La justice a... tranché Guide d'un mouvement islamiste non agréé, Hamadache Abdelfattah s'en est violemment pris au journaliste-écrivain Kamel Daoud tout en appelant à son meurtre. La 7e section de la chambre pénale du tribunal correctionnel de la cité Djamel a rendu hier matin son verdict dans l'affaire opposant le journaliste-écrivain Kamel Daoud à Abdelfattah Hamadache. Ce dernier a été condamné à une peine de 6 mois de prison avec 3 mois de sursis, une amende de 50.000 dinars et à un dinar symbolique à verser au profit de la partie civile, Kamel Daoud. «Une telle sentence est réconfortante», dira Me Abderezzak Fodil, avocat de la partie civile ajoutant: «Cela démontre que la justice est tranchante dans de pareilles situations.» «Personne n'a le droit de menacer de mort une autre personne», a conclu Me Abderezzak Fodil exprimant sa satisfaction «nous sommes tous satisfaits, Kamel Daoud et moi de ce verdict». Contacté par L'Expression, Kamel Daoud s'est abstenu de tout commentaire et à toute déclaration expliquant «vouloir se reposer pour le moment et ne pas alimenter la polémique». Dans cette affaire opposant Kamel Daoud à Abdelfattah Hamadache, le procès a été ouvert la semaine dernière en présence de l'accusé, Abdelfattah Hamadache. Aussi, le procureur a requis une sentence de 6 mois de prison ferme et une amende de 50.000 dinars contre le mis en cause, Abdelfattah Hamadache. Ce dernier, guide d'un mouvement islamiste non agréé qu'il a baptisé au nom du Front de la Sahwa islamique salafiste libre, s'en est violemment pris au journaliste-écrivain Kamel Daoud tout en appelant à son meurtre. L'avocat de la partie civile,Me Abderezzak Fodil, a dans une déclaration récente souligné que «nous avons plaidé et demandé un dinar symbolique». Le procès, qui a été tant attendu, n'est pas toutefois sans défrayer la chronique nationale et internationale et alimenté les débats tous azimuts. «Un journaliste faisant l'objet de menaces est un retour à la case départ lorsque les hommes de lettres et intellectuels tombaient sous les balles assassines des GIA», dira un journaliste se félicitant du verdict rendu hier. Pour celui-ci, une telle sentence démontre la volonté réelle de l'Etat et des hommes de justice quant à lutter, voire soumettre, l'intégrisme. Ceux qui ont suivi l'affaire déclenchée le mois de décembre 2014, n'ont pas, eux aussi, hésité un seul instant à occuper les pages entières des quotidiens nationaux et régionaux, les réseaux sociaux en dénonçant vivement, voire condamnant l'appel au meurtre lancé par le salafiste Abdelfattah Hamadache contre l'écrivain. Pour sa part, Kamel Daoud ne s'est pas laissé «bercer» ni pas moins troubler par la menace proférée à son encontre en s'en remettant aux justiciers, seuls habilités à lui rendre justice. Vu la gravité des propos de Hamadache, il a donc jugé utile de recourir à la justice algérienne dans le but d'assurer sa protection contre cette violence et mettre un terme à un précédent qui avait soulevé l'ire et l'indignation de l'opinion publique. Une telle réparation du préjudice, voulue par Kamel Daoud n'est pas d'ordre financier. D'ailleurs, le verdict prononcé est assorti d'un dinar symbolique à verser à la partie civile. A cet effet, l'avocat de l'écrivain a réitéré une telle évidence en déclarant récemment que «le procès intenté a pour but essentiel la réparation morale pour le préjudice qui a été porté à l'écrivain». «Nous ne nous occupons pas de réparations matérielles, mais nous souhaitons que l'accusé soit puni par la justice du pays», a-t-il affirmé. Or, ledit accusé, lui n'a pas jugé utile de se repentir ni de se rétracter dans ses appels tout véhéments, agressifs et incendiaires qu'il a lancés à l'égard de l'écrivain-journaliste en appelant à son meurtre. Hamadache n'a pas nié les faits qui lui étaient reprochés, aussi bien pendant son audition par le juge d'instruction que pendant son jugement. Ce n'est pas tout. Abdelfattah Hamadache a appelé à «l'application des houdoud (limites)». En fait, le salafiste Abdelfattah Hamadache, en émettant son appel au meurtre contre le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud, a été loin dans ses propos incendiaires qualifiant Kamel Daoud d'«apostat» et de «sionisé» qui insulte «Allah et le Coran et combat l'islam». Plus grave encore, il a tenté d'impliquer le régime algérien, l'appelant à condamner Daoud «à être exécuté publiquement pour sa guerre contre l'islam». Pourtant, a contrario, Kamel Daoud a, pour sa part, appelé simplement à l'application de la loi de son pays. Au final, Kamel Daoud a eu gain de cause, la loi a été appliquée.