L'Algérie, le principal pays importateur de ciment en Méditerranée Les pays d'Afrique du Nord, notamment l'Algérie et la Libye, constituent des destinations clés pour les cimentiers méditerranéens. En Algérie, la demande intérieure en ciment est soutenue par la commande publique depuis 2012, estime, dans une analyse, Sylvie Doutres, cogérante de DSG Consultants. La demande a atteint quelque 27 millions de tonnes fin 2014, contre 23 millions de tonnes de capacité de production installée. Ce déficit, qui ne serait résorbé au mieux qu'en 2016, fait de l'Algérie, le principal pays importateur de ciment en Méditerranée (5,2 millions de tonnes importées en 2014). Au cours du premier semestre 2015, les importations de ciment stagnent par rapport à la même période en 2014. Cet essoufflement traduit la volonté du gouvernement algérien de diminuer le poids des importations face à la chute des revenus du pétrole. En parallèle, on note la montée en puissance des échanges Sud-Sud en provenance de Tunisie et du Maroc (22,5% du total des importations semestrielles contre 16% en 2014), notamment au détriment des exportateurs espagnols, moins compétitifs, estime-t-elle. En Libye, les tensions et l'insécurité n'encouragent pas les investissements ni la construction et, par conséquent, les importations de ciment. Les exportateurs européens sont peu nombreux sur ce marché où les échanges Sud-Sud, notamment d'Egypte ou de Tunisie, dominent. D'une manière générale, les pays producteurs de pétrole enregistrent pour 2015 un ralentissement de leurs économies et freinent investissements et importations de ciment. Les cimentiers dont l'activité était encore trop centrée sur les marchés matures, comme l'Europe, se relèvent péniblement de la crise mondiale. Malgré des coupes budgétaires drastiques, leur rentabilité n'était plus assurée. En 2015, on a donc assisté à plusieurs mouvements d'entreprises qui remodèlent le paysage cimentier européen et méditerranéen: la fusion Lafarge Holcim et le rachat de certains de leurs actifs par CRH 2; l'acquisition par Heidelberg Cement d'Italcementi; la vente par Cemex de plusieurs usines en Europe, est-il ajouté. Sylvie Doutres indique que les synergies et le cash engendrés par ces opérations devraient permettre à ces groupes de retrouver une meilleure santé financière et de se développer sur les marchés émergents et en croissance. Pour optimiser l'utilisation de leurs actifs, les «nouveaux» groupes devraient accroître les échanges maritimes de ciment, entre marchés excédentaires et déficitaires, selon leur niveau de prix. Dans ce contexte, le nouveau challenge des cimentiers méditerranéens pourrait être d'améliorer leurs performances logistiques et réduire leurs coûts sur l'ensemble de la chaîne de transport pour demeurer compétitifs. Une exigence indispensable à leur développement au-delà de la Méditerranée, souligne la cogérante de DSG Consultants.