Farouk, Mounir Ahmed et Adelghani sont trois jeunes qui ont tout reconnu devant les policiers, mais... Farouk, Mounir Ahmed et Abdelghani sont poursuivis pour cons-titution de malfaiteurs, vol et détention d'arme à feu que l'enquête n'a jamais pu retrouver puisque l'auteur avait affirmé qu'il s'en était débarrassé avant de commettre le vol aux dépens de l'oncle maternel de l'un des inculpés. Les débats seront tranchants grâce à la vigilance de la présidente Benmlouka qui ne veut nullement perdre son temps en fioritures ou autres inutiles driblles. Dans l'ensemble, les inculpés n'ont pas facilité la tâche du tribunal à qui il ne restait qu'à s'accrocher à l'ordonnance de renvoi qui contient des faits avérés et ce, à la suite des «coutures» des déclarations de Farouk, de Ahmed Mounir et Abdelghani dont les conseils s'étaient échinés à revenir à l'enquête définitive, celle menée à la barre par une juge qui fait l'unanimité pour ce qui est de la droiture dans la conduite des débats. Maître Sarah Daoud, pour le troisième inculpé, s'était collée à la personnalisation des délits. Elle met sur le dos des enquêteurs les ratés du dossier. «Toutes les histoires racontées ici donnent qu'il y a eu vol, port d'arme à feu et autres tentatives de fuite en avant de certains inculpés. Mon client est blanc. Son tort est de ne pas connaître les deux victimes», a dit le conseil. L'inculpé d'association de malfaiteurs et de vol a été catégorique lorsque Sihem Ben-mlouka, la jeune présidente de la section correctionnelle du tribunal de Hadjout (cour de Blida) lui avait demandé de relater les faits qui lui sont reprochés ainsi qu'à ses deux co-détenus: «Madame la présidente, le soir de mon audition par les services de police, vers vingt-trois heures, on m'a tendu le procès-verbal que j'ai signé sans le parcourir...» «C'est bien d'avoir signé ce que vous aviez déclaré, où est le problème?», coupe à dessein la juge qui avait deviné où voulait l'entraîner le détenu de vingt-six ans. «C'est que madame la présidente, je n'ai jamais fait les déclarations que vous venez de lire, on m'a eu. J'ai été blousé par la police...» «Ah bon? Vous avez des ennemis dans la police ou y a-t-il quelqu'un en particulier qui vous en veut?», ironise presque la magistrate qui avait aussi compris l'astuce du détenu: dribbler le tribunal jusqu'à l'usure. Le deuxième inculpé aussi allait nier, nier, nier, le temps que le dernier détenu «révise» la leçon apprise durant la détention préventive. Le pot aux roses sera découvert par l'oncle maternel du premier inculpé qui a volé la coquette somme de vingt millions de centimes. L'oncle victime raconte tout sous le feu nourri des dix questions posées par l'intenable Amal Tahi, la procureure de l'audience qui joue à merveille son rôle de poursuivante. Le premier inculpé mis en cause par le tonton enfourche un autre cheval: celui des coups reçus au commissariat de police! Benmlouka, en sa qualité de juge du siège, en avait vu et entendu d'autres plus rusés. Elle balaie du revers de la main les propos de l'inculpé qui panique. Et à la barre, celui qui panique, chavire et tombe à... l'oh! Les débats passent à la vitesse supérieure. Tahi, la représentante du ministère public appuie sur le cham-pignon. Elle cherche à aider le tribunal dans sa tâche de découvrir la vérité. Les trois jeunes et beaux inculpés n'allaient pas s'apercevoir que Benmlouka prenait des notes qui ne peuvent être que les termes du dispositif, les faits étant têtus. Entre-temps, la procureure continuait, avec l'assentiment de la juge du siège, à poser de bonnes questions juste pour démontrer que les inculpés avaient avoué sans contrainte, ni... «tortures». Les avocats ont presque protesté contre les demandes du parquet car, dira l'un d'eux, «il n'y a aucune preuve ni témoins pour appuyer les propos des deux victimes». Les plaideurs n'étaient plus chauds... Un autre avocat parlera d'interrogatoires musclés de la police: «C'est ce qui explique les déclarations contradictoires!» Passant au port d'armes à feu, le troisième et dernier avocat rejette en bloc l'inculpation, comme il met en avance la vengeance des victimes parents des inculpés qui ne méritaient pas de croupir cinq ans en taule!» a dit le dernier plaideur.