L'attentat, commis mardi au coeur même des forces américaines en Irak, infirme l'optimisme dont faisait montre l'administration Bush. Le bilan de l'attentat contre la base militaire américaine de Mossoul était, hier, selon les milieux militaires américains de 22 morts, 18 Américains, dont 14 GI's et quatre Irakiens, le nombre de blessés étant estimé à 72 personnes dont 51 soldats américains. C'est la plus importante action de guérilla contre les forces d'occupation américaines commise en Irak depuis l'invasion américaine. Dans un communiqué du commandement militaire américain, il était dit que «vingt-deux personnes ont été tuées et 72 autres blessées dans l'explosion dans un réfectoire de la base Marez dans le sud-ouest de Mossoul, hier après-midi (mardi)», indique le texte qui poursuit: «Parmi les 22 tués, 14 sont des membres du personnel militaire américain, quatre sont des civils américains et les quatre autres sont des membres des forces de sécurité irakiennes», qui ajoute: «Parmi les 72 blessés, 51 sont des soldats et le reste des civils américains et d'autres nationalités ainsi que des membres des forces de sécurité irakiennes.» Ce bilan a toutefois été actualisé dans la journée d'hier faisant état cette fois-ci de 20 morts, quinze soldats et cinq entrepreneurs, tous Américains, et deux soldats irakiens, selon un porte-parole de l'armée américaine. L'un dans l'autre, c'est la première fois que les forces américaines sont atteintes de plein fouet à l'intérieur même de leurs bastions sécurisés, c'est aussi l'attaque la plus meurtrière à laquelle ont fait face les soldats américains depuis l'annonce de la «fin de la guerre» par le président Bush, le 1er mai 2003. Il ne fait pas de doute que la liste des morts risque de s'allonger si l'on tient compte qu'il y avait des centaines de militaires dans le réfectoire au moment de l'attentat. Le nombre des blessés, 72, dont 51 soldats américains, atteste de l'impact de l'attaque. Aussi, loin d'être gagnée par les forces d'occupation américaines et le gouvernement intérimaire irakien, la partie promet a contrario d'être très dure et de prendre d'autres dimensions à mesure que s'approche le scrutin du 30 janvier. George W. Bush à beau ratiociner sur l'émergence de la «démocratie» en Irak, le fait est que ce n'est pas encore acquis, loin s'en faut. En dépit des derniers développements, plutôt négatifs, le président américain, George W.Bush, garde le cap indiquant mardi, peu après l'attentat, lors d'une visite à des soldats blessés revenus d'Irak que «la mission (des Américains) est une mission vitale pour la paix. L'idée d'une démocratie s'enracinant dans un endroit ayant connu la tyrannie, la haine et la destruction est porteuse d'espoir dans l'histoire du monde», tout en adressant ses condoléances aux familles atteintes par ce malheur. Certes, toutefois, les stratèges de Washington, estimant avoir gagné la bataille d'Irak, ne semblent pas prendre en compte une résistance, dont la lisibilité n'est sans doute pas toujours claire, mais réelle, qui est celle d'une partie de la population irakienne, même si les islamistes en semblent présentement les plus actifs. De fait, plus le scrutin controversé du 30 janvier approche, plus la situation a tendance à s'envenimer, et la recrudescence de la violence depuis le début de la semaine n'est pas faite pour conforter la position des tenants de l'organisation des élections générales quel qu'en soit le prix. Et ce prix, celui du sang, ce sont encore les civils irakiens qui le payent quotidiennement, et aussi, de plus en plus, les soldats américains. De fait, tout reste à faire dans ce pays meurtri pour que les choses rentrent dans l'ordre. Un malheur ne venant jamais seul, il est annoncé que 18 soldats, stationnés en Irak, ont été atteints par une forme rare de pneumonie, rapporte, hier, la revue de l'Association médicale américaine. Deux soldats sont morts des suites de cette pneumonie. Selon cette revue, «l'Acute eosinophilic pneumonia (AEP), une maladie rare caractérisée par des déficiences respiratoires et des problèmes pulmonaires, a été diagnostiquée chez 18 soldats américains en Irak entre mars 2003 et mars 2004». Il y a eu auparavant le syndrome du Golfe, une autre maladie qui a atteint des soldats américains ayant participé à la guerre du Golfe en 1991. Est-ce là un nouveau syndrome de la guerre d'Irak? Sur un autre plan, l'affaire des prisonniers irakiens refait surface, avec l'accusation portée contre l'armée, a qui est imputé le fait d'avoir voulu étouffer des affaires de meurtres de prisonniers irakiens. C'est ainsi que la plus grande organisation américaine de défense des droits civils, Actu, a révélé que des militaires américains avaient tué à Tikrit des prisonniers irakiens et que l'armée américaine avait cherché à étouffer l'affaire indiquant: «Les documents que nous avons obtenus font naître de graves questions sur l'obstruction à la justice, et font se demander si des responsables gouvernementaux se comportent avec une impunité éhontée.» Un nouveau scandale à l'image de celui d'Abou Ghraeib (la prison de Bagdad où des Irakiens étaient maltraités et torturés par l'armée américaine) n'est pas loin.