Tout en soutenant les réformes, le parti d'Ouyahia se place d'ores et déjà dans la perspective des prochaines échéances électorales. Chihab Seddik, membre du bureau national (BN) du Rassemblement national démocratique (RND) et vice-président de l'Assemblée populaire nationale (APN), a animé, hier, une conférence de presse au sein de cette institution. À l'ordre du jour de cette rencontre, les positions du Rassemblement sur les réformes politiques engagées par le président de la République ainsi que les avant-projets de loi examinés actuellement au Parlement. “Beaucoup ne comprennent pas la position du RND, la considèrent comme étant ambiguë et n'arrivent pas à déchiffrer le fait que nous soyons à la fois modernistes et nationalistes, mais le fait est que nous travaillons par objectif. Le RND a été créé à un moment où l'Etat avait besoin d'un parti qui le soutienne. Notre secrétaire général a été qualifié d'homme de sales besognes, compte tenu de sa rigueur, mais le fait est qu'on est venu sur la scène politique pour sauvegarder l'Etat et remettre ses institutions en marche”, note-t-il en guise de déclaration liminaire à la rencontre avant d'évoquer les réformes actuellement en débat au Parlement. “Certains ont estimé que les réformes avaient été vidées de leur sens, ce n'est pas vrai dans la substance, rien n'a changé, les modifications apportées aux lois n'altèrent pas les objectifs fixés”, a-t-il soutenu. Faisant état des amendements apportés par le FLN, le MSP et le PT aux projets de loi, à l'image de celui sur les partis, Chihab a estimé que “ces amendements ne relèvent pas d'une volonté d'améliorer les projets mais plutôt de défendre les positions idéologiques des partis”. Questionné à propos du quota des femmes revu à la baisse sur proposition du FLN, Chihab précisera que son parti “a défendu bec et ongles le principe du quota de 30%”. Quid du FLN ? “Le FLN a voulu peser de son poids compte tenu de sa position majoritaire, et en son sein, il y avait beaucoup d'hommes qui se voyaient menacés par les femmes”, a-t-il estimé, avant de révéler : “Nous avons été contraints de donner la priorité aux objectifs des réformes et ne pas en rajouter au désordre au Parlement.” “On a donc adopté les 20% pour les femmes, estimant que ce taux s'améliorera lors des prochaines législatures”, précise-t-il. Interrogé sur la position du SG du RND sur le quota des femmes, Chihab a noté qu'“Ouyahia a défendu le quota des 30% jusqu'à la dernière minute, estimant que ceux qui remettaient en cause ce taux devaient le faire en Conseil des ministres et que chacun est placé face à ses responsabilités”. Questionné à propos de sa réaction aux déclarations du secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, revendiquant un 4e mandat pour le président Bouteflika, Chihab estimera que “ce sont des déclarations destinées à ses troupes internes et sont en réaction aux difficultés que vit le FLN”. “Parler du 4e mandat pour le président de la République, c'est prématuré”, estime Chihab qui précisera qu'au RND, il est question de deux objectifs majeurs : “Réussir les réformes et s'assurer une crédibilité et une transparence des prochaines élections législatives pour montrer aux Algériens la possibilité de l'alternance par les urnes.” Toujours en réaction aux déclarations de Belkhadem, Chihab estimera que “pour pouvoir prétendre gouverner, il faut avoir la culture de l'Etat qui elle-même impose la réserve, la retenue et un réalisme”, avant de lancer : “Si les hommes politiques se mettaient à parler comme dans les cafés, je ne pense pas qu'ils pourraient prétendre gouverner le pays.” Sollicité aussi à propos de la position du RND par rapport au MSP qui bascule dans l'opposition et aux déclarations de Abou Djerra Soltani qui a dit à Doha que 2012 est une année de compétition et non d'alliance, Chihab a noté que “Doha est devenue la plaque tournante de tous les troublions du monde arabe”. Interrogé sur le risque d'un raz-de-marée islamiste lors des prochaines législatives, le responsable du RND rejette cette hypothèse. “Nous n'avons pas peur d'un raz-de-marée islamiste”, note-t-il, avant d'arguer qu'il est question de trois catégories d'islamistes en Algérie. “Il y a une première catégorie d'islamistes qui se sont compromis dans la gestion du pouvoir, il y a une deuxième catégorie compromise dans le terrorisme et une troisième catégorie d'islamistes qui sont dans les affaires. Cette dernière catégorie est une caste qui a découvert les plaisirs de l'argent.” Chihab, qui fera observer que “les Algériens ne veulent pas de ces islamistes”, estimera que “les islamistes ne nous font pas peur, mais c'est l'absence de culture d'Etat chez certains qui pose problème”. NADIA MELLAL