Le juge a lu le témoignage d'un flic qui aurait vu le voleur mettre la main dans la poche de l'étudiante qui a dit, elle, que le phone était dans son... sac à main! Mourad Belalta, le jeune président de la section pénale du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) a eu à traiter un dossier de flagrant délit de vol sur la voie publique fait prévu et puni par l'article 358 du Code pénal. Un article de loi aggravant car il s'agit d'un méfait commis sur la voie publique. Et en posant la première question à Nabil H. 29 ans, un agent de sécurité à Aïn Bénian qui se trouvait débout sur le trottoir où un bus était garé avant que les étudiants n'y montent et partent vers l'université de Dély Ibrahim. On se pousse, on se bouscule... Debout sur le trottoir, Nabil vit juste après le démarrage du bus du Cous, un portable banal sur la chaussée. Il se baissa, le ramassa, le mit dans sa paume glacée attendant probablement un appel pour signaler la perte de l'appareil. Il n'attendra pas longtemps car trois minutes après, ce n'est pas un policier qui venait de passer, mais... dix! Etant en tournée de routine, l'un d'eux s'approcha de l'agent de sécurité qui crut bon de signaler l'objet trouvé sur le sol, foi d'un innocent. «Je viens de voir sur la chaussée ce portable. J'attends un appel en vue de le signaler à l'appelant qui pourrait peut-être aider à identifier le propriétaire», dit-il entre les dents. Le policier le dévisage neuf secondes et marmonne: «Suis-nous au commissariat.» Une petite fouille corporelle permet aux hommes de la Dgsn de trouver un gros portable de plus de deux millions de centimes, alors que celui trouvé ne vaut pas les deux cents mille centimes. Un détail de taille! Mais, fidèles à la pratique des interrogatoires serrés, les policiers n'auront l'aveu de vol que devant le procureur de Bir Mourad Raïs, un tribunal réputé dan la mise sous mandat de dépôt. «Nous prenons nos précautions avec tout ce qui se murmure entre les justiciables prompts à accuser les magistrats et empocher des trucs genre... pots-de-vin!» Avec «l'aveu», Nabil est écroué et mis en détention préventive pour trois nuits glacées à Serkadji. A propos, pourquoi cette rareté nommée «liberté provisoire?», ou encore ce légume aussi rare nommé «contrôle judiciaire?» Bizarre, mais non hors-la-loi, le mandat de dépôt! Mardi donc, l'inculpé de vol sur la voie publique comparait devant Mourad Belalta, ce serein magistrat qui monte à chaque audience pourvu qu'il ne soit pas l'objet d'un «attentat» émanant de la mafia locale car rendre justice dans l'antre de Beni Messous, El Biar, Hydra, Birkhadem, Bouzaréah, Ben Aknoun, Saïd Hamdine, La Concorde et autres «Les Sources» où traînent les espèces de gros délinquants prêts à dévorer les proies crues des plus cupides affairistes de tous bords. Et Belalta, qui a à sa droite Foued Derras, le jeune représentant du ministère public, aura l'occasion d'étaler son savoir-faire en dégotant de piètres ratés de la police judiciaire. Et ce jour, il trouvera la faille du raté qui amènera la relaxe sur le siège du jeune agent de sécurité. Il y a eu aussi cette avocate qui a déploré qu'un agent de police ait témoigné avoir vu le jeune mettre la main dans la poche de l'étudiante et commettre le délit. «Le témoin ne connaissait même pas la victime». Mal lui en a pris car il aurait mieux valu pour lui qu'il se taise puisque la victime elle-même avait assuré qu'elle avait pris soin de mettre son phone dans son... sac! (donc pas dans la poche!). Un faux témoignage puni par la loi. Pensez donc, émanant d'un agent de public. Et là, Maître Nassima Aïd-Laggoun a mis le doigt sur la plaie. Elle a déploré le fait. Elle a grimacé face à un juge qui a gardé son air grave, signe qu'il avait lui aussi des «choses» non pas à dire mais à transcrire sur le jugement qui devra contenir des attendus à faire rougir des magistrats les plus aguerris. C'est pourquoi, en annonçant la relaxe du détenu Nabil H. dont le papa a été une étoile filante d'un grand club algérois, Belalta a encore une fois mis en valeur le fait que la volonté n'attend point le nombre des années et ce juge nous a bizarrement rappelé ce fameux magistrat à ses débuts: Yassine Bensari aujourd'hui poursuivant modèle à... Berrouaghia (cour de Médéa) avant d'avoir excellé à Blida qu'on ne quitte jamais avec une fleur alors que Yasmine lui a tourné le dos, un bouquet de compliments et ça, c'est suffisant. Et ce n'est pas Maître Leïla Beldjillali qui peut soutenir le contraire.