Onze Palestiniens tués à Khan Younès durant le long week-end de fin d'année. Mahmoud Abbas reste au top. A quelques jours de l'élection présidentielle palestinienne, Mahmoud Abbas, secrétaire général de l'OLP, est bien parti pour faire de ce scrutin une simple formalité tant ses huit concurrents ne semblent pas avoir les moyens de contrarier les desseins du vieux compagnon de route du défunt Yasser Arafat. Abou Mazen, 69 ans, militant de la première heure pour la cause palestinienne, considéré comme un modéré parmi les dirigeants de la résistance palestinienne, préconise la fin de l'Intifada armée pour revenir à une forme de lutte plus classique pour faire triompher le droit des Palestiniens à l'édification de leur Etat et le droit au retour pour les réfugiés de la diaspora palestinienne. Ce sont de fait, les thèmes clés de la campagne de Mahmoud Abbas, qui fait de la satisfaction de ces revendications et de la libération des prisonniers palestiniens en Israël, la condition sine qua non de la coexistence pacifique entre les deux communautés palestinienne et juive. Hier, Mahmoud Abbas était à Rafah dans le sud de la bande de Ghaza. Un déplacement qui a failli être remis en cause après l'énième agression israélienne contre le camp de réfugiés de Khan Younès où 11 Palestiniens ont trouvé la mort depuis mercredi du fait des attaques de l'armée d'occupation israélienne contre le camp palestinien à Ghaza. Le secrétaire général de l'OLP a condamné fermement cette agression qui avait manqué de lui faire annuler sa visite à Rafah. «Nous condamnons les agressions israéliennes contre notre peuple à Khan Younès et Rafah et dans différentes régions palestiniennes et nous faisons assumer à Israël la responsabilité de l'escalade avant les élections», souligne M.Abbas, dans un communiqué diffusé hier. Sur cette même question, le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï a accusé Israël de vouloir «saboter» l'élection du président de l'Autorité autonome palestinienne indiquant: «Je mets en garde le monde contre la tentative de sabotage de notre élection présidentielle par Israël», a déclaré hier M.Qoreï au moment où il déposait une gerbe de fleurs sur le tombeau d'Arafat à l'occasion du 40e anniversaire de la création du Fatah le 1er janvier 1965. Le Premier ministre palestinien regrettera par ailleurs, le fait que cette agression d'Israël survient au moment où le monde entier «parle» du scrutin palestinien. En fait, loin de faciliter la tâche des responsables palestiniens et des candidats pour la présidentielle du 9 janvier prochain, Israël n'a cessé ces derniers jours de mener campagne sur campagne contre des villes et villages de la bande de Ghaza, notamment Khan Younès et Rafah. A Rafah, où Mahmoud Abbas a été accueilli en héros par la population de la ville martyre, notamment par les brigades des Martyrs d'Al-Aqsa - groupe proche du Fatah - il réitéra dans son discours que «les incursions, les assassinats, les destructions de maisons, ne parviendront pas à briser la résistance de Rafah, ni à nous empêcher à visiter (cette ville)». Porté en triomphe par la population, Abou Mazen affirma: «Nous n'oublierons pas ceux qui luttent pour la liberté, ceux qui sont dans les prisons. Nous n'oublierons pas non plus les réfugiés». Ferme dans son approche du conflit israélo-palestinien, Mahmoud Abbas s'est mis dans les bottes de Yasser Arafat, promettant par ailleurs l'instauration d'un Etat de droit pour tous les Palestiniens. Se trouvant mercredi à Tulkarem, ville du nord de la Cisjordanie, proche du mur de l'apartheid que construit Israël - barrière jugée illégale par un jugement rendu en juillet dernier par la Cour internationale de justice (CIJ) - Mahmoud Abbas a déclaré à ce propos que «ni la colonisation ni le mur n'apporteront la paix et la sécurité. Nous disons à nos voisins (Israéliens) qu'importe le nombre de colonies les murs que vous construisez, cela ne vous apportera pas la paix ou la sécurité». A Qalqiliya, ville aujourd'hui totalement enfermée dans le mur de l'apartheid, Mahmoud Abbas dira : «Pour que nous puissions coexister avec les Israéliens, ce mur doit disparaître», indiquant: «Le mur de Berlin était le dernier mur raciste et il est tombé. Nous espérons voir ce mur aussi tomber un jour pour laisser place à la paix et à la sécurité». A quelques jours du scrutin du 9 janvier, il ne fait pas de doute que Mahmoud Abbas sera le successeur du défunt Yasser Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne. Toutefois, il faudra sans doute aussi attendre M.Abbas, dans ses actes, tant il y a toujours une marge entre le discours électoral et la réalité sur le terrain qui est autre.