Pluie et vent à vous couper le souffle ! Voir El Hamiz et mourir vraiment. Ce bourg de quelque 20.000 habitants, distant d'une dizaine de kilomètres de l'est de la capitale, croule sous la pluie qui s'abat depuis deux jours sur le pays. Car si, en effet, les «Hamizois» craignent la poussière massive de l'été, l'hiver, pour eux, est un vrai cauchemar. Des masses de boue géantes emplissent les deux artères du centre-ville. Elles débordent sur la route nationale rendant la circulation automobile encore plus difficile. Les flaques d'eau causées par la canalisation désuète sont telles que passer d'un quartier à l'autre relève, pour les habitants de cette région autrefois à grande vocation agricole, de l'exploit. Les plus débrouillards fabriquent des passerelles de fortune. Le passage ne se fait pas sans heurts. Les citoyens, eux, semblent, globalement s'acclimater, non avec les conditions climatiques, mais avec ce décor de saleté et de puanteur. Le port des bottes est de rigueur. «On se croirait à la campagne. Dire qu'El Hamiz se trouve aux portes d'Alger...» ironise un jeune marchand de fruits et légumes à la sortie de la ville. Plus loin, à la lisière de l'oued El Hamiz, les habitants des bidonvilles craignent la remontée des eaux dont le niveau a déjà atteint un seuil inquiétant. Les quelques 50 familles qui y résident sont sur le qui-vive redoutant un scénario catastrophe à la Bab El Oued. Leur seul recours, une vieille revendication: «Le déménagement vers des logements plus sûrs, plus dignes», suggère un habitant de ces maisons de fortune. Du côté des autorités locales, chaque chose a son explication, même la plus absurde. Si les moyens pour lutter contre la boue, tel le bitumage des rues, que les citoyens ne cessent pourtant de revendiquer, s'avèrent trop coûteux pour le «petit» budget de l'APC de Dar El Beïda dont dépend El Hamiz, l'assainissement des canalisations, est à la traîne. Les opérations débuteront, selon Hadj Oukkal, délégué communal, à partir de la nouvelle année. Pis, seulement deux quartiers, Sntp et les Rosiers - 10% de la superficie de la ville - sont concernés. le gérant d'un magasin d'électroménager n'a pas, lui, ménagé les autorités communales, qui «font montre d'un laisser-aller intolérable». «Mes clients se plaignent de la saleté et de la boue qui jonchent les abords de nos boutiques», fulmine-t-il. Bref, comme à chaque hiver, les pluies et les vents transforment El Hamiz, en quelques heures, en une immense terre boueuse. La ville est un parfait exemple, d'une catastrophe urbaine face à laquelle les pouvoirs publics affichent indifférence et laxisme. Les intempéries qui sévissent dans le pays depuis quelques jours ont, cette fois encore, eu raison de la vulnérabilité des habitants lesquels, à force de désespoir, font montre d'un franc désintéressement. Un jeune badaud résume non sans ironie: «El Hamiz est une ville touristique.»