Contrairement aux pronostics, le parti, dirigé par Ahmed Ouyahia, n'a pas vraiment perdu le vote des grands électeurs face au FLN, puisqu'il se maintient au Sénat avec 30 sièges contre 38 dans l'escarcelle du Front. S'il a perdu sa large majorité sur la composante du Conseil de la nation, qu'il a acquise dès la première installation de la deuxième Chambre parlementaire en janvier 1998 et qu'il a réussi à garder lors des deux précédents renouvellements partiels en décembre 2000 et fin 2003, le RND est parvenu, à l'issue du vote des grands électeurs organisé jeudi dernier, à ne pas se faire trop distancer par son rival le FLN. Ce parti, dirigé par le Chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem, était destiné, par un simple calcul arithmétique, à prendre un franc avantage lors de ces élections partielles, grâce à la majorité des sièges aux assemblées communales et de wilaya, qu'il a obtenus lors des élections municipales d'octobre 2002. Il aura réussi effectivement à faire accéder 28 candidats au rang de sénateurs. Ce qui ramènera le nombre de sièges que le FLN occupera au Conseil de la nation à 38 (il a gardé 10 sénateurs qui sont à mi-mandat). Son partenaire de l'alliance présidentielle, le RND en l'occurrence, est venu en deuxième position, en remportant la bataille sénatoriale dans douze wilayas (Chlef, Tébessa, Tiaret, Djelfa, Guelma, M'sila, Mascara, El-Bayadh, Bordj Bou-Arréridj, Boumerdès, Mila et Naâma), alors qu'il ne s'était assuré la victoire que dans 6 ou 7 circonscriptions. Selon Seddik Chihab, vice-président du Conseil de la nation (en fin de mandat, et membre de la direction du RND), plusieurs sièges ont été perdus à une ou deux voix d'écart au profit du FLN. Il nous a cité le cas très particulier de Bouira. “Nos élus se sont bien battus. Dans plusieurs wilayas, nous avons raté la victoire à une, deux ou trois voix près”. Dans aucune circonscription, le RND n'a contracté des alliances avec le FLN. Démarche logique, au demeurant, puisque le Front se présentait comme son principal concurrent. Il s'est, par contre, selon la situation qui prévalait au niveau local, allié au MSP et à ceux du mouvement El-Islah (parti dirigé par Abdallah Djaballah). En fin de compte, le RND a récupéré, en vertu des résultats provisoires des sénatoriales, le tiers des sièges (exactement 35) qu'il a libéré à la faveur du renouvellement partiel. Il devra attendre la proclamation officielle et définitive des résultats par le Conseil constitutionnel, prévue pour ce 1er janvier, pour confirmer son score. S'il n'en est pas convaincu, il aura, à l'instar des autres partis politiques, un délai de 24 heures pour introduire des recours auprès de l'institution présidée par Boualem Bessaïeh. Il parait peu évident, néanmoins, que le Rassemblement récuse le résultats des urnes. À ce titre, le parti d'Ahmed Ouyahia siégera, pendant les trois prochaines années, au Conseil de la nation avec 30 sénateurs, en comptabilisant les 18 élus qui n'ont accompli, jusqu'alors, que la moitié de leur mandat. À huit membres près, le FLN ne prend que très légèrement avantage sur son alter ego. Il devra, en l'occurrence, partager le contrôle de la Chambre haute avec son principal partenaire de l'alliance présidentielle et aussi les personnalités désignées par le président de la République au tiers bloquant (24 seront nommés avant l'installation de la nouvelle composante du Sénat qui interviendra dans les dix jours qui suivent la proclamation officielle des résultats du vote des grands électeurs par le Conseil constitutionnel). À ce titre, le président de la République favorisera fatalement un des deux partis en ballottage, en confiant la présidence du Sénat soit à un cadre du FLN, soit, au contraire, à une personnalité appartenant au RND. Souhila H. Lire tout le dossier en cliquant ici