Aujourd'hui même, le Parlement de Tobrouk doit entendre le président du Conseil présidentiel libyen sur la nouvelle liste de 18 membres qu'il a proposée la semaine dernière et tous les regards, en particulier ceux des pays européens, convergent vers cette ville. Mardi dernier, nous avons évoqué l'imminence de la menace d'une intervention militaire occidentale en Libye, où la validation du gouvernement d'union nationale proposé par Al Serraj tarde à venir. Aujourd'hui même, le Parlement de Tobrouk doit entendre le président du Conseil présidentiel libyen sur la nouvelle liste de 18 membres qu'il a proposée la semaine dernière et tous les regards, en particulier ceux des pays européens les plus inquiets de la situation dans ce pays, convergent, avec une impatience à la mesure de la frustration accumulée depuis des mois, vers cette ville. C'est dans ce contexte que 41 morts ont été dénombrés hier, dans une cache de la ville de Sabratha, par l'aviation américaine qui a bombardé une maison abritant des membres du groupe Etat islamique (EI) en Libye, Washington affirmant avoir ciblé un camp de l'organisation jihadiste. Cette maison visée à l'aube se trouve à Sabratha, une ville à 70 km à l'ouest de Tripoli. «La grande majorité des morts étaient des Tunisiens, vraisemblablement des membres de l'EI», selon le témoignage d'un responsable libyen. Au-delà de l'absence de précision quant au nombre des victimes, côté américain, il y a lieu de relever les aveux recueillis par les milices de Fadj Libya selon lesquelles une réunion était organisée par Daesh au moment même du raid dont la précision est à souligner car il n'a affecté que la seule maison visée. Le New York Times qui a révélé cette opération, intervenue hier tôt le matin, a souligné, pour sa part, qu'un haut responsable tunisien de l'EI en Libye, Nourredine Chouchane, se trouvait dans cette maison et figure «probablement» parmi les tués. Cet homme était le cerveau commanditaire des deux attentats sanglants en Tunisie, au cours de l'année précédente. Elément qui confirme les accusations portées à maintes reprises par les autorités tunisiennes qui attribuent le double attentat intervenu à Tunis et à Sousse, notamment, faisant plus de 60 morts, aux groupes terroristes qui s'entraînent à Sabratha. Le camp ciblé par les Américains avait été fondé en 2013 par quelques-uns des 600 Tunisiens devenus depuis des membres importants de l'Etat islamique en Libye, dont beaucoup proviennent du contingent plus important, environ 2000 membres, en Syrie. Quant aux Etats-Unis, il s'agit de leur quatrième intervention armée, semi-clandestine, contre des groupes terroristes en Libye, depuis le début 2013. Selon la municipalité de Sabratha, parmi la quarantaine de personnes tuées dans ce bombardement américain, presque toutes seraient des jihadistes tunisiens. La montée en puissance de l'Etat islamique est ainsi une nouvelle fois démontrée. Le groupe n'est pas seulement à Syrte, il dispose de caches et de réseaux dispersés dans plusieurs autres localités dont Benghazi et sans doute même Tripoli ou ses environs. Sa stratégie des petits pas doit le conduire, selon les ambitions de ses chefs, à la conquête des bases pétrolières, dans un premier temps. Et c'est là qu'on mesure davantage l'urgence de l'entrée en fonction du gouvernement d'union nationale qui aura pour tâches premières de restaurer la paix et la sécurité en Libye. Le jeu permanent du chat et de la souris auquel se livrent les Parlements de Tripoli et Tobrouk devient, à se stade, dangereux car il va de la pérennité du dialogue mené par la médiation onusienne et le Groupe des pays voisins. Un nouvel atermoiement donnerait clairement le feu vert à une intervention militaire qui aura vite fait d'achever les quelques chances qui subsistent de préserver l'unité, l'intégrité et la souveraineté de la Libye. Il se peut que Tobrouk consacre aujourd'hui le gouvernement de 18 membres proposé par Al Serraj. C'est un fait nécessaire mais non suffisant. Car il faudra bien qu'aussitôt Tripoli lui donne sa bénédiction, pour lui permettre de commencer à agir en siégeant dans la capitale du pays, d'une part, et à négocier l'aide militaire avant la «coopération» économique dont se targuent les pays occidentaux, d'autre part. A tout cela, il y a une condition et une seule. Que tous les Libyens, excepté les adeptes des groupes terroristes, se mobilisent effectivement pour sauver leur pays d'une catastrophe annoncée.