s'inscrit dans la dernière ligne droite avant l'élection du sénateur en prévision du renouvellement du tiers des membres de la chambre haute, prévu le 29 du mois. Le message semble s'adresser à ceux qui reprochent le silence à Ahmed Ouyahia, le secrétaire national, comparativement à son homologue du FLN qui multiple les déclarations en cette phase de grand emballement de la scène politique nationale. Le porte-parole du RND expliquera longuement les positions du rassemblement en lançant à chaque fois une fléchette en direction de toute la classe politique. «Le RND est né quand les autres ont déserté le camp nationaliste pour Sant'Egidio en 1995. Le RND a présenté des listes aux communales quand d'autres ont préféré se terrer. En 2002, ils se sont associés contre nous pour nous faire perdre et on est passé de 157 députés à 42. Nous avons fait des concessions pour préserver les institutions...», affirmera l'hôte de Bouira en guise de réponse aux multiples détracteurs que sont les formations de l'opposition, mais aussi à celles de l'ex-alliance présidentielle. «Le discours actuel ne reflète pas la vision du président qui a toujours privilégié le calme et le bon sens.» L'allusion aux propos du secrétaire général du FLN est claire, lui qui ne rate aucune occasion pour impliquer la Présidence dans ses positions et sa guerre contre l'opposition, l'ancien chef des services de sécurité...Dans le deuxième volet de son intervention, Seddik Chihab parlera de la situation actuelle du pays laquelle se caractérise par de grosses difficultés qu'il faut surmonter dans le calme et la sérénité au lieu de faire de la crise un fonds de commerce en titillant les sentiments du citoyen. «L'Algérie a perdu 65% de ses entrées en devises du baril suite à la baisse du prix de pétrole. Il faut dès maintenant penser à autre chose parce que la crise durera au moins de «bonnes années», affirmera le porte-parole du RND. Le représentant du secrétaire national du RND reviendra sur le projet de révision de la Constitution en affirmant privilégier le contenu au temps. «Le président de la République a favorisé les consultations. Personne n'a été marginalisé, les absents ont tort; ceux qui refusent d'adhérer sont ceux qui investissent dans la misère du peuple. La révision prendra le temps nécessaire eu égard à son importance surtout qu'elle se veut consensuelle», dira entre autres Seddik Chihab. Il reviendra ensuite sur l'objet de ce rassemblement organisé dans la salle de conférences de l'Odej M'hamed-Issiakhem en appelant les 197 élus du parti à se mobiliser, à être vigilants contre ceux qui veulent un printemps arabe. «Les printemps arabes ont sécurisé l'Etat sioniste d'Israël pour longtemps» conclura le porte-parole, membre du secrétariat national du RND. Rappelons enfin que la course au siège de Bouira opposera cinq candidats, Ziane du FLN, Abdat du RND, Slimani du MPA, Mougari du FFS et Aklouche du RCD. Les faveurs du pronostic vont au représentant de l'ex-parti unique qui compte 278 élus devant le RND avec 197 élus. Comme les élections se caractérisent par des alliances et un travail de coulisse, personne ne peut présager du résultat le 29 décembre au soir.