Cette visite revêt une grande importance tant la Libye fait face à «de multiples défis» En y regardant de plus près, il s'avère que les 32 noms retenus sont destinés à contenter trois groupes ethniques, une vingtaine de tribus principales, trois provinces et deux entités politiques rivales. Le président du Conseil présidentiel de Libye, Fayez Al Serradj, est arrivé hier à Alger pour une visite de travail, accompagné d'une délégation. Inscrite dans le cadre de «la poursuite des efforts de l'Algérie pour le parachèvement de la solution politique consensuelle entre Libyens, seule à même de préserver la souveraineté de ce pays frère et voisin, son intégrité territoriale et l'unité de son peuple, «, cette visite de Fayez Al Serradj, accueilli à l'aéroport Houari-Boumediene par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, en présence du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, revêt une grande importance tant la Libye qui fait face à «de multiples défis, notamment ceux liés à la mise en place de nouvelles institutions, la lutte contre le terrorisme et le rétablissement de la paix et de la sécurité» a besoin d'un soutien à la mesure des menaces qui perdurent. A cet égard, le président Fayez Al Serradj a, dès son arrivée, salué «l'appui de l'Algérie aux différentes étapes du dialogue politique libyen qui a abouti à la formation du gouvernement d'union nationale», ajoutant que sa visite s'inscrit dans le cadre de «l'approfondissement et du développement des relations privilégiées entre l'Algérie et la Libye unies par des dénominateurs communs». Ce séjour n'est pas anodin car il intervient quelques jours à peine après la formation tant attendue et parfois même exigée par la communauté internationale, notamment les grandes puissances, du gouvernement d'union nationale. Celle-ci fut conclue le 19 janvier dernier, constituant un pas décisif pour la normalisation du pays. Des contestations ont listé les 32 ministres, illustrant les germes des embûches futures pour une équipe fort attendue à Tripoli. En y regardant de plus près, il s'avère que les 32 noms retenus sont destinés à contenter trois groupes ethniques, une vingtaine de tribus principales, trois provinces et deux entités politiques rivales. Et on apprend que quelques heures avant la communication de la liste de l'équipe gouvernementale laborieusement conclue avec l'appui insistant de la médiation onusienne, deux membres du Conseil présidentiel en charge des nominations ont présenté leur démission, au motif de la sous-représentation des régions de l'Ouest pour l'un et de la mise à l'écart du trublion Khalifa Haftar, chef de l'armée du Parlement de Tobrouk, pour l'autre. Haftar avait, depuis des mois, «annoncé» qu'il serait en charge du portefeuille de la Défense, faisant fi de l'hostilité sans concession de Fadjr Libya qui avait exigé qu'il lui soit livré. C'est dire combien la tâche de la nouvelle équipe sera ardue, des pro-fédéralistes de la Cyrénaïque y côtoyant des partisans des Frères musulmans. Qui plus est, les titulaires de la majorité des ministères sont inconnus des Libyens eux-mêmes. A tel point que les dirigeants de Tripoli ont préféré un silence éloquent, laissant seulement entendre que cette équipe pourrait ne pas être la bienvenue dans la capitale. Autre problème de taille, les grandes tribus comme les Ouarfallah dénoncent une marginalisation. Toubous et Touareg ont leur siège, mais se considèrent comme des minorités brimées. Il n'y a que Misrata qui salue cette avancée, oubliant que le vote en faveur de l'investiture du nouveau gouvernement n'est pas assuré à Tobrouk. Or le Parlement de Tobrouk a choisi cette journée pour rendre public son rejet d'une équipe gouvernementale «trop nombreuse». Sur les 104 députés présents, 89 ont dit «non» à un cabinet de 32 ministres proposé par le Conseil présidentiel dirigé par Fayez el-Sarraj. Le Parlement de Tobrouk a réclamé qu'une nouvelle liste, plus restreinte, lui soit proposée. Il n'empêche, les 18 Etats et l'UE réunis récemment à Rome ont promis une aide financière et militaire, pour peu que le nouveau gouvernement en soit demandeur. Ce dernier devra s'installer à Tripoli, les milices de Misrata, réunies dans la coalition Fadj Libya, ayant obtenu le porte-feuille important de l'Intérieur et surtout l'éviction de Haftar. Il leur faudra parvenir à un accord avec les milices de Zinten, ancrées à l'ouest du pays, qui tentent toujours de réoccuper l'aéroport international et trouver aussi un terrain d'entente avec l'imprévisible Haftar dont un proche a hérité du ministère de la Défense et dont l'apport à la lutte contre l'EI est utile à la Libye et à la communauté internationale. En consultant l'Algérie, membre de la médiation onusienne et chef de file du Groupe des pays voisins de la Libye, dans le cadre de l'Union africaine, le président du Conseil Fayez Al Serradj s'assure d'un soutien décisif dans la phase délicate qui s'amorce pour faire avancer le processus de paix et réconciliation enfin enclenché et parvenir à contenter tout le monde et son père. Le président Bouteflika reçoit le président du Conseil présidentiel de Libye Fayez Al Serradj Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a reçu hier le président du Conseil présidentiel de Libye, Fayez Al Serradj, qui effectue une visite de travail en Algérie, à la tête d'une délégation. L'audience s'est déroulée en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel.