Le président syrien Bachar al-Assad a promis de faire en sorte que la trêve entrée en vigueur samedi «fonctionne», dans une interview à la télévision publique allemande ARD dont des extraits ont été publiés hier. «Nous ferons ce qui dépend de nous pour que tout cela fonctionne», a déclaré M.al-Assad, dans cette interview qui devait être diffusée dans son intégralité hier soir et dans laquelle il propose également «un retour à la vie civile» et «une amnistie complète» aux combattants de l'opposition déposant les armes. Concernant la trêve, «les terroristes l'ont rompue dès la première heure», a dit M.Assad. Mais, a-t-il ajouté, «l'armée syrienne s'est abstenue de toutes représailles pour maintenir les chances de survie de l'accord». «Tout a ses limites. Cela dépend de l'autre camp», a-t-il cependant mis en garde. Le président syrien affirme aussi vouloir accorder «une amnistie complète» aux combattants de l'opposition qui déposeraient les armes. «La chose la plus importante pour moi, légalement et constitutionnellement, en me fondant sur l'intérêt du peuple syrien et les principes qui régissent tout Etat, c'est que l'on n'est pas autorisé en tant que citoyen à détenir des armes à feu et à porter atteinte aux gens ou aux biens», a déclaré M.Assad. Dans cette interview, il qualifie de «désastre humanitaire» la situation de la population syrienne, contestant que ses troupes empêchent la livraison de vivres ou de médicaments dans les zones contrôlées par l'opposition. «Comment pourrions-nous priver ces zones de vivres alors que nous ne parvenons pas à empêcher l'approvisionnement en armes?», a-t-il dit. La trêve entre régime et rebelles est généralement respectée depuis samedi malgré quelques accusations de violation et les équipes de l'ONU ont pu livrer lundi de l'aide à l'une des villes assiégées. Les mouvements jihadistes Etat islamique (EI) et Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda, sont exclus de la cessation des hostilités et continuent donc d'être visés par les frappes de l'armée syrienne, de la Russie ou de la coalition internationale dirigée par Washington. Dans ce contexte, l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a affirmé que le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» et le Front Nosra, sont la plus grande menace pour l'accord sur la cessation des hostilités en Syrie. Dans un entretien qu'il a accordé au journal italien de La Repubblica M. de Mistura a fait savoir lundi que certains incidents constituaient eux aussi une «menace grave» pour l'accord, en allusion aux violations du cessez-le-feu qui ont été signalées depuis son entrée en vigueur samedi. Lundi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que la trêve en Syrie tenait «globalement» malgré des «incidents» isolés. De son côté, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a annoncé avoir convenu avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, d'oeuvrer à la mise au point d'un mécanisme qui garantisse de concentrer les frappes aériennes en Syrie contre les groupes terroristes. «Il a été convenu d'intensifier l'action pour mettre au point un mécanisme qui garantisse de porter les frappes aériennes en Syrie contre les deux réseaux terroristes Daesh et le Front al-Nosra», a indiqué M. Kerry, cité hier par l'agence de presse syrienne Sana. Lundi, de hauts responsables du Pentagone ont évoqué lors d'une vidéo-conférence avec des responsables du ministère de la Défense russe, la sécurité de leurs opérations aériennes en Syrie.