Le président vénézuelien, Hugo Chavez, poursuit son programme de nationalisations. Après le pétrole, les télécommunications et l'électricité, la sidérurgie et les banques, le Venezuela nationalise son ciment. En effet, le tribunal suprême a validé l'annonce faite par le président vénézuélien il y a deux mois, en lançant la nationalisation des filiales locales de trois cimentiers. Le Français Lafarge, le Suisse Holcim et le Mexicain Cemex sont concernés. La production de ciment "a une valeur stratégique inégalable pour le développement économique et social du pays", peut-on lire dans le jugement du tribunal justifiant cette décision. Caracas contrôle désormais 90% de la production nationale de ciment. Dans la nuit de lundi à mardi, des cérémonies ont marqué le passage des trois cimentiers du secteur privé au secteur public. Cette nationalisation du secteur du ciment a été décidée pour éviter des exportations qui pénalisent le marché intérieur et le logement. Le président vénézuélien a souvent accusé les cimenteries privées d'exporter leur production au lieu de la vendre sur le marché intérieur pour contrer un manque de logements qui lui a valu des critiques de la part même de ses partisans. L'an dernier, il avait évoqué de possibles "actions correctives" contre Venezuelan Cemex, une filiale locale de Cemex, troisième producteur mondial, des habitants l'ayant accusée de pollution. Comme c'était le cas avec les compagnies pétrolières, des accords de compensation ont été négociés avec Lafarge et Holcim. Les deux sociétés, qui produisent 50% de la production de ciment au Venezuela, ont accepté de rester dans le capital en tant que partenaires minoritaires. Selon l'accord, annoncé lundi soir, l'Etat vénézuélien versera 267 millions de dollars (176 millions d'euros) à Lafarge pour acquérir 89% de sa filiale, le français conservant 5%. Le solde, soit 6%, reste en Bourse. "Cet accord officialise le transfert de notre filiale au gouvernement vénézuélien. C'est une étape de plus dans le processus de nationalisation annoncée par le président Chavez il y a quelques mois", a déclaré à Paris un porte-parole de Lafarge. Holcim, pour sa part, cèdera 85% de sa filiale pour 552 millions de dollars et en conservera 15%. Dans le cas de Cemex en revanche, aucun accord n'a été trouvé. "Nous avons un accord avec deux entreprises mais malheureusement les négociations n'ont pas abouti avec Cemex (...) et la procédure d'expropriation va être engagée", a déclaré à la presse le ministre de l'Energie et du Pétrole, Rafael Ramirez. Les responsables de Cemex "demandent un prix très élevé par rapport à la valeur réelle", a-t-il affirmé. "Ils demandaient 1,2 milliard de dollars", a-t-il précisé. Le vice-président Ramon Carrizalez a pour sa part expliqué que le gouvernement était disposé à indemniser Cemex à hauteur d'environ 819 millions de dollars, soit le cumul des sommes prévues pour Lafarge et Holcim. "Jusqu'ici, nous avions un secteur du ciment, vital pour le développement de nos infrastructures et de nos logements, complètement séparé (...) Chaque entreprise allait de son côté, chaque entreprise avait ses propres intérêts commerciaux (...) Cela va changer", a expliqué le ministre de l'Energie et du Pétrole, Rafael Ramirez, au quotidien vénézuélien El Universal. Le président vénézuélien a quant à lui avancé que l'Etat avait besoin de ces entreprises "pour répondre à la demande croissante de ciment dans le secteur de la construction". Le président Hugo Chavez a, par ailleurs, demandé l'exécution de la transaction dans un délai de 60 jours.