Contre toute attente, le RND a remporté 17 sièges au Conseil de la nation. Il est talonné par le FLN (11) et les “redresseurs” (10). Le vote du collège des grands électeurs a consacré, contre toute attente, la victoire du RND avec dix-sept nouveaux sénateurs (Adrar, Oum El-Bouaghi, Biskra, Tlemcen, Mostaganem, Ouargla, Bouira, Khenchela, Mascara, Guelma, M'sila et Alger), qui iront grossir le groupe de trente-cinq collègues qui n'ont rempli que la moitié de leurs mandats. Pour remporter le siège en lice à Alger, au profit du vice-président de l'APW, Mohamed Khodja, il a fallu au coordinateur local au niveau de la capitale, Seddik Chihab, négocier âprement les voix des élus du mouvement El-Islah, du MSP et évidemment des “redresseurs.” Aux militants du FLN, qui lui reprochaient de s'être allié avec le diable, le sénateur a rétorqué : “Alger vaut bien la messe”, en ce sens que la capitale est carrément un trophée dont rêvent toutes les formations politiques. À vrai dire, il a fallu au RND une fine stratégie pour réussir un si bon score, à l'échelle nationale, après sa débâcle aux élections législatives et locales de l'année dernière. Le mouvement de “redressement” a aussi gagné de précieux jalons à l'issue des élections sénatoriales. En parvenant à arracher dix sièges (El-Tarf, Djelfa, Tiaret, Saïda, Tindouf, Naâma, Aïn Defla, Blida, Tébessa et Sidi Bel Abbès), les détracteurs d'Ali Benflis peuvent se vanter d'avoir rallié à leur camp un nombre important d'élus locaux du FLN. De toute vraisemblance, l'alliance RND-“redresseurs” a atteint l'objectif de barrer la route menant au Conseil de la nation, aux partisans de l'ex-Chef de gouvernement. Le FLN, tendance Benflis, n'a gagné que onze sièges (Constantine, Tissemsilt, Souk-Ahras, Mila, Illizi, Boumerdès, Oran, Jijel, Médéa…) alors qu'il aurait pu rafler la mise s'il n'était pas empêtré dans ses tourments avec les “redresseurs”. La surprise est venue surtout du MSP qui s'est assuré quatre sièges au Sénat (Béchar, El-Oued, Laghouat et Relizane). Pourtant, il était mal classé aux dernières élections locales, très loin derrière le mouvement El-Islah. Ce dernier, qui ambitionnait de faire une entrée fracassante à la deuxième Chambre du Parlement, n'y siégera finalement qu'avec deux sénateurs (Annaba et Skikda). Un résultat inexpliqué audemeurant, car le mouvement El-Islah se place second après le FLN, en matière du nombre d'élus locaux. En définitive, les sénatoriales ont confirmé la suprématie du RND au Conseil de la nation avec cinquante-deux sénateurs. L'ins-titution restera donc sous le contrôle du chef de l'Etat et de ses principaux alliés, le Rassemblement et le mouvement de “redressement”. Le FLN est relégué à une position sans aucune incidence sur le fonctionnement de la Chambre haute, puisque son groupe, qui n'atteint pas le seuil des 36 membres, n'a pas le pouvoir de bloquer une loi. Le mouvement El-Islah restera, toutefois, le grand perdant du vote des grands électeurs. S. H.