Pas moins de 650 familles du vieil Oran (Sidi El Houari) ont été relogées en début de cette semaine Dans leur action, qui semble s'inscrire dans la durée, les protestataires ont totalement obstrué le boulevard Stalingrad, provoquant un énorme bouchon gênant la circulation. Cette année sera consacrée exclusivement au relogement des familles en mal d'habitations décentes. Il s'agit d'une véritable problématique contre laquelle la wilaya semble avoir pris à l'avance toutes ses dispositions, tout en anticipant les événements plus ou moins désagréables, sinon tout au moins les contenir. Les occupants des habitations précaires ou encore les familles occupant les bâtisses menaçant ruines seront relogées aussi bien en priorité qu'en urgence. Un tel engagement est réitéré par le wali d'Oran lors de chacune de ses sorties médiatiques. La question est tout de même épineuse, rien qu'en l'invoquant, du fait que plusieurs dizaines de familles de plusieurs quartiers populaires continuent à revendiquer leur droit au... logement décent. Les habitants du vieil Oran, Sidi El Houari, ne décolèrent toujours pas en sortant dans la rue pour le troisième jour consécutif. Il s'agit de plusieurs familles n'ayant pas été prises en charge dans le cadre des dernières opérations, qui campent sur leurs positions en organisant leur mouvement de protestation à travers lequel elles tentent le tout pour tout dans le seul but d'attirer l'attention des pouvoirs locaux. Dans leur action, qui semble s'inscrire dans la durée, les protestataires ont totalement obstrué le boulevard Stalingrad, provoquant un énorme bouchon gênant la circulation. Les responsables ne se disculpent pas Cette action, plus ou moins radicale, constitue, selon les protestataires, un moyen de pression devant aboutir à la prise en charge de leur principale revendication: leur droit à l'habitation décente. Aucun des membres de ces familles, s'estimant lésées, ne semble manifester sa détermination quant à lâcher du lest. «Nous sommes à la fois mobilisés et déterminés à aller jusqu'au bout dans notre action jusqu'à ce que notre relogement soit décidé», dira un père de famille, tout irrité à la vue de plusieurs de ses voisins relogés. «Nous sommes tous dans le même pétrin!», s'est-il exclamé avant de s'interroger sur les critères pris en compte par l'administration locale en relogeant ses voisins, laissant plusieurs autres familles dans l'expectative. Les contestataires pointent d'un doigt accusateur des agents des secteurs urbains et des responsables des différentes commissions en charge du recensement, les accusant d'être à l'origine de cette ébullition. Dans ces accusations, les mal logés estiment que «ces responsables ont manqué de transparence dans la gestion de la problématique des occupants, du vieux bâti, demandeurs de logements». Tout a commencé lorsque pas moins de 650 familles du vieil Oran (Sidi El Houari) ont été relogées en début de cette semaine dans le nouveau pôle urbain de Belgaïd, à l'est d'Oran. Ces manifestations citoyennes pacifiques ne sont tout de même pas sans incidences sur d'autres secteurs comme le transport ferroviaire. Les chemins de fer de la Société nationale des transports ferroviaires (Sntf) ont été la cible d'une action de rue organisée par les occupants des bidonvilles d'Es-Senia. Dans cette manifestation, les protestataires revendiquant eux aussi leur droit au logement, ont envahi le chemin de fer bloquant près d'une vingtaine de trains venant de toutes les directions pendant plusieurs heures. Des responsables en charge du relogement, à leur tête ceux de l'habitat, ne se «disculpent» pas. Mieux encore, ils estiment qu'ils sont totalement «indemnes» du chapeau qui leur a été apporté à leur encontre par les familles contestatrices en indiquant que «tout le monde aura droit à son habitation». «Ce n'est qu'une question de temps», diront plus d'un, expliquant que «ce relogement est inscrit dans le cadre d'une vaste opération visant à régler le problème des habitations vétustes constituant un danger réel pour leurs occupants et recensées au niveau des huit secteurs urbains de la commune d'Oran». Selon les chiffres avancés, quelque 2700 familles sont concernées par le relogement qui se résorbe graduellement. Là encore, les responsables locaux visent loin en s'engageant à faire table rase dans le cadre du règlement définitif du problème des habitations vétustes de la commune d'Oran. Là encore, l'administration locale, sans poser un quelconque préalable, estime juste de se lancer dans une vaste opération de relogement, par étapes, touchant des familles de la commune d'Oran résidant dans des immeubles vétustes et menaçant ruine. «Le relogement se poursuivra par étapes jusqu'au relogement total des familles concernées et recensées au niveau des huit secteurs urbains de la commune d'Oran», dira-t-on. Dans un communiqué rendu public récemment, les services de la wilaya soulignent que «le quartier de Sidi El Houari, cité-mémoire d'Oran, est le premier concerné par cette opération». Les exégèses ne manquent pas. Les services de la wilaya expliquent une telle démarche par le fait que «le site populaire n'a pas été touché depuis des années par des opérations de relogement, alors qu'il est constitué par des bâtisses remontant à la période précoloniale». Et d'ajouter que «les cas d'effondrements et d'affaissements de constructions sont nombreux». La protection obligatoire de Sidi El Houari La gestion du vieux bâti n'est pas un simple point de vue. Tout compte fait, les pouvoirs locaux sont ballotés entre la nécessité de prendre en charge les occupants des bâtisses en les relogeant et l'obligation de prémunir ces vieilles bâtisses de la disparition. Le vieil Oran, baptisé au nom de Sidi El Houari, a été classé en tant que «secteur préservé». Une telle mesure a été décidée en tenant compte de la valeur historique et de l'importance de ses sites et monuments historiques dont regorge la ville d'Oran. Les services de la wilaya estiment juste qu'il soit important de préserver, vaille que vaille, le caractère historique et le style architectural particulier du bâti. En ce sens, un travail de recensement et d'identification d'immeubles dont la valeur historique et architecturale n'est pas à négliger a été entamé par des équipes de techniciens relevant de différentes directions. En tout, 66 constructions ont été ainsi examinées. Le diagnostic est irréfutable et incontestable. Plus d'une vingtaine de constructions feront l'objet d'un traitement exceptionnel en les sauvegardant. «Ces bâtiments ne seront pas démolis», a-t-on indiqué ajoutant que «les 42 autres ne représentant aucun intérêt sur les plans historique et architectural seront rasées». Localement, le ton est aux calculs sans pour autant manquer de visions jugées à la fois «lucides» et «futuristes». Qu'à cela ne tienne! «Les immeubles retenus seront restaurés. Ils abriteront les sièges d'établissements publics comme Algérie Télécom, l'Opgi ainsi que le syndicat des pharmaciens et le barreau d'Oran», relève-t-on du communiqué diffusé par la wilaya. Les rédacteurs dudit document indiquent que «les services de la wilaya soulignent tout l'intérêt porté au quartier de Sidi El Houari, mémoire vivante du vieil Oran, et à l'importance accordée à la préservation et à la sauvegarde de ses sites et monuments». Ce n'est pas tout. «Les travaux de restauration de la mosquée du Pacha et du Palais du bey seront lancés prochainement», affirme-t-on.