Le gouvernement ne cache plus sa volonté de faire des SG «la cheville ouvrière du fonctionnement de l'APC». L'administration va-t-elle se substituer aux APC ? Quel pouvoir pour les élus locaux ? Enfin quelles prérogatives pour les secrétaires généraux des communes? Jeudi, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Nourreddine Yazid Zerhouni a apporté quelques éléments de réponse à ces problématiques qui se posent avec acuité, ces trois dernières années. Le ministre a donné le ton en rappelant que dans le texte relatif à la réforme du code communal, «nous insistons de manière particulière sur le rôle du secrétaire général de l'APC». Celui-ci ne cache plus la volonté des représentants de l'exécutif de faire des SG «la cheville ouvrière du fonctionnement de l'APC». «Le S.G va être de plus en plus l'élément de la pérennité du service public au niveau de l'APC mais également la référence de la légalité et du respect des règles de la gestion saine des collectivités», a-t-il déclaré lors de la cérémonie de remise de diplômes à une douzaine de secrétaires généraux de commune faisant partie de la première promotion d'une formation spécialisée dans la gestion locale à l'Institut supérieur de gestion et de planification (Isgp). L'on comprend bien qu'on est très loin des missions très restreintes attribuées au SG et qui consistaient à veiller au bon fonctionnement des services ou encore à gérer les affaires techniques et administratives des APC. Dorénavant, ces derniers sont appelés à s'impliquer davantage dans la gestion des communes en contribuant au renforcement de la confiance entre le citoyen et l'Etat, «cette confiance qui, ajoute le ministre, est encore fragile». Une précision qui prend les contours d'un sévère réquisitoire contre la gestion des élus, que d'aucuns qualifient de défaillante. Dans ce contexte, le ministre a incité les secrétaires généraux à une «transparence dans la gestion» et à «l'ouverture au citoyen» ainsi qu'«au sérieux dans la gestion des programmes de développement locaux», a insisté M.Zerhouni. De son côté, le ministre délégué chargé des Collectivités locales, M.Dahou Ould Kablia emboîte le pas à Zerhouni en défendant bec et ongles les représentants de l'Etat, «les SG sont une assise de freinage des actions non réglementaires et un instrument de veille pour la transparence de la gestion locale». Il continue dans sa lancée pour préciser que «le gaspillage et la déviation au niveau des APC n'est pas une vérité absolue » et que « la responsabilité des instances élues dans les dépassements n'incombe pas aux SG». L'on note que cette formation fait partie d'un large programme de perfectionnement des administrateurs qui vise «la modernisation de l'administration, la transparence et l'efficacité dans la gestion des ressources financières locales et l'ouverture sur la société». Le choix de commencer ce programme de formation par les S.G des APC a été motivé par l'importance «des tâches qui leur sont attribuées au sein des collectivités locales». Un autre programme de recyclage des chefs de daïra et des walis est mis en place par le ministère, a annoncé M.Zerhouni qui a indiqué que «dans deux à trois ans ne sera nommé à ces postes que l'administrateur civil ayant acquis les modules de formation». Parmi ces modules, le ministre citera la gestion économique locale, la gestion du marché public, le développement local, la communication ainsi que la gestion des crises. Notons que le programme de formation des SG des communes, dont la mise en oeuvre a débuté en avril 2001, entre dans le cadre de l'application des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions de l'Etat. Les partis politiques avaient à l'époque tiré la sonnette d'alarme en dénonçant ce qu'ils qualifiaient de «manoeuvres de l'Etat visant à réduire les prérogatives des élus locaux et à contrôler la gestion des APC». Les critiques acerbes contres les élus, explicitées hier par deux ministres de l'exécutif, constituent un autre coup dur pour les assemblées élues qui se sont vu écartées des opérations de distribution des logements sociaux. Une mission qui incombe dorénavant aux chefs de daïra.