L'avion reste le moyen de transport le plus sûr au monde. La deuxième et dernière journée du séminaire sur les enquêtes des accidents d'avion a été consacrée, hier, à la présentation de plusieurs communications présentées par des enquêteurs du BEA (Bureau d'enquête et d'analyse) français. Ce bureau est l'organisme officiel responsable des enquêtes techniques sur les accidents et incidents d'aviation civile survenus sur le territoire français. D'après les explications fournies par M.Olivier Ferroute, enquêteur au sein de cet organisme spécialisé, les enquêtes menées par le BEA ont pour objectif la sécurité de l'aviation civile. Pour cela, a-t-il indiqué lors de sa longue intervention, elles doivent identifier les circonstances de l'accident ou de l'incident, en déterminer les causes et permettre, le cas échéant, de formuler des recommandations destinées à prévenir des événements similaires. Tout en écartant le risque zéro, M.Ferroute soulignera que l'avion reste le moyen de transport le plus sûr au monde. D'après lui, l'organisation des enquêtes techniques sur les causes des accidents dans l'aviation civile répond à une exigence de la communauté internationale qui, dès décembre 1944, a constitué un ordre international de l'aviation civile en adoptant la Convention de Chicago et créa l'Organisation internationale de l'aviation civile (Oaci). La Convention de Chicago, a-t-il expliqué, fixe la responsabilité de chaque Etat d'ouvrir et de conduire une enquête technique pour tout accident survenu sur son territoire ou dans son espace aérien. Durant près de trois heures, l'enquêteur du BEA développera son argumentaire autour, essentiellement, de deux points, à savoir la sécurité aérienne et la conduite des enquêtes. Concernant ce dernier point, M.Olivier Ferroute indiquera que, conformément à l'annexe 13 de la convention relative à l'aviation civile internationale, à la directive 94/56/CE et la loi n°99-243 du 29 mars 1999, «le seul objectif de l'enquête technique est de tirer de l'événement des enseignements susceptibles de prévenir de futurs accidents». D'ailleurs, «l'enquête sur le crash du Boeing d'Air Algérie à Tamanrasset a été réalisée dans ce sens par les autorités algériennes en collaboration avec le BEA et d'autres organismes», a-t-il encore souligné. Pour lui, le but de l'organisation du séminaire est beaucoup plus de faire un retour dans le passé pour mieux le comprendre et ainsi prévenir les accidents. Malgré l'avancée technologique, l'évolution des enquêtes techniques est de plus en plus compliquée, admet franchement l'enquêteur du BEA. Ainsi, en présentant l'historique des accidents d'avion depuis plusieurs décennies, M.Ferroute signalera que les circonstances de ces accidents sont souvent liées à un équipage peu expérimenté ou contrarié à cause du stress dû à l'attente et au retard. Il citera l'exemple d'un pilote américain chevronné qui, malgré son expérience, s'est crashé avec son Boeing 747 de la Panam en 1977 à Tenerife - Los Rodéos. L'accident avait fait 583 morts. Bref, le Bureau d'enquête et d'analyse sera présenté sous tous ses aspects. Il faut rappeler que l'organisme, qui sera créé par l'Algérie pour enquêter et analyser sur d'éventuels accidents et/ou incidents survenus sur notre territoire, sera justement épaulé par le BEA et travaillera en concertation avec ce dernier. C'est un autre pas franchi par l'aviation civile algérienne dans le sens de prévenir tout drame comme celui qui a eu lieu à Tamanrasset en mars 2003.