Pour lui, son retour est un affront à la justice et un signal fort à l'encouragement de la corruption et de l'impunité. Le chef du Mouvement pour la société de la paix, (MSP), Abderrezak Makri a animé, hier, une conférence de presse lors de laquelle il a tenu à décortiquer l'essentiel des questions de l'heure. À commencer par le retour de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, dont l'accueil avec les honneurs par le pouvoir a fait jaser dans les chaumières. Ce qui, regrette M. Makri, symbolise "l'impunité" permise par le système politique y compris à celui-là qu'il juge comme "le responsable principal" de la crise économique qui affecte aujourd'hui le pays. Pour M. Makri, l'ancien ministre de l'Energie est, de toute façon, "impliqué" du point de vue "légal, logique et juridique". Raison pour laquelle Chakib Khelil "n'est pas le bienvenu !". L'accueil réservé à Chakib Khelil, ajoute M. Makri, ne fait que confirmer "la décomposition, l'impunité, la provocation des sentiments du peuple et l'immoralité" qui restent les principales caractéristiques par lesquelles se distingue le régime actuel. Pour M. Makri, le retour de Chakib Khelil représente un nouveau "coup fatal" porté à la justice. Le chef du MSP ajoute que le retour de l'ancien ministre de l'Energie confirme, en outre, la réalité de lutte des clans au sommet de l'Etat. Laquelle lutte, déplore-t-il, qui fait que le sort d'un responsable d'Etat dépend des rapports de force. Il en veut pour preuve la montée au créneau des "symboles partisans, politiques et médiatiques" des clientèles qui osent, depuis quelque temps, s'attaquer à leur mentor d'hier, en l'occurrence le général Mohamed Médiene, dit Toufik ! Cela dit, M. Makri impute la responsabilité au système dans son ensemble. Car, dénonce-t-il, les différents clans ne cherchent que leurs intérêts restreints et que les conflits sont intrinsèquement liés. "S'il existe quelques responsables ou clans que la compétition politique intéresse parmi ces clans, ils n'ont qu'à quitter le sérail et former un parti politique pour qu'ils soient visibles par le peuple", a-t-il suggéré appelant ainsi les concernés à "sortir de l'ombre". Que pense M. Makri de la possibilité de voir Chakib Khelil hissé prochainement à la tête de l'Etat pour succéder au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, comme soutenu par certains observateurs ? "Désormais, tous les scénarios restent possibles", répond le chef du MSP qui croit savoir que Chakib Khelil serait, par ailleurs, ramené pour mettre à exécution les dispositions de la très controversée loi de finances 2016, et ce, dit-il, "de manière directe ou indirecte (...)". M. Makri dont la sortie intervenait à la veille de la réunion, programmée pour aujourd'hui, de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition, (Icso), préparatoire à "Mazafran II" prévu pour le 30 mars prochain, n'a pas raté l'occasion de réitérer l'engagement de l'opposition à poursuivre son combat pour le changement démocratique pacifique. Il a tenté, du coup, de minimiser l'autre congrès programmé pour la même journée du 30 mars par les partis de la "clientèle" auquel, estime-t-il, le peuple refuse d'adhérer. Cela dit, M. Makri, refuse de se désolidariser avec les services de sécurité pour faire face à la menace terroriste qui pèse plus que jamais sur notre pays. Il appelle même à la constitution d'un front interne, mais loin de celui que proposent les partisans du pouvoir... Farid Abdeladim