Hocine Zahouane, président de la Laddh «Le peuple algérien qui a souffert, durant la période coloniale, du Code de l'indigénat ne peut accepter qu'une partie de ses enfants soit traitée en citoyens de seconde zone.» Interrogé sur la polémique en cours, dans le pays et dans ceux où il y a des communautés d'Algériens, à propos de l'article 51 du projet de révision constitutionnelle, Hocine Zahouane, président de la Laddh (Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme), n'a pas hésité à le qualifier «d'aberration»: «Le peuple algérien qui a souffert, durant la période coloniale, du Code de l'indigénat ne peut accepter qu'une partie de ses enfants soit traitée en citoyens de seconde zone», a-t-il, en effet, déclaré pour étayer ses propos. Dans la foulée, il n'a pas manqué de s'interroger «si cet article n'a pas été sciemment introduit dans le texte de la nouvelle Constitution pour provoquer tout aussi sciemment une polémique dont l'objectif non déclaré est d'amener les gens à se focaliser sur un détail tout en oubliant l'essentiel». Et de rappeler toutes les polémiques qui continuent de l'entourer aussi bien dans la presse que dans la classe politique. Ce n'est pas là, toutefois, la seule raison qui a poussé son organisation à rejeter le projet en question. Hocine Zahouane en a avancées d'autres. Autrement plus consistantes. Dans la mesure où elles ont trait au devenir du pays. La plus importante étant que «l'avant-projet de révision constitutionnelle, dans sa mouture retenue, ne peut être une garantie d'un avenir serein pour le pays». Et ce, pour la simple raison qu'il n'est pas le fruit «d'un consensus, mais d'une démarche unilatérale du pouvoir». Une démarche qui est, selon lui, «porteuse de tous les dangers, surtout en cette conjoncture où le pays traverse une crise économique difficile, où la situation politique interne est bloquée et où les menaces aux frontières se font chaque jour plus fortes». Ce qui lui a fait dire que, présentement, «l'Algérie a beaucoup plus besoin d'un nouveau 1er Novembre pour dépasser la situation de blocage institutionnel dans laquelle elle se trouve depuis quasiment l'indépendance du pays, que d'une révision constitutionnelle qui ne fait pas consensus». C'est, à l'évidence, l'analyse qu'il fait de cette situation (de blocage) et de ses causes, qui l'a poussé à proposer «une telle sortie de crise». Et ce, tout en en précisant et le cadre «un nouveau bloc national ouvert à tous», et l'objectif «une refondation démocratique et sociale (...) pour une sécurisation institutionnelle et constitutionnelle de l'Algérie». Mais tout en omettant de clarifier la démarche devant y aboutir. Concernant ce point précis, Hocine Zahouane s'est, en effet, contenté de plaider «pour une mobilisation nationale» dans le cadre précité et pour «une prise de conscience citoyenne et une implication de chacun dans toute action, à la base», allant dans le sens de la refondation souhaitée. Un objectif (la refondation) qui, depuis la déferlante des prétendues révoltes spontanées que nombre de pays arabes ont connues en 2011, est devenu, pour, la Laddh, un objectif vital «le Manifeste pour une refondation nationale qui a été élaboré, cette année, a précisé Hocine Zahouane, ayant pour objectif essentiel de sécuriser sur le double plan institutionnel et constitutionnel l'Algérie». Et, partant, «de la mettre définitivement à l'abri de tout «printemps arabe». De là, son affirmation que la refondation institutionnelle souhaitée transcende la révision constitutionnelle proposée par le pouvoir: «L'Algérie est arrivée à une étape où elle a un besoin pressant d'une révision en profondeur de toute son architecture institutionnelle», a-t-il déclaré en guise d'explication. Dans la lancée, le président de la Laddh a expliqué les raisons à l'origine de son opposition «au passage par l'élection d'une Assemblée constitutionnelle comme étape de la révision de la Constitution»: «Toute élection suppose une majorité et une minorité. Quand les urnes accordent cette dernière à un courant qui ne croit pas tellement à la démocratie et dont les référents idéologiques ne sont pas inscrits dans la modernité, il y a risque que le texte fondamental en soit fortement imprégné», a-t-il clairement déclaré, dans une allusion des plus nettes à l'expérience électorale du début de la décennie 1990...