Le cancer peut apparaître à tout âge : enfance, adolescence, âge mûr. Mais le plus grand nombre des cancéreux se situe autour de la cinquantaine, à un moment où l'individu est nécessaire à la collectivité et indispensable à sa famille. L'organisation sociale contre cette maladie reste très rudimentaire dans notre pays, pour ne pas dire inexistante. Les patients souffrent, à la fois, de leur maladie, de la mauvaise prise en charge, du manque de moyens financiers et des très longs et pénibles trajets qu'ils effectuent d'une région à une autre pour recevoir des traitements de chimiothérapie ou pour être programmés aux séances de radiothérapie. Malheureusement, pour ce dernier point, les rendez-vous fixés par les médecins traitants ne sont jamais respectés, ils sont reportés, quatre, cinq et même six fois. Dans ce cas, les malades ainsi que leurs accompagnateurs sont obligés de faire des déplacements coûteux, fatigants et inutiles. C'est le cas des cancéreux de tout l'Ouest algérien qui sont orientés vers le service de radiothérapie du CHU d'Oran. Djillali, un jeune de 25 ans, vient de Tindouf, il accompagne sa tante malade: «Nous faisons la navette entre Tindouf et Oran depuis juillet dernier, on nous fixe des rendez-vous qui ne sont jamais respectés et à chaque fois, nous devons faire entre l'aller et le retour un trajet de 3200 km par autocar pour chaque déplacement, explique-t-il, nous dépensons 8000 DA de frais de transport sans compter les frais d'hôtel et de restauration.» Ce n'est que ces derniers jours que les séances de radiothérapie lui ont été prodiguées. Abdelhamid, un jeune de la wilaya de Béchar qui accompagne sa mère malade dira: «Nous habitons à 250 km de la ville de Béchar soit, à 1050 km d'Oran, les rendez-vous fixés par le médecin traitant ont été reportés à trois reprises.» Nous pouvons citer plusieurs cas de personnes que nous avons rencontrées durant deux jours et qui viennent d'Adrar, Tlemcen, etc. et qui repartent sans subir de traitement. Nous avons même vu une femme ainsi qu'un vieil homme quitter le service de radiothérapie en larmes. Ce dernier nous lança: «Cette maladie nous ronge les os et l'indifférence augmente nos souffrances, il vaudrait mieux mourir de que mener cette vie de chien». Le service de radiothérapie du CHU Oran est équipé uniquement de deux appareils cobaltothérapie (C01 et C02), il est l'unique service dans l'Ouest algérien vers lequel sont orientés les cancéreux de toutes les wilayas de l'Ouest auxquels il ne peut faire face. Selon une source hospitalière, le ressourcement de ces appareils doit se faire en principe tous les cinq ans, or, nous a-t-on expliqué, le C02 n'a pas été ressourcé depuis plus de sept ans. Ce qui laisse entendre dans ce cas précis, que, pour être efficace, au traitement par radiothérapie de contact avec une irradiation, une à deux minutes sont ajoutées lors des séances pour chaque malade. Pour en savoir plus, nous nous sommes rapprochés des responsables de ce service, lesquels nous ont expliqué que les multiples reports de rendez-vous fixés aux malades ont pour cause principale les fréquentes pannes des deux machines, reconnaissant au passage que le ressourcement ne se fait pas régulièrement. Il ajoute que «les deux appareils fonctionnent quotidiennement de 8h à 18h et parfois même jusqu'à 20h et ce sont 80 à 95 malades qui sont traités par jour à l'aide de cet équipement qui ne peut répondre aux besoins des nombreux patients, dont 75% viennent des différentes régions de l'Ouest». Il est à noter aussi que ce service n'est pas pourvu de physicien. En attendant l'ouverture d'un centre de radiothérapie, pour les cancéreux de la région ouest, ce sera encore le parcours du combatant.