L'architecte de la révolution La création de l'Ugta s'est faite dans l'urgence, mais la rigueur et la clairvoyance de ses fondateurs en a vite fait l'un des moteurs les plus efficaces de la Révolution algérienne. Vers la mi-février 1956, par une journée fraîche, une rencontre historique devait se tenir. Abane Ramdane, qui venait d'être libéré et réintroduit par Krim Belkacem dans les cercles dirigeants de la révolution, a rencontré un groupe de nationalistes, dont Aïssat Idir, dans l'objectif de créer une Centrale syndicale pour faire face au MNA qui avait annoncé, le 14 février, la création de l'Union syndicale des travailleurs algériens (Usta). En effet, début février 1956. Abane Ramdane et Benkhedda Benyoucef sont informés que le MNA préparait activement la création de l'Union syndicale et cherche à s'affilier à la Cisl. Bouzerina (dit H'didouche), l'un des chefs des fidaïne, informe Yacef Saâdi de la tenue d'une réunion avec Abane Ramdane, 5 rue des Abérames (Casbah d'Alger). Assistent à la réunion Ali la Pointe (adjoint de Yacef Saâdi), Amar Ouzegane et Benyoucef Benkhedda. Au cours de cette réunion, deux décisions ont été prises: la création de l'Ugta et de l'Union générale des commerçants algériens (Ugca). Mais la création officielle par le MNA de l'Union syndicale des travailleurs algériens (Usta) le 14 janvier 1956 va accélérer les choses et pousser les dirigeants du FLN à aller plus vite que prévu. Ainsi, vers le 15-16 février, une réunion d'organisation de I'Ugta s'est tenue chez Boualem Bourouiba à St-Eugène (actuellement Bologhine) en présence de Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda, Mohamed Drareni, Aïssat Idir, le Dr Chaulet. Une semaine après, une deuxième réunion a eu lieu chez Melaine Mouloud, propriétaire d'une limonaderie et militant PPA-MTLD, en présence des mêmes personnes et Ali Yahia Abdelmadjid. A l'issue de cette rencontre, Drareni Mohamed a été désigné pour assurer la liaison avec Benyoucef Benkhedda et Aïssat Idir. Le 24 février de la même année, l'Assemblée générale constitutive s'est faite et le Bureau national et le Secrétariat national ont été désignés avec Aïssat Idir comme secrétaire général, Benaïssa Attallah comme secrétaire adjoint et Ali Yahia Abdelmadjid comme trésorier général. Juste après, début mars 1956, l'Ugta a commencé à se donner une visibilité à travers des actions de communication tous azimuts. En effet, le Dr Pierre Chaulet, correspondant de presse de L'Action (Tunis) et de Conscience maghrébine (revue dirigée par le professeur Mandouze), interviewe Aïssat Idir dans les locaux du Cercle du progrès et l'interview a été reprise par toute la presse internationale.