Les Palestiniens voteront demain pour élire le successeur du défunt Yasser Arafat. Quelque 1,5 million de Palestiniens se dirigeront demain vers les urnes pour pourvoir à la vacance du poste de président de l'Autorité palestinienne sans titulaire depuis le décès, le 11 novembre dernier, du président Yasser Arafat. Sept candidats postulent au poste laissé vacant par le défunt Yasser Arafat. Toutefois, il semble que ce scrutin sera une simple formalité pour le chef de l'OLP, Mahmoud Abbas, promu à une élection sans problème. De fait, ce sont les circonstances qui sont actuellement celles des territoires occupés, qui enlèvent tout suspense à un scrutin quasiment gagné d'avance par le nouvel homme fort palestinien. De fait, les sondages qui donnent M. Abbas largement vainqueur de la consultation électorale, montrent également que le candidat indépendant, Moustapha Barghouti, auquel est accordé 28% des intentions de vote, auraient eu les moyens de contrecarrer les certitudes d'Abou Mazen si le scrutin avait été tenu dans d'autres circonstances. Médecin de 51 ans, Moustapha Barghouti, -à l'exemple de son homonyme Marwan Barghouti, 44 ans, héros de l'Intifada en Cisjordanie, actuellement prisonnier en Israël-, représente la nouvelle génération palestinienne qui veut mettre un terme au pouvoir des caciques et surtout à une vision différente de ce que sera la Palestine. Moustapha Barghouti, qui a longtemps été actif dans des ONG, s'est signalé ces dernières années par sa lutte contre la corruption qui a gangrené les institutions palestiniennes. De fait, son mot d'ordre dans la campagne électorale a été «lutte pour la démocratie, contre la corruption, contre l'insécurité et pour un Etat de droit». Tout un programme! Beaucoup de jeunes Palestiniens disent qu'ils voteront pour lui. Il est patent que dans d'autres circonstances, Mahmoud Abbas n'aurait pas eu la partie aussi facile qu'elle semble se présenter pour lui. Moustapha Barghouti qui veut néanmoins tenter sa chance affirme: «Nous voulons mettre fin à l'occupation et parvenir à un règlement définitif (avec Israël) loin des solutions intérimaires qui n'ont fait qu'apporter plus de souffrances à notre peuple». Mais le moment ne semble pas encore venu pour donner à la jeune génération palestinienne de prendre la relève. Ce qui assure le chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) de succéder au mythique héros Yasser Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne. De fait, Mahmoud Abbas, qui a piqué une colère noire mercredi dernier, après l'assassinat, à Khan Younès, de huit Palestiniens par l'armée israélienne, allant jusqu'à user d'un langage qu'on ne lui connaissait pas trop, traitant, Israël «d'ennemi sioniste», reste cependant ferme sur le fait que l'Intifada armée est contre-productive indiquant «nous soutenons l'Intifada, mais nous sommes contre l'utilisation des armes dans l'Intifada», position qui a toujours été la sienne depuis que l'Intifada a viré à une opposition armée, inégale, sur tous les points, entre un Israël dont l'armée est suréquipée, et une résistance palestinienne qui n'a à sa disposition les peu efficaces roquettes. Le scrutin de demain est toutefois marqué par le boycott des formations islamistes, Hamas et Jihad islamique, qui ont décidé de ne pas participé au scrutin présidentiel. Quoique cela n'aura pas d'impact important sur l'élection, une participation de toutes les formations palestiniennes aurait sans doute donné d'autres atouts au futur président de l'Autorité palestinienne. Expliquant leur absence du scrutin, les islamistes estiment que les conditions n'existent pas pour une telle élection. Samir Abou Zouhri, porte-parole de Hamas indique: «Nous n'avons pas dit que cette élection n'était pas légitime, mais nous avons décidé de la boycotter pour des raisons évidentes car nous estimons que le président élu ne pourra pas prendre de décisions importantes en présence d'un Parlement dont le mandat a expiré». Pour le Jihad islamique, «ce boycott s'explique par l'opposition du Jihad aux accords signés avec Israël, et sa volonté de laisser au peuple palestinien des alternatives au règlement politique, celles de la résistance et le maintien de nos armes», souligne l'un des principaux responsable du Jihad islamique, Khaled Al-Batch. Cependant, avec ou sans les mouvements islamiques, le peuple palestinien s'apprête à ouvrir demain une nouvelle page de son histoire.