Les pourparlers ont commencé sans la délégation du HCN Les pays occidentaux, redoutant de voir l'hydre terroriste se répandre dans toute la région et gagner le continent africain via la Libye, se sont résignés à moduler leur appétit, en se rangeant aux vues de Moscou. Les pourparlers pour la paix en Syrie ont commencé comme prévu vendredi, en l'absence de l'opposition regroupée au sein du Haut comité de négociations (HCN) qui, depuis Riyadh, multipliait les conditions préalables avant de se raviser, hier soir, en se rendant finalement à Genève. Pour se donner bonne figure, la volte-face aurait été motivée par des «assurances» données par le représentant du secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura, en ce qui concerne les mesures «humanitaires» destinées à sauver les «rebelles» de Jaïch al Islam, entre autres, soumis à un siège sans concession par l'armée syrienne. Les manoeuvres dilatoires de l'opposition syrienne instruite par l'Arabie saoudite n'ont pas impressionné l'ONU au point de saborder la réunion préparée selon les recommandations approuvées à Vienne par la Russie et les Etats-Unis, les deux puissances ayant clairement fait comprendre aux parties concernées qu'un plan est tracé même si les «discussions» indirectes doivent durer encore longtemps et qu'il ne faut, par conséquent, s'attendre à aucun progrès spectaculaire sur ce dossier. Deux années après l'échec des premières négociations, l'opposition se découvre en mauvaise posture pour de véritables négociations compte tenu des résultats enregistrés au cours des derniers mois par l'armée syrienne qui a acculé les groupes terroristes dans plusieurs villes et progresse lentement mais sûrement dans la reconquête du terrain jusque dans le fief de l'EI, à Raquae, grâce à l'intervention et au soutien militaire de la Russie alliée. Point n'est besoin d'être grand clerc pour prédire de sombres perspectives à une opposition longtemps jusqu'au-boutiste, mais contrainte désormais à des choix nettement plus conciliants tant sa marge de manoeuvre est en train de se réduire comme une peau de chagrin. De là à penser qu'elle sera laminée en quelques mois, il n'y a qu'un pas vite franchi par les experts qui constatent une sérénité du régime syrien et de la Russie qui marquent des points, chaque semaine, et enregistrent des revirements «déchirants» de plusieurs capitales occidentales volontiers anti-Bachar al Assad tout au long de l'année antérieure. Le soutien de l'Arabie saoudite est également en passe de s'effriter car la situation au Yémen n'est pas plus réjouissante et le retour de l'Iran sur la scène internationale, combattu avec la détermination la plus extrême n'a pas été contrecarré, loin de là. Non seulement, Téhéran est en passe de récupérer ses quelque 900 milliards de dollars mais il s'emploie à réinvestir le champ économique, et surtout énergétique, mondial de manière à tempérer, certains disent annihiler, les prétentions au leadership du rival saoudien. Le conflit interne qui a débuté en 2011 est devenu une véritable poudrière internationale, faisant plus de 250.000 morts et donnant l'occasion à Daesh de s'emparer de pans entiers du territoire syrien, souvent au détriment d'autres groupes terroristes comme le front al Nosra et Jaïch al Islam. Les pays occidentaux, redoutant de voir l'hydre terroriste se répandre dans toute la région et gagner le continent africain via la Libye, se sont résignés à moduler leur analyse et leur appétit en cédant aux pressions de la Russie qui a, bien sûr, défendu ses intérêts dans la région où la Syrie représente un bastion incontournable mais qui a également anticipé d'autres enjeux et défis inhérents aux velléités turco-israélo-saoudiennes. C'est cette entente cordiale telle que dessinée à Vienne par John Kerry et Sergueï Lavrov que l'ONU est chargée de mettre en pratique et c'est pourquoi la machine s'est mise en branle, en dépit des tentatives de sape, pour accomplir un travail besogneux, long et probablement ingrat dont la finalité est déjà esquissée à Moscou comme à Washington. Une chose est sûre. Toutes les revendications de l'opposition syrienne et de ses mentors, à commencer par celle relative au départ exigé de Bachar al Assad, sont devenues des voeux pieux, l'urgence absolue étant de contenir pour prétendre ensuite réduire l'Etat islamique. Certes, il y aura encore des velléités pour réintroduire la même revendication sous couvert du conseil de transition, porteur d'un mécanisme garantissant le retrait de Bachar al Assad de la future élection présidentielle mais pour l'heure on n'en est pas là et le président iranien Hassan Rohani, en visite à Paris voici trois jours à peine, s'est octroyé le malin plaisir de rappeler que les discussions ne font que commencer et qu'il faudra attendre longtemps, peut-être même très longtemps, avant qu'une solution consensuelle ne pointe à l'horizon!