Des comités de villages écrivent au ministre de l'Intérieur. Une dizaine de villages des communes du littoral viennent d'adresser une lettre au ministre de l'Intérieur pour lancer un appel de détresse. «Basta, nous n'en pouvons plus», écrivent-ils, pour décrire l'insécurité qui prévaut dans les localités situées essentiellement à Iflissen, Tigzirt, Ouaguenoun, Makouda, Mizrana et Boudjima. Dans la missive que les comités de villages ont tenu à afficher à travers les places publiques, le cri de détresse sonne comme un avertissement à l'adresse des pouvoirs publics. Le wali, les chefs de daïra, les chefs de sûreté urbaine les responsables de la gendarmerie, ainsi que les élus étaient également destinataires de la missive. En fait, le cri de détresse des comités de villages de cette région située entre le Pont de Bougie et la mer Méditerranée n'est pas né hier. Bien au contraire, c'est après une souffrance qui a duré plusieurs décennies que les citoyens se sont organisés en comités de villages pour peser sur le terrain. Tout en reconnaissant l'implication des services de sécurité dans la lutte contre le banditisme, les villageois relèvent un état d'abandon injustifié. Le diktat des groupes de bandits est de plus en plus grand. C'est pourquoi, affirment les rédacteurs de la lettre adressée au ministre de l'Intérieur, la lutte contre les réseaux de banditisme doit inéluctablement passer par le nettoyage de la région des lieux de débauche et autres bars clandestins. Les villageois qui n'omettent pas d'exprimer leur lassitude face à ce phénomène qui ne fait que grossir, expliquent sa grande emprise par la grande facilité à ouvrir des lieux de débauche et autres bars clandestins sans être inquiété par les services concernés. Avant tout, ce sont des commerces informels qu'il faut réprimer par l'arme légale qu'est la justice. Beaucoup de citoyens expriment aujourd'hui leur colère face à l'Etat qui, de leur avis, ne lutte pas assez contre ce phénomène. Ce laxisme a fait que ces lieux fleurissent comme des champignons allant jusqu'à pénétrer dans les villages, ces bourgs autrefois imprenables même pour les envahisseurs les plus lourdement armés. D'autres expliquent l'expansion de ce phénomène par un autre phénomène plus commercial. Aujourd'hui, estiment-ils, l'offre des boissons alcoolisées dépasse de loin, non pas la demande, mais les lieux de vente. L'offre créant au passage la demande implique sur le terrain l'émergence de lieux de vente rapidement transformés en lieux de débauche car illégalement ouverts dans des lieux inappropriés. Notons enfin que l'appel des comités de villages revêt deux volets interdépendants. D'abord, les villageois, crient cette fois, haut et fort à l'adresse du ministre de l'Intérieur leur désarroi. Ils espèrent enfin son intervention dans les plus brefs délais car la situation est intenable. Se voyant abandonnés, les mêmes citoyens avertissent que la coupe est désormais pleine et qu'ils sont prêts à affronter seuls ces bandits. Un cas de figure dont ils tiennent à mentionner les dégâts et les débordements qui pourraient survenir.