Inquiète, la Turquie se dit «peu optimiste» Obama a insisté sur l'importance du respect de cet accord. Poutine s'est engagé à obtenir un arrêt des hostilités pour peu que les Etats-Unis en fassent de même avec les groupes rebelles. Le gouvernement de Bachar al Assad a annoncé hier qu'il acceptait la proposition russo-américaine sur la cessation des hostilités en Syrie au soir du 27 février prochain, à minuit heure locale, tout en soulignant qu'il continuera à combattre les «groupes terroristes» dont l'organisation Etat islamique (EI) et le Front Al-Nosra, exclus de cet accord. Cette acceptation de la cessation des hostilités représente, a aussitôt commenté le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, «un signe d'espoir pour la population syrienne» et il a exhorté l'ensemble des parties à respecter ce fragile consensus, conscient qu'il «reste beaucoup de travail à accomplir pour le faire respecter». Le fait est que certains aspects de l'accord demeurent obscurs, comme la classification des organisations terroristes autres que l'EI et Al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaîda, telle qu'elle figure dans la liste établie par le Conseil de sécurité de l'ONU. Elles ne sont pas identifiées explicitement dans le texte de l'accord russo-américain, à moins qu'il ne s'agisse d'un alinéa non publiable. Or, la stratégie de Damas et de Moscou sur le terrain ne fait aucune différence entre les groupes qualifiés de «rebelles» par la coalition internationale et farouchement soutenus par l'Arabie saoudite et les pays membres du Conseil consultatif du Golfe et les organisations terroristes, ce qui rend d'autant complexe et fragile la mise en oeuvre et surtout le respect de cet accord. En témoigne la réaction mi-figue mi-raisin de la Turquie qui a «salué hier le projet américano-russe» de cessez-le-feu en Syrie mais a mis l'accent sur les doutes quant à sa portée véritable. Ankara se dit «peu optimiste» et réitère ses menaces de riposter contre la milice kurde si elle était attaquée. De plus, le gouvernement turc ne croît pas à un arrêt des bombardements aériens russes pas plus qu'il n'envisage l'arrêt immédiat des bombardements de l'artillerie turque qui pilonne les positions des forces kurdes du YPG (unités de protection du peuple) dans les zones d'Azaz et d'Alep, au nord de la Syrie. Les présidents américain Barack Obama et russe Vladimir Poutine ont avalisé cet accord lundi lors d'un contact téléphonique établi par Moscou, selon la Maison-Blanche. Obama a longuement insisté sur l'importance du respect de cet accord pour «soulager les souffrances du peuple syrien» et «se concentrer» sur le combat contre l'EI. Poutine s'est ensuite engagé, dans une intervention télévisée, à obtenir des «autorités syriennes légitimes» un arrêt des hostilités pour peu que les Etats-Unis en fassent de même avec les groupes rebelles. Or le représentant officieux de ces derniers, baptisé Haut Comité des négociations (HCN)et rassemblant les groupes majeurs de l'opposition syrienne, a adhéré à cet accord de cessez-le-feu, à condition que les dispositions de la résolution 2254 de l'ONU, adoptée en décembre, soient respectées, notamment celles prévoyant un accès aux civils dans les zones assiégées et la livraison d'aide humanitaire. Reconnu par les seuls pays de la coalition internationale, ce Haut Comité des négociations tente de desserrer l'étau que l'armée syrienne exerce sur diverses positions, comme Mouadamiyat al Cham, aux alentours de Damas, ou Alep. Le passage d'un convoi humanitaire de 44 camions, lundi dernier, sous la supervision de l'ONU, a constitué un geste de bonne volonté du régime de Damas dans l'attente des réactions véritables d'une opposition soumise aux exigences des pays qui la soutiennent, notamment l'Arabie saoudite hostile à tout règlement qui laisserait la porte ouverte au maintien du président Bachar al Assad. Celui-ci a annoncé, hier, qu'il convoquerait des élections législatives en avril prochain, prélude à une normalisation graduelle du pays qui, si le cessez-le-feu est réellement respecté, pourrait en finir rapidement avec le terrorisme et panser les graves blessures infligées à un peuple ayant, lui aussi, payé un lourd tribut.