Le président du MSP, Abderrazak Makri, n'a pas lésiné, hier, sur les mots pour tirer à boulets rouges sur le pouvoir, à sa tête le président de la République. A Abdelaziz Bouteflika qui accuse l'opposition de vouloir déstabiliser le pays et de porter atteinte à son unité, Makri réplique que le scandale Chakib Khelil n'est pas lié aux partis politiques qui réclament une transition démocratique, mais plutôt au président Bouteflika. «Qui a ramené Chakib Khelil ? Tous les Algériens savent qui l'a ramené. C'est avec la bénédiction de Bouteflika que Khelil faisait la loi à Sonatrach. C'est le président Bouteflika qui a placé à des hautes fonctions et pendant de longues années ceux qui ont pillé ce pays. Si l'Algérie est dans l'impasse, c'est aussi le chef de l'Etat qui a tout fait pour rester au pouvoir», tonne le président du MSP, qui lance : «L'affaire Sonatrach 1 donne des vertiges et celle Sonatrach 2 est 'extraordinaire'.» L'Algérie, selon lui, est livrée aux responsables et à leurs enfants. Mieux encore, dans sa plaidoirie, Makri, sur un ton ironique, demande à Bouteflika d'inscrire sur une feuille la liste des concessions que l'opposition devrait faire. «Bouteflika nous demande de faire des concessions pour l'intérêt du pays. Au MSP, nous ne protégeons aucun intérêt. Nous luttons contre la corruption et nous défendons le principe de la transition, et ce, dans le seul intérêt de l'Algérie.» Et d'ajouter : « Nous sommes favorables au dialogue, nous sommes aussi prêts à faire des concessions dans l'intérêt du pays. Dites-nous ce que vous voulez. Quelles concessions voulez-vous, Monsieur le Président ?» assène Makri, avant de proposer au Président une solution de sortie de crise, à savoir l'installation d'une commission indépendante pour la préparation des élections : «Cette proposition, chère à l'opposition, est la clé de tous les problèmes. C'est donc au président Bouteflika de faire des concessions, en mettant sur pied cette commission.» Makri est plus que persuadé que l'Algérie fait face à un grand danger et cette menace vise l'identité de notre pays. De l'avis de Makri, il y a un complot contre l'unité du pays et la cohésion de la société et invite, dans ce sillage, les partis islamistes à laisser de côté leurs divergences afin de constituer un bloc pour protéger l'identité algérienne et à ce sujet il cite l'exemple de la France. «L'ambassadeur français s'est réjoui que les relations (bilatérales) entre l'Algérie et la France n'aient jamais été aussi bonnes qu'aujourd'hui. Nous nous demandons quel prix a été payé par les autorités algériennes», s'interroge-t-il. Et de répondre : «Le prix est la menace contre l'identité du pays et ses intérêts.» Abordant la problématique du gaz de schiste et les manifestations dans le sud du pays, le conférencier évoque la faiblesse et l'échec du pouvoir dans la gestion des conflits et demande au gouvernement de respecter les revendications des protestataires. Encore une fois, le patron du MSP charge ainsi Bouteflika et affirme que l'exploitation du gaz de schiste est l'un des prix du quatrième mandat du Président contre l'intérêt de l'Algérie. Pour lui, la décision d'exploiter le gaz de schiste est une concession faite aux Américains pour avoir «sans problème» le quatrième mandat. Makri refuse catégoriquement l'utilisation de l'institution militaire dans la confrontation avec la population. «Le problème doit être réglé politiquement. L'impuissance des politiques ne doit pas pousser à l'affrontement entre le peuple et l'armée», a-t-il averti. Une autre délégation de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) se rendra bientôt à In Salah, selon lui. Makri est, par ailleurs, revenu sur le projet de loi portant sur la protection de la femme contre toutes les formes de violence qu'il a qualifié de «dangereux pour la famille».