Bien accueilli par l'ONU et les Occidentaux, le retrait de la majeure partie du contingent militaire russe de Syrie ne laissera certainement pas le champ libre aux ennemis de Bachar al-Assad. Ayant énormément investi en Syrie pour remettre à flot son allié, en l'occurrence le régime de Damas, qui était sur le point de tout perdre face à l'opposition armée et des organisations terroristes de l'Etat islamique et al-Nosra (al-Qaïda en Syrie), Moscou ne repartira, sans aucun doute, pas bredouille de ce pays. La décision russe de poursuivre les frappes aériennes contre des "objectifs terroristes" en Syrie montre bien que le Kremlin ne laissera pas la voie libre à un retour à la case départ. "Il est trop tôt pour parler de victoire sur les terroristes. L'aviation russe a pour mission de poursuivre ses frappes contre des objectifs terroristes", a ainsi déclaré un vice-ministre de la Défense, le général Nikolaï Pankov, à des agences de presse russes depuis la base aérienne russe de Hmeimim, dans le nord-ouest de la Syrie, alors qu'un premier groupe d'avions de transport et de bombardiers s'envolaient vers la Russie dans le cadre du retrait annoncé. De son côté, le chef de l'administration présidentielle moscovite, Sergueï Ivanov, a prévenu que ce retrait ne concernerait pas les systèmes de défense antiaérienne russes "les plus modernes" déployés en Russie. Il est clair qu'il ne s'agit certainement que d'un repli tactique destiné à donner un nouvel essor aux négociations inter-syriennes entamées avant-hier à Genève. Il est encore moins une mesure de rétorsion des Russes face à l'inflexibilité de Bachar al-Assad, selon le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov. Ceci étant, l'annonce russe a été bien accueillie par l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, lequel a estimé qu'il s'agissait d'un "développement positif". "L'annonce par le président Poutine le jour même du début de cette ronde de pourparlers intra-syriens à Genève est un développement significatif qui, nous l'espérons, aura un impact positif sur l'état d'avancement des négociations à Genève visant à trouver une solution politique au conflit syrien et une transition politique pacifique dans le pays", a déclaré l'émissaire onusien. Par ailleurs, les enquêteurs de l'ONU ont salué hier "la baisse significative" de la violence en Syrie, estimant que "pour la première fois" depuis le début du conflit il y a cinq ans il y avait "l'espoir d'une fin en vue". Cet optimisme est loin d'être partagé par l'opposition syrienne qui a accueilli l'annonce russe avec prudence, déclarant attendre d'en vérifier les effets sur le terrain et redouter une "ruse" du Kremlin. Aussitôt annoncé, le retrait russe a fait réagir le Front al-Nosra, qui a annonce la reprise de son offensive sous 48 heures. Merzak Tigrine