Depuis sa réélection en avril dernier, c'est la première fois qu'il évoque de façon directe la presse écrite. L'occasion s'y prêtait. C'est la 24e session ordinaire de l'Union des radios des Etats arabes (Asbu) qui s'est ouverte hier, au Palais des nations en présence du président du Sénat, Abdelkader Bensalah, de plusieurs ministres et du corps diplomatique. Le président de la République a consacré de longs paragraphes, aux médias nationaux dans son message à l'Asbu. C'est la première fois depuis sa réélection en avril 2004, qu'il évoque de façon aussi directe la presse écrite. Quelle presse veut le président? Le moment ne peut être que le bienvenu surtout que l'effervescence et l'inquiétude commencent à gagner les rédactions d'une presse qui semble en mal de repères. Elle entame une nouvelle phase, après celle du militantisme et de la défense de l'esprit républicain de l'Etat, avec un pas incertain. Le président de la République a annoncé l'amorce d'une nouvelle étape dans le champ médiatique. «J'annonce en votre présence à l'opinion publique nationale, que nous sommes à l'approche d'une phase ou sera réorganisé le domaine de l'information conformément à la nouvelle étape, une organisation garantissant la liberté, les droits et les devoirs, fixant les responsabilités et ouvrant la voie au travail sérieux, objectif, libre», a-t-il écrit dans son message. Il s'est montré rassurant, conciliant: «On ne saurait imaginer une démocratie sans liberté d'expression ou une conscience sans différence d'opinions». Aussi, il a rappelé qu'à travers l'adoption du pluralisme politique, l'Algérie oeuvre à revoir «ses mécanismes selon les aspirations de son peuple sans renoncer aux acquis importants (...) la démocratie demeure l'unique moyen à même de garantir les équilibres socio-politiques requis et la souveraineté de l'Etat de droit, de justice et des libertés». Une annonce qui sonne un réaménagement de fond en comble d'un domaine complètement laissé en jachère. Même les partis politiques dont la naissance coïncide avec l'apparition de la presse libre en 1990 «ont eu droit» à un réaménagement par la promulgation de la nouvelle loi sur les partis politiques en 1997. D'autre part, l'annonce du chef de l'Etat vient couronner une série de travaux amorcés par le ministre de la Communication, Boudjemaâ Haïchour, depuis l'été dernier, avec certains directeurs de publication. Dans une série de rencontres avec le ministre de la Communication, les directeurs de publications ont fait «un diagnostic approfondi» de la situation de la presse nationale indépendante. Ils ont notamment soulevé les difficultés auxquelles fait face cette jeune presse, comme le problème de la publicité, la séparation entre les titres et les sociétés, les groupes de pression et tant d'autres problèmes qui minent la profession. La recomposition du champ médiatique revient avec insistance depuis le second mandat de Bouteflika. Des analystes y ont tout simplement vu une menace pour cette presse. D'autres par contre, annoncent une nouvelle étape. Il s'agit, disent-ils, de l'étape de la professionnalisation et d'une gestion managériale des entreprises de presse. Passant en revue l'expérience algérienne dans le domaine de la presse écrite, le président de la République a noté que plus de 700 journaux et revues ont vu le jour depuis l'ouverture du champ médiatique au début des années 90. En outre, le marché algérien compte aujourd'hui pas moins de 46 quotidiens. Si l'Algérie a d'elle-même engagé des réformes internes puisqu'un besoin vital de la société visant de plus hauts niveaux de développement et de liberté s'est fait ressentir, a poursuivi le chef de l'Etat, «les réformes engagées à une cadence croissante», a-t-il souligné ajoutant que l'Algérie a besoin de se réconcilier avec elle-même. «Les réformes se consolideront par une réconciliation nationale qui permettra à l'Algérie de se réconcilier avec son histoire et avec elle-même» et qui garantira «les libertés et les droits» et dans laquelle «l'information et la presse joueront un rôle de première importance». Dans cette série de réaménagements de la scène médiatique, le paysage audiovisuel n'est pas en reste. M.Bouteflika a souligné que «le gouvernement est en train d'élaborer un dossier complet pour redéfinir le paysage télévisuel national avec pour objectif un plus grand intérêt pour la culture nationale amazighe, la jeunesse et les nouvelles connaissances».