L'ouverture des satellites fait visiblement peur aux Marocains qui se sentent ciblés par la centaine de chaînes d'information et la quarantaine de chaînes religieuses basées à l'étranger. C'est en tout cas ce que pense réellement le ministre marocain de la Communication Mustapha El Khalfi qui a peur de la concurrence. C'est pour cette raison qu'il envisage de présenter après le Code de la presse et de l'édition, un avant-projet de loi relatif à l'audiovisuel à la Chambre des représentants. Le texte, qui sera présenté en Conseil de gouvernement dans les semaines à venir, vise «la mise à niveau de la réglementation et son adaptation aux évolutions technologiques». Le gouvernement marocain a examiné les changements des habitudes de consommation des téléspectateurs marocains pour s'adapter à l'avenir. Lors de l'adoption de l'ancien texte de loi en 2005, Internet ne touchait que 2 millions de Marocains, alors qu'aujourd'hui, ils sont près de 11 millions d'abonnés à l'Adsl, a expliqué le ministre de la Communication. C'est sur cette transformation technologique qu'il faudra s'adapter. L'idée est donc de donner des moyens, mais également des obligations aux chaînes marocaines pour faire face à cette offensive. C'est ainsi que le concept de service public sera consacré dans le projet de loi. «Si les cahiers des charges de 2012 ont comblé ce déficit, ils restent insuffisants pour donner au service public sa véritable signification», rappelle-t-il. Le texte a également pour objectif d'assurer la conformité avec la Constitution, notamment l'article 28 qui garantit de nouveaux rôles au pôle public. Le même article charge d'ailleurs la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (Haca), dont la loi sera également présentée en Conseil de gouvernement dans les prochaines semaines, de veiller au respect du libre accès au pôle public selon la pluralité linguistique et culturelle. La nouvelle loi vise notamment à verrouiller le système audiovisuel marocain, qui est considéré sur le plan de la liberté le plus «en recul» dans le Maghreb. Le responsable de la communication dans le pays envisage néanmoins à renforcer l'unité marocaine à travers le renforcement de l'unité linguistique du pays. L'instance dirigée par Amina Lamrini sera chargée de la protection des langues arabe, darija et amazighe mais également de garantir l'ouverture sur d'autres, dont notamment le français, pour garantir une éducation audiovisuelle saine. L'orientation de la loi garantira des traductions en arabe et en amazighe dans les programmes étrangers. L'autre axe de la loi est de structurer la gestion des ressources humaines des chaînes. El Khalfi veut obliger les télévisions publiques et privées à régulariser la situation de centaines de leurs collaborateurs et de freelance. Une initiative qui risque de provoquer un tollé dans les chaînes, affirme la presse marocaine et cela à cause du manque d'aides financières publiques et surtout à cause d'une distribution déloyale de la publicité au sein des télévisions marocaines. [email protected]