Le Maroc veut faire capoter la visite, programmée en principe pour début mars, que doit effectuer Ban Ki-moon dans la région. Le bras de fer est engagé. Le souverain marocain fait le forcing pour faire main basse sur le Sahara occidental. Mohammed VI a lancé un programme de développement de 71 milliards de dirhams pour les territoires occupés avant la venue de M.Ban. Un fait accompli qui défie la légalité internationale et prive de facto le peuple sahraoui à décider de son destin. Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies avait de son côté appelé à «de véritables négociations» qui puissent permettre au peuple du Sahara occidental de s'exprimer librement quant à son avenir dans le cadre d'un référendum d'autodétermination. «J'appelle instamment toutes les parties dans la région et au sein de la communauté internationale la plus large de tirer profit des efforts intensifs (menés) par mon envoyé personnel (Christopher Ross) pour faciliter le lancement de vraies négociations dans les prochains mois», avait déclaré Ban Ki-moon, le 4 novembre 2015 à partir de New York tout en soulignant l'échec du processus de négociations mené sous son égide depuis 2007. «Je constate avec regret que les propositions de 2007 n'ont pas ouvert la voie à de véritables négociations auxquelles le Conseil de sécurité et moi-même avons appelé à plusieurs reprises», avait-il déploré sans omettre de souligner que «la situation dans le Nord-Ouest de l'Afrique devient de plus en plus alarmante». Deux positions qui montrent tout le fossé qui sépare les deux hommes. Ce n'est donc pas pour faire du tourisme que le SG de l'ONU a décidé de se rendre dans la région. Il s'y rendra après avoir appelé au boycott du Forum Crans Montana qui est prévu à Dakhla le mois prochain. «Le SG de l'ONU demande à tous les fonctionnaires et aux organes de l'ONU de ne pas participer au Forum de Crans Montana, a affirmé un haut fonctionnaire onusien, cité dimanche dernier par l'agence de presse sahraouie SPS» rapporte l'APS dans une dépêche datée du 14 février. La totale pour Rabat. Suffisant pour que Mohammed VI fasse sa crise. Le gouvernement marocain tente de renverser la vapeur. Il veut faire capoter la visite, programmée en principe pour début mars, que doit effectuer Ban Ki-moon dans la région. Le gouvernement marocain se dresse pour empêcher la visite du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, pourtant approuvée par le Conseil de sécurité», a indiqué hier le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies, Ahmed Boukhari. Pourquoi? «Les autorités marocaines ne veulent pas que cette visite ait une relation avec le prochain rapport sur le Sahara occidental» que doit présenter Ban Ki-moon au Conseil de sécurité en avril, explique le diplomate sahraoui. «C'est une stratégie bien connue du Maroc: bloquer tout progrès dans le dossier sahraoui pendant le mandat de Ban Ki-moon qui arrive à échéance en fin 2016» précise-t-il en affinant son argumentation. La presse marocaine confirme que le gouvernement Benkirane ne voit pas d'un bon oeil la visite de Ban Ki-moon au mois de mars. Il aurait même sollicité son annulation. «Rabat aurait demandé que la visite de Ban Ki-moon soit reportée au mois de juillet...», a écrit le quotidien arabophone Akhbar El Youm. La raison est toute simple: le vote d'une nouvelle résolution par le Conseil de sécurité (le 30 avril 2016 Ndlr) qui doit prolonger le mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) met le royaume dans tous ses états. «La visite prévue (au mois de mars, Ndlr) de Ban Ki-moon démontre l'intérêt du secrétaire général à accélérer le processus de paix et à l'appuyer», a déclaré le représentant sahraoui auprès des Nations unies, Ahmed Boukhari. Le Maroc qui a opté pour le statu quo a décidé de la torpiller.