Le 57e anniversaire de la création de l'UGTA (le 24 février 1956) a été commémoré, hier, au forum d'El Moudjahid, lors d'une conférence organisée conjointement avec l'association Machaâl Chahid. L'occasion était de passer en revue les principales étapes du processus de création de même que le parcours militant du fondateur de l'organisation, Aïssat Iddir. Après un survol biographique, présenté par l'universitaire Mohamed Abbas, le moudjahid et ancien syndicaliste, Abdelmadjid Azzi, est revenu sur la conjoncture de l'époque ayant conduit à la « nécessité » de mettre en place une structure pour mobiliser les travailleurs autour de la cause nationale, à l'intérieur, mais aussi et surtout à l'extérieur du pays. M. Azzi considère, en effet, que l'extérieur comptait le plus, eu égard aux enjeux prévalant dans les années 1950 sur la scène prolétaire internationale. Celle-ci était dominée, rappelle-t-il, par deux grandes organisations syndicales : le CSN du bloc capitaliste et la FSN du pôle socialiste, dirigé par l'ex-URSS. « En plus de la mobilisation, l'Organisation avait la mission de faire entendre la révolution algérienne au plan international », souligne le conférencier. Au plan interne, la création, le 16 février 1956, de l'Union syndicale des travailleurs algériens (USTA), soutenue, essentiellement, par les Messalistes, aurait précipité, indique-t-il, la constitution de l'UGTA. L'enjeu était, donc, de taille sachant les rivalités entre le MNA et le FLN. L'auteur raconte que le défunt militant de la cause algérienne, le Pr Pierre Chaulet, transportait à bord de sa Citroën 2 CV les fondateurs, dont Aïssat idir, au domicile de Boualem Bourguiba, à Saint-Eugène (Bologhine) où l'Organisation a vu le jour le 24 février 1954. Abdelmadjid Azzi poursuit son témoignage, indiquant que « les colons français, qui signalaient des mouvements suspects dans la Casbah avaient commis un attentat contre « le siège clandestin de l'UGTA, sis à la basse Casbah ». L'Organisation a connu, en raison des pressions exercées sur elle, cinq secrétariats en une année, ajoute M. Azzi, auteur de l'ouvrage intitulé « Le mouvement syndical algérien à l'épreuve de l'Indépendance », paru aux éditions Alger Livres. Mohamed Ghafir, plus connu sous le nom de Moh Clichy, est chargé par Tahar Gaïd, cofondateur de l'Organisation, d'apporter son témoignage sur la création d'une organisation syndicale des travailleurs algériens. Pour lui, la démarche est venue de Abane Ramdane, qui a été à l'origine de la création d'un syndicat des travailleurs. « L'idée a pris forme déjà chez Abane, en octobre 1955 », dira-t-il.