Le siège de Sonatrach Me Kamel Alleg, Me Mokrane Aït Larbi, Me Khaled Bergueul et Me Mourad Zeguir ont galopé sur la «pam-parade»... Me Mourad Zeguir balance tout de go que sa plaidoirie est liée à celle du ministère public, rudement prise à partie. «Maghraoui El Hachemi et son fils Yazid sont sous mandat de dépôt depuis janvier 2010. 6 ans!» dit-il, sans ton, avant de l'élever un peu plus pour rappeler que ses mandants ont toujours crié leur innocence. Après avoir regretté certains propos de la partie civile, Me Zeguir répète qu'il restera dans le sillage de ce qui a été débité ici à la barre, et rend hommage à Regad pour son doigté lors de l'interrogatoire. «Sauf que vous aviez décidé et vous en avez le droit, d'interroger les accusés sur la base des rapports du D.R.S. et le jeune Maghaoui a parlé de la terreur des éléments du DRS et je parle du père, pas du fils, lance l'avocat de Chéraga qui reconnaîtra qu'il n'a jamais pensé du mal de nos services de sécurité pour le travail titanesque effectué. «Pis encore, j'ai entendu aussi qu'un avocat était le fils d'un colonel du DRS dont les enquêteurs avait laissé les portables aux suspects et auraient été bien traités» où était donc la conscience du juge du pôle? était-il victime lui aussi? Allah seul le sait avait terminé le défenseur qui s'étendra longtemps autour des conditions d'interrogatoire par le juge d'instruction qui n'a pas eu honte de placer sous mandat de dépôt Maghraoui pour la seule raison qui a vu Boumediene Bekacem répondre qu'il le connaissait. Me Benamar Aïd, Me Mostefa Bouchachi, Me Khaled Bergueul et Me Aït Larbi avaient hoché la tête au moment où Me Zeguir avait déploré que le colonel du DRS prononçait le mandat de dépôt au nez et à la barbe du juge d'instruction «Le pauvre!» ont-ils dû penser. Flétrissant l'irrespect des procédures, l'avocat avait alors pris la résolution de redemander aux membres du tribunal criminel de ne retenir que ce qui a été dit à l'audience! «i-e exit les PV de police. Puis il prie le président de l'excuser de ne pouvoir ramener la preuve de l'innocence des Maghaoui. Après avoir ri au nez des accusations de constitution d'associations de malfaiteurs et de corruption, Me Zeguir entra dans la technicité des poursuites affligeantes, surtout que les deux Maghaoui n'ont jamais connu la majorité des accusés et inculpés! Il était 9h55 au moment où Me Khaled Dhina entra, la chemise contenant le plan B de son intervention prévue pour aujourd'hui. Il salua le tribunal criminel avant de prendre place à la droite de Me Zeguir qui était en train d'abattre une à une, les graves accusations de corruption, d'abus de pouvoir, de trafic d'influence, etc... Ces propos de l'avocat avaient dû percer le cervelet des membres du tribunal criminel quant à l'éloignement ou pas des procès-verbaux d'auditions de la sécurité. La coïncidence a voulu que Me Zeguir ait prononcé les trois initiales du DRS «dissous» la veille par Bouteflika, qui a procédé à une restructuration des services... Il est 10h25, lorsque Me Khaled Bergueul se lève, pour entamer une plaidoirie marathon qui va commencer par un hommage appuyé, en direction du tribunal criminel félicité jusqu'à lundi pour sa rectitude, depuis bientôt un mois. L'avocat de Maghraoui El Hachemi commence les comparaisons. Il va même faire de l'humour, ce qui soulèvera une hilarité générale, avant de reprendre son sérieux et dire son amertume d'avoir vécu des moments durs à supporter. Me Bergueul brosse un bref tableau sur les dossiers de «corruption» avec leurs cortèges de dérapages, souvent couronnés par la chambre d'accusation qui a avalé d'énormes couleuvres, en saluant les décisions du président de la République quant à la modernisation de la justice. Une justice qui a fait l'impasse sur les conditions de ministres que tout mettait en cause dans toutes les affaires (le clin d'oeil à Chakib Khelil était criard!) Et Me Bergueul d'aller au fond de son intervention pour flétrir ceux qui ont confectionné des dossiers bidon, laissant les vrais corrompus jouir des biens mal acquis. Il lança même une pique en direction de Chorfi, ex-ministre de la Justice qui s'était enhardi à déclarer qu'il avait fait l'objet de pressions émanant de... Saâdani 6 ans, baraket! Et Me Bergueul de s'attaquer à ceux qui ont toujours tiré de derrière les rideaux, en montant des pièces de théâtre où le drame, les larmes, l'incarcération, l'humiliation, la torture, le chantage étaient rois. «Le DRS est dissous! Et après? siffle une avocate pas convaincue! «Ça suffit. Il est temps pour la justice d'occuper le terrain, tout le terrain et de jouer son rôle, celui de l'unique branche à laquelle s'accroche le citoyen» s'est écrié l'avocat, alors que la salle s'emplissait peu à peu. Me Bergueul s'emballe et démonte la police judiciaire. «On prend le papa et le fils unique, laissant la famille Maghraoui seule, sans homme! Meziane a deux garçons, on a enfermé les deux garçons. Ne fallait-il pas en laisser un en liberté? Non! Le président de la République n'a jamais été informé sur ce dossier. Sinon, il n'aurait jamais laissé faire, surtout ces chapelets d'accusations liées à la loi. Des actes de hors la loi au nom de la loi. Aucune liberté provisoire accordée. 40 avocats ont couru dans tous les sens vainement «Certains accusés pouvaient ne pas répondre à la justice. Ils l'ont fait! 6 ans à attendre leur sort!», s'est écrié le défenseur. Maghraoui a beau crier ne jamais avoir rencontré Med Meziane. Les P-DG en taule, et les ministres en liberté. Il a rappelé les valeurs des détenus qui disaient le Dr Chakib Khelil «au lieu de M.le ministre de l'Energie...» L'avocat a dit sa douleur d'avoir lu et entendu le P-DG de Sonatrach être traîné dans la mélasse. «J'aurais préféré voir ce procès sur écran géant en visioconférence et les détenus crier leur innocence. Sommes-nous devenus fous à ce point? s'est égosillé le défenseur qui n'a pas vu Me Abelkrim Bouderbal entrer en spectateur curieux, prendre place à l'arrière de la salle, alors que le plaideur finissait son intervention sur un sec: «Où est donc passé le ministre, la tutelle, le boss?» Une heure de plaidoirie pour demander l'acquittement de Maghraoui et Me Bergueul de céder le micro à Me Mokrane Aït-Larbi dont l'intervention était attendue, car il défend Yazid Maghraoui, assis au box. «Je ne peux pas avancer que les Maghaoui sont poursuivis «politiquement». Les deux Maghraoui n'avaient donc pas de raison d'être entendus «politiquement». Il remercie la justice pour avoir incarcéré 6 ans ses deux clients innocents, ô comble de justice! Il lance une pointe contre la partie civile et le procureur général à qui il reprochera des «choses» nées dans son réquisitoire et lance une autre pique en direction de malsaines coutumes concernant le parquet, dont le représentant a parlé au nom du «peuple»! «Il représente l'exécutif, c'est tout!» Passant au «défunt» DRS qui a laissé après sa dissolution, des «dossiers,» il posera mille questions à propos du comportement de ses éléments maintes fois décriés. Il condamne l'attitude déplorable de certains juges d'instruction qui n'ont pas jeté l'éponge après qu'un élément du DRS ait «ordonné» le mandat de dépôt. Un juge du pôle, pas celui de Sougueur ni de Souk Ahras! Le message était très bien passé. Mohamed Regad, le président, suit en silence les condamnations de l'avocat qui dit avoir assisté, dimanche soir, à un citoyen tabassé à l'entrée de la sûreté urbaine. «M. le ministre parle de caméras placées lors de l'interrogatoire primaire en présence d'un avocat! Oui, et après?» Me Nouredine Benissad entre à ce moment, lui, l'homme des droits de l'homme. Heureuse coïncidence! Me Aït-Larbi propose qu'avant de recruter un agent de police, il faut d'abord lui faire des tests de capacité. Il revient aux instructions de Adami et s'écrie: «On nous a assurés que cette note a été dissoute, mais pas les «instructions» émanant de directeurs centraux.» Il sort les 10.000 euros Mokrane est sur la lancée, il lance des anecdotes qui expliquent l'état de notre justice et cette histoire de mettre en taule, puis de juger. Et Mokrane d'imiter Aït-Larbi qui ne veut pas dire un seul mot gentil dans ce dossier: «Il n'y en a pas!» Il s'enfonce dans les faits et les accusations et entre les deux, les résultats des commissions rogatoires et le blanchiment d'argent... Notre collègue et ami Arezki Aït-Larbi suit, depuis l'espace réservé aux journalistes, la plaidoirie du frangin qui s'enfonce dans le couloir des dépassements avec les accusations lancées contre Maghaoui, plus innocent qu'un innocent innocenté après un long procès équitable. Il sort les 10.000 euros reprochés à Hachemi Maghaoui qui a bossé 30 ans dans les entreprises publiques d'Etat dont la BEA, la Cnep et autres organismes financiers, outre du consulting notamment cette entreprise allemande. Il proteste contre le fait d'affirmer comment constituer une association de malfaiteurs à partir de la terrasse d'un café ou dans un salon feutré. Il tombe sur la chambre d'accusation d'Alger et tout le processus du «montage» de ce procès. «Voilà comment s'attaquer à Sonatrach, ce géant!» ironise «sérieusement», Me Aït-Larbi, connu pour sa rigueur, certes, mais aussi ses humeurs dérangeantes, car il a vécu des vertes et des pas mûres depuis un quart de siècle!! «Le seul intérêt qui relie Yazid et les Allemands reste le transport des produits sur les frontières!» dit-il, avant de s'écrier: «Voilà un exemple de consulting!» Il met en avant la transparence où brillent les Allemands qui auraient pu régler les honoraires par chèque de banque à banque!» ajoute le conseil, qui a la gibecière remplie et il a envie de la vider avec précision, en vue de «titiller» le tribunal criminel «ébranlé» par les procès-verbaux des services. Me Saddek Chaïb arrive, le cartable à la main, et prend place aux côtés de Me Bergueul et Me Khaled Dhina, encore «engourdi» par cette maudite angine. L'avocat s'étalera longtemps sur la «hogra», celle qui a écrasé la crème de Sonatrach, du CPA et du pays entier. Entre-temps, Me Aït-Larbi critique avec amertume les hésitations de la justice, autour de la pénalisation des marchés publics ou plutôt, dans quelle catégorie doit-on placer les marchés publics? Et là aussi, les magistrats de la chambre d'accusation prennent, au passage leur dû «Mokranien», car il est le seul à pouvoir enfoncer l'épée là où il faut, en matière d'irrespect des justiciables et il est aussi le seul à ne pas trop croire aux réformes profondes mises en place par la tutelle des magistrats déboussolés, glacés, choqués par les instructions. Au lieu d'une médaille à planter sur sa poitrine pour ses loyaux services de 30 ans, on l'envoie en taule, 6 ans! Pardon, pas en taule, dans un établissement de rééducation! Oui, il faut le rééduquer, c'est mieux! En une heure, Mokrane l'intrépide défenseur n'a pas tout dit. Il a seulement survolé le dossier. M'hamed Regad lève l'audience, alors que la salle vibrait encore du dernier «cri» de Aït-Larbi qui avait évoqué le verbe «manger» dans son sens le plus propre. A 16h, Me Kamel Alleg défend les intérêts du groupement Cantel, autour de quoi tout a été dit et répété, soulevant l'étonnement même des Allemands. Et Me Alleg n'a pas seulement plaidé. Il a crié, crié, s'est posé des questions en vue de situer les responsabilités, quant à l'usage du gré à gré. «L'urgence est une arme contre l'instabilité et les menaces de tous ordres, car l'entreprise est le poumon du pays», a lancé l'avocat de Didouche Mourad qui allait décortiquer tous les ingrédients utiles à la sécurité proprement dite. Il faut dire que le public, nombreux à 11h, n'était pas revenu à 14h, car Mourad, Khaled et Mokrane étaient passés et les curieux étaient rassasiés. Me Chiat quitte la salle et le Ruisseau avec la conviction de la mission accomplie dimanche après-midi. Me Amina Bouguetout, elle, s'asseyait en vue d'apprendre des aînés, alors que Me Alleg expliquait le concept du «moins-disant». Nadia Bouhamidi et Mansouri, eux, tenaient le coup, après près d'un mois de débats. Abdelaziz-Halim Boudraâ, le procureur général, lui, prend, de temps à autre, des notes. Ah! Cette autre formation continue durant le mois d'août, le mois des congés. Il ne veut pas s'attarder sur les comparaisons entre les mérites de telle ou telle entreprise, à choisir dans le gré à gré. Avant de sombrer dans des explications techniques, Alleg a mis en garde le tribunal criminel contre l'exploitation des procès-verbaux de la police judiciaire, que toutes les robes noires ont décriée. Et avant de réclamer la relaxe de ses clients, l'avocat a espéré que la raison l'emporte et que le tribunal se limite à ce qui s'est dit à la barre...