«Chakib Khelil est rappelé pour privatiser les entreprises stratégiques.» Le président du MSP, Abderrezak Makri, impute la responsabilité de l'impasse politique et la crise économique à tous les cercles des décideurs du pouvoir en place. Le patron de ce parti islamiste, membre de l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition (Isco), s'est exprimé lors de sa conférence de presse tenue hier au siège du parti. Il a invité à cette occasion «ceux qui se livrent une guerre de tranchées au sein des centres de décision de sortir de l'ombre et d'agir à visage découvert». Ce qu'il appelle «confrontation des cercles ou des clans au sommet, l'échec flagrant de leur gouvernance et gestion des deniers publics, conforte l'opposition», a-t-il estimé. A propos du retour de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil en Algérie, il affirme que «cette affaire constitue un emblème -phare de la métastase politique avec un débat de caniveau, de l'impunité, de la provocation contre les citoyens et de l'atteinte caractérisée contre l'éthique et la morale, en somme des pratiques caractérisant l'image de marque du régime à plus d'un titre». «Cette affaire constitue un autre coup de poignard dans le dos de la justice, dont l'indépendance relève d'un voeu pieux. La même justice qui l'avait accusé de haute trahison et de la constitution de groupe de malfaiteurs transcontinental, le blanchit aujourd'hui et le réhabilite.» A son avis, cela véhicule un message clair aux Algériens: «La justice sous l'ère du président Bouteflika n'était pas crédible, mais politisée et consacrée au service exclusif d'un groupe occulte qui a pu fabriquer des accusations extrêmement graves contre un ministre avant de l'absoudre totalement», dixit Makri. Sur sa lancée, il dira que «cette affaire constitue une image éclatante dans la manipulation et l'instrumentalisation des médias appartenant aux cercles du pouvoir, dans la mesure où les mêmes médias et journalistes ayant descendu en flammes Chakib Khelil se sont rétractés, en le présentant sous les oripeaux d'un héros national. Cet état des lieux porte atteinte à la crédibilité des médias en Algérie et annihile la confiance et la culture civique chez de larges pans de la société et exacerbe l'isolement du régime et détruit la confiance placée en lui et tout ce que disent ses représentants». Cette question, poursuit-il, «illustre par excellence la réalité de la lutte des clans à l'intérieur du système où le sort d'un haut responsable de l'Etat est tributaire des rapports de force au sein des institutions de l'Etat à telle enseigne que les représentants politiques et médiatiques du pouvoir accusent ouvertement le général-major Mohamed Médiène dit Toufik d'avoir fabriqué de toutes pièces le dossier de Chakib Khelil». Cette situation donne toute sa crédibilité à la revendication d'une transition démocratique», a-t-il soutenu. «En tout état de cause, Chakib Khelil reste accusé dans tous les cas et il n'est pas le bienvenu du point de vue de la logique, aux yeux de la loi et de la raison». Pour Makri, «soit il est corrompu comme cela a été rapporté dans le rapport du procureur général de la cour d'Alger le citant dans l'affaire Sonatrach 2 et de par son implication dans l'affaire de corruption internationale Saipem- Sonatrach, dont le dossier relatif aux pots-de-vin perçus par l'intermédiaire de Farid Bejaoui, a été ouvert par la justice italienne, soit il est coupable de mauvaise gestion dans la mesure où des scandales de corruption ont éclaboussé son secteur». Le MSP considère que «Chakib Khelil a été ramené en Algérie pour exécuter certaines dispositions de la loi de finances 2016 notamment en ce qui concerne la privatisation des entreprises stratégiques comme Sonelgaz et Sonatrach». D'autre part, selon le MSP» Chakib Khelil est à l'origine de la crise économique à travers la politique énergétique imposée sous sa houlette qui consistait à la surexploitation des gisements avec un rythme infernal en causant des pertes considérables en pétrole et gaz». Sur un autre registre, Makri qui a précisé que le rôle de l'Isco n'est pas de mobiliser des masses populaires, défie ceux qui veulent concurrencer l'opposition. «Le MSP, qui déclare la guerre aux pessimistes et opportunistes pour renforcer la catégorie de prise de conscience politique, a à lui seul organisé 15 rassemblement populaires et des centaines d'actions de proximité durant les trois derniers mois», a-t-il martelé. «Le deuxième congrès de l'opposition sera consacré à l'évaluation de l'étape précédente accomplie depuis Mazafran1, et l'adoption de notre vision commune pour faire face aux grands dangers qui guettent l'Algérie sous l'effet de la faillite, l'échec et la corruption du régime politique», a-t-il indiqué. Sur le plan sécuritaire, Makri affirme que l'Algérie qui constitue une cible privilégiée du néocolonialisme est réellement exposée aux grands dangers sécuritaires. «La seule issue reste le renforcement du front intérieur dont la construction est entravée, menacée par le régime auquel incombe la responsabilité de produire des crises économiques et ses corollaires, crises sociales et sécuritaires, provoqués par des guerres pour la succession au pouvoir au mépris de toute norme démocratique et son refus de consensus contenu dans le projet de transition démocratique négocié ainsi que son entêtement à entraver des libertés et à garantir la transparence dans la concurrence partisane, en s'appuyant pour pérenniser son pouvoir, sur des réseaux de clientèle et d'opportunistes qui seront certainement les premiers à s'enfuir devant le moindre danger.»