La chaîne qatarie Al-Jazira a été le seul média à suivre de bout en bout cette rencontre hautement secrète. Le fameux congrès, troisième du nom, de l'ex-FIS, a fini par avoir lieu. Il a été tenu, indique la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira, en Belgique samedi et dimanche derniers. Les assises, indique la même source, ont été entourées du secret le plus absolu. Seule cette chaîne de télévision, connue pour être proche du courant islamiste international, a été autorisée à couvrir l'événement. Des images ont illustré les affirmations de cette télévision même s'il était impossible de distinguer les visages des présents. Ce congrès, faut-il le souligner, «rôdait» depuis de nombreux mois. Les autorités algériennes avaient effectué de nombreuses démarches diplomatiques en vue d'empêcher sa tenue. Ces dernières semblaient être confortées dans leurs démarches depuis les attentats du 11 septembre. Le fait, donc, que le congrès ait fini par avoir lieu peut vouloir dire que la dualité européenne vis-à-vis de l'islamisme existe toujours. A moins que tout cela n'entre dans une démarche autrement plus réfléchie et plus globale. Les congressistes, en effet, à en croire la chaîne de télévision qatarie, ont pris deux décisions d'une grande importance. La première concerne la dénonciation de toute forme de violence aveugle d'où qu'elle vienne, ce qui constitue un désaveu officiel, le premier du genre, de tous les groupes terroristes activant encore en Algérie. Le congrès, toutefois, continue d'autoriser la violence uniquement dans le cas de légitime défense. Cette autorisation, croit-on savoir, concerne uniquement les «repentis» souvent traqués par les criminels islamistes encore en action et qui se font régulièrement assassiner. Il peut aussi s'agir d'une confirmation indirecte d'une partie du fameux accord ANP-AIS où il est question de permettre aux anciens éléments de l'AIS d'aider à traquer dans les maquis les irréductibles criminels du GIA et du Gspc. La seconde a trait à la dissolution de toutes les instances préexistantes et leur remplacement par un nouveau «majliss echoura», élu durant ce congrès. Il faut donc croire, à la lecture de ces nouvelles donnes, que les représentants de la délégation parlementaire à l'étranger, mais aussi les gens s'exprimant au nom du conseil de coordination n'auront plus droit de cité. Des figures, telles que Haddam et Kébir, acquises, aux thèses des éléments radicaux du GIA, peuvent, de la sorte, être éliminées définitivement de la scène politico-médiatique, ce qui constituerait un pas supplémentaire sur la voie de la concorde nationale, si chère au coeur du Président de la République. Le congrès, dont le reste des résolutions est demeuré secret, ne donne pas, non plus, les noms des nouveaux membres du majliss echoura même s'il est souligné que des représentants, tant à l'étranger qu'à l'intérieur du pays, ont pris part à ces assises. L'on croit savoir, toutefois, que les leaders historiques de l'ex-FIS, Abassi et Benhadj, auraient été reconduits de facto dans la nouvelle instance dirigeante de ce parti. Ali Benhadj, rappelons-le, avait déjà écrit au Président de la République, en 2000, pour lui proposer d'aider à résoudre la crise sécuritaire sans aucun préalable, ni conditions spéciales. Les choses s'étaient détériorées par la suite après que la concorde civile eut commencé à battre de l'aile et que les groupes terroristes élevés contre cette démarche eurent décidé de redoubler de violence sanguinaire, rendant impossible tout passage immédiat vers ce que le chef de l'Etat qualifie de concorde nationale. Il ne fait aucun doute que les prochains jours nous en diront plus sur cet événement. Y compris sur le fait que ce dernier vient, peut-être, annoncer l'éclatement officiel du peu qui reste encore de ce parti officiellement dissous par les autorités algériennes en mars 92.