Selon le général Pankov, la lutte contre les terroristes continue Poutine, fervent amateur du jeu d'échecs, estime que le terrain est maintenant déblayé pour les troupes du président Bachar al Assad. Et il a même proclamé, voici quarante-huit heures à peine, que le sort du groupe Etat islamique en Syrie n'est plus qu'une question de semaines. Coup de tonnerre, hier, dans le ciel syrien. Le président russe Vladimir Poutine annonçait, à la surprise générale, le retrait de la majeure partie de son contingent militaire, alors que les négociations intersyriennes se poursuivaient à Genève hier et que le conflit entre dans sa 6e année.La nouvelle, qui a fait l'effet d'une bombe dans les états-majors occidentaux, a néanmoins été accueillie avec une certaine prudence, voire une méfiance certaine, surtout par les groupes de l'opposition syrienne. Réagissant aussitôt à ce coup de poker du Kremlin, le Conseil de sécurité de l'ONU a parlé d'une mesure «positive». Idem pour l'Iran dont le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, s'est félicité de l'initiative unilatérale qui aura un impact sur les pourparlers en cours. Pour sa part, la Maison-Blanche a révélé que, lundi soir, Vladimir Poutine s'est entretenu par téléphone avec son homologue américain Barack Obama, évoquant «le retrait partiel» des forces russes de Syrie, même si elle tempérait les considérations sur l'impact de cette annonce sur les négociations de Genève, le jugeant «difficile» à évaluer. La réaction est identique dans les autres capitales occidentales, notamment à Paris, où le Quai d'Orsay a pris acte de ce pas consenti par la Russie, considérant que «tout ce qui contribue à la désescalade en Syrie doit être encouragé». Ce qui n'a pas empêché la rengaine habituelle sur «le régime (qui) continue de viser l'opposition modérée» et «faire entrave» à l'acheminement de l'aide humanitaire. Poutine, fervent amateur des jeux d'échecs, estime que le terrain est maintenant déblayé pour les troupes du président Bachar al Assad. Et il a même proclamé, voici quarante-huit heures à peine, que le sort du groupe Etat islamique en Syrie n'est plus qu'une question de semaines. Est-ce pour cela qu'il choisit, sans crier gare, de retirer une bonne partie de ses forces armées dans ce pays, au risque de laisser croire à un échec consenti comme n'a pas manqué de le clamer aussitôt une partie de l'opposition syrienne depuis Riyadh? L'irruption de l'aviation russe, fin septembre 2015, dans le ciel de la Syrie aura complètement changé la donne, rétablissant un équilibre gravement compromis entre l'armée loyale au régime de Damas et la coalition internationale. Puis, progressivement, on a retrouvé la bipolarité qui transcende les calculs et les options jusqu'au-boutistes de certaines capitales, en Europe et au Moyen-Orient. Le président russe n'est pas homme à abandonner la partie au moment précis où il ne lui reste plus qu'à crier «échec et mat». Ceux qui ont trop vite pensé que Moscou opère une retraite stratégique due aux difficultés économiques patentes que la crise du pétrole impose à tous les pays producteurs se trompent lourdement. «La tâche qui avait été demandée à notre ministère de la Défense et aux forces armées a été globalement accomplie et j'ordonne donc au ministère de la Défense d'entamer, à partir de demain [mardi], le retrait de la majeure partie de nos contingents», a dit à la télévision Vladimir Poutine. «Néanmoins, pour permettre la surveillance de la trêve dans les combats [entrée en vigueur le 27 février], la partie russe conserve sur le territoire syrien un site de maintenance de vols», précisait ensuite un communiqué du Kremlin. L'absence d'indications sur la nature et la dimension des dispositifs militaires qui seront maintenus sur place, vraisemblablement dans les bases aérienne de Hmeimim et navale de Tartous laisse perplexe. Mais il faut savoir que l'annonce russe a été faite après une concertation avec Damas qui a donné son accord pour ce retrait partiel et Moscou ne cache pas ses intentions de surveiller et la scène des pourparlers de Genève et celle des rapports de force sur le terrain syrien, ressassant sa conviction de la nécessaire inclusion des kurdes syriens dans les négociations en cours. On sait que Damas estime que «l'intervention des forces aériennes russes a permis de radicalement changer la situation dans la lutte contre le terrorisme, de désorganiser les infrastructures des combattants [ennemis] et de leur porter un coup important», autant de facteurs qui rendent possible une solution politique même si certains pays hostiles au régime syrien y voient l'occasion d'augmenter la pression sur Bachar al Assad dont ils tentent de relancer l'exigence du départ. Ce à quoi a répondu, comme en écho, le vice-ministre de la Défense, le général Nikolaï Pankov, qui a affirmé hier aux agences russes: «Il est trop tôt pour parler de victoire sur les terroristes. L'aviation russe a pour mission de poursuivre ses frappes contre des objectifs terroristes.» Sans commentaire.