Le ministre de la Culture lors de son discours au Mucem Le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi a salué mardi dernier à Marseille, à l'ouverture d'une exposition sur l'Algérie, «l'évolution constante» des relations et des échanges culturels entre l'Algérie et la France, «fondés sur des intérêts réciproques et le respect mutuel» des deux pays. Dans son allocution prononcée lors du vernissage de l'exposition «Made in Algeria, généalogie d'un territoire», organisée par le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem), M.Mihoubi a estimé que «les ponts culturels entre les deux pays fonctionnent dans les deux sens». Evoquant l'«engagement commun» de promouvoir le dialogue interculturel dans le contexte mondial actuel, le ministre a rappelé que la culture a toujours été une «passerelle» d'échanges entre les peuples et les civilisations. La volonté de promouvoir le dialogue interculturel, a-t-il dit, s'illustre à travers l'engagement des deux pays dans des liens de coopération, fondés sur des intérêts réciproques et sur le respect mutuel. L'exposition qui retrace en partie l'histoire de l'Algérie reflète, selon le ministre, l'existence de passerelles de confiance liant les deux peuples à travers la cartographie de deux nations et Etats souverains. M.Mihoubi s'est aussi félicité que la question de l'histoire et de la mémoire, souvent abordée sous l'angle politique, «trouve son écho aujourd'hui auprès notamment des élites culturelles des deux pays». «Des cartes d'une qualité esthétique rare» L'Algérie, riche de son histoire millénaire et de sa diversité culturelle ancestrale, a-t-il enchaîné, accorde un «intérêt majeur» à la mémoire à travers notamment sa politique muséale et la création cinématographique, théâtrale et d'édition. Après avoir rappelé la convergence des points de vue sur les enjeux culturels, le ministre a estimé que l'Algérie et la France «partagent de nombreuses convictions communes» et militent notamment dans les instances onusiennes pour la promotion de la diversité culturelle et la préservation du patrimoine culturel. Appelant à saisir toutes les opportunités pour promouvoir la paix, le ministre a fait remarquer que «le terrorisme abject» se répand dans différentes parties du monde: «Nous sommes particulièrement attristés que cette violence qui nuit aux valeurs humaines soit exprimée au nom des religions», a-t-il dit. Le vernissage a eu lieu en présence, entre autres, de la ministre française de la Communication et de la Culture, Fleur Pellerin, l'ambassadeur d'Algérie en France, Amar Bendjama, de l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié et du président du Mucem, Jean-François Chougnet.» Made in Algeria, généalogie d'un territoire», première exposition dédiée à la cartographie est ouverte au public jusqu'au au 2 mai prochain. Elle est organisée par le Mucem en collaboration avec l'Institut national d'histoire de l'art (Inha) et la Bibliothèque nationale de France (BNF). Fruit d'une collaboration entre l'Institut national d'histoire de l'art (Inha), la Bibliothèque nationale de France (BNF) et le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem), l'exposition se poursuivra avec un riche panel d'ateliers, journées scientifiques et colloques, au cours desquels seront revisitées les oeuvres d'auteurs, réalisateurs, photographes et artistes peintres. «Made in Algeria, généalogie d'un territoire» est une exposition, s'étalant sur un espace de 800 m2, dédiée à la cartographie et à son développement pendant la colonisation française, qui réunit un ensemble de cartes, dessins, peintures, photographies, films et documents historiques ainsi que des oeuvres d'artistes contemporains qui ont arpenté le vaste territoire algérien. Près de 200 pièces sont présentées provenant des plus grands musées français et étrangers, ainsi que des créations contemporaines «inédites». Un ensemble de cartes originales, d'une «qualité esthétique rare», est pour la première fois montré au public. L'exposition, à laquelle ont pris part à son inauguration aussi l'ambassadeur d'Algérie en France, Amar Bendjama, et l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, veut, selon ses organisateurs, «rendre compte, par les images, la cartographie et les relevés de terrain (...), l'impossible conquête de l'Algérie», qui ont tenu à rappeler que «les conflits même résiduels n'y ont jamais cessé durant toute la période de la colonisation». Pour montrer que la fin de la colonisation approchait, après la Seconde Guerre mondiale, l'exposition montre que les supports de diffusion de l'époque véhiculaient «une vision schématique des Algériens qui servaient le commerce et le tourisme». «Mais ces représentations masquent la réalité de la vie des populations autochtones qui ont toujours été écartées de la gouvernance du territoire, alors qu'elles représentent 90% de la population», relève un document remis à la presse. Fenêtre sur l'Algérie contemporaine «Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la volonté des Algériens de s'extraire du colonialisme va les conduire à mener un combat pour leur indépendance. En 1954 commence la guerre de libération des Algériens, expliquent les organisateurs qui notent que la France coloniale tente de nouvelles politiques sociales et économiques, «mais elles ne pourront mettre un terme au mouvement de l'histoire qui donne accès à l'indépendance à de nombreux pays, notamment en Afrique». En maintenant son intégrité territoriale à l'indépendance, l'Algérie est devenue la capitale des mouvements «issus des combats révolutionnaires postcoloniaux». C'est cette effervescence qu'a connue l'Algérie des années 1960 que l'exposition a voulu présenter, entre autres, aux visiteurs, à travers des photos, des oeuvres artistiques, en montrant les grands projets autour de l'éducation, l'habitat, la santé, l'agriculture et le développement d'infrastructures qui sont réalisés. Dans la préface d'un catalogue publié à l'occasion, les deux commissaires de l'exposition, Zahia Rahmani et Jean-Yves Sarazin, ont averti que ce qu'il manquerait à leur démarche c'est «le regard d'en face», en raison du fait que la manifestation s'est basée essentiellement sur les archives françaises. Parmi les ateliers et journées d'étude qui sont programmés en février et mars, figurent des rencontres scientifiques telles que «la recherche et la cité» et un colloque international sur l'exploration et la présentation d'un territoire. Sur le plan culturel, un espace de dialogue sur «l'Algérie, entre la carte et le territoire» est prévu, avec un moment fort où un hommage sera rendu à Kateb Yacine, dont l'oeuvre rejaillit à travers une création de Brigitte Fontaine et à Frantz Fanon, figure majeure de la guerre de Libération nationale, auquel sont consacrées une projection et une rencontre. La projection de films algériens récents sera également organisée qui constitue, selon les promoteurs de cette manifestation, «autant de fenêtres sur l'Algérie contemporaine».