Hommes et femmes, tous enseignants recrutés dans le secteur de l'éducation, ne veulent pas perdre leurs postes d'emploi et se montrent déterminés à faire aboutir leurs revendications. Après un rassemblement de protestation devant le siège de la direction de l'éducation de Béjaïa et une nuit passée au technicum d'El Kseur, les 400 enseignants contractuels, venus de pas moins de 18 wilayas, ont poursuivi leur marche de protestation vers la capitale où ils comptent observer une grève de la faim afin d'exiger leur intégration dans le corps de l'éducation sans passer le concours. Tôt hier matin, la procession des enseignants contractuels et vacataires a repris le chemin et compte observer une autre pause à Ouzellaguen avant de poursuivre son chemin vers Alger et plus précisément devant le ministère de l'Eduction nationale. Entamée, avant-hier, après un rassemblement de protestation devant le siège de la direction de l'éducation, la marche des manifestants vers Alger s'est de nouveau ébranlée dans une organisation parfaite. Hommes et femmes, tous enseignants recrutés dans le secteur de l'éducation, ne veulent pas perdre leurs postes d'emploi et se montrent déterminés à faire aboutir leurs revendications et leur «intégration» sans participer au concours de recrutement des 28.000 enseignants que projette d'organiser le ministère de l'Education nationale fin avril. Après plusieurs actions devant les directions de wilaya, les contractuels et vacataires ont décidé de presser davantage la ministre de tutelle dans une action baptisée «la marche de la dignité». Après avoir sillonné les rues de la ville de Béjaïa dans la journée de dimanche dernier, les enseignants frondeurs ont pris la RN 12 à partir des Quatre Chemins pour rallier Alger. Brandissant des pancartes mettant en valeur leurs revendications et scandant des slogans hostiles à la ministre de l'Education nationale, les manifestants ont marché plus de 25 kilomètres avant de s'arrêter à El Kseur. Ils ont trouvé refuge au niveau du lycée technique de la ville et surtout un soutien des autres enseignants de la ville et du mouvement associatif. Ce mouvement, premier du genre au sein de l'Education nationale, a surpris plus d'un par d'abord, la détermination des participants, mais également dans sa forme, connue uniquement durant la période du printemps noir lorsque les animateurs avaient décidé un certain 14 janvier 2001 de marcher sur la capitale. Si à l'époque les revendications étaient politiques, cette fois-ci, la seule avancée, relève du domaine professionnel puisque les marcheurs ne veulent qu'une simple intégration après de longues années de bons et loyaux services. «Il est injuste qu'un poste occupé des années durant par un enseignant recruté pour combler un poste de travail, soit occupé à titre de remplacement par un autre sans expérience, à la faveur d'un concours dont tout le monde connaît la manière de son déroulement», regrette ce marcheur avant que la marche ne s'ébranle de nouveau hier matin. Avec ses camarades frondeurs, il prévoit d'observer une halte à Sidi Aich, Ouzellaguen puis Akbou puis d'autres points avant de rallier Alger. Les enseignants contractuels et vacataires voulaient aussi à travers cette action dénoncer la répression menée par les services de sécurité contre le rassemblement initié la semaine dernière à Alger et dire non à la «politique de précarisation de l'emploi». Soutenus (par le ClA et le Snapap), les manifestants ont poursuivi hier leur marche sous le regard de milliers de curieux, notamment les usagers de la route qui, malgré la gêne induite sur la fluidité de la circulation, donnaient hier l'impression de comprendre la douleur des frondeurs. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) a, une fois de plus, exprimé sa solidarité au combat des enseignants contractuels et vacataires qui luttent depuis des années pour exiger leur intégration sans conditions. «Après avoir frappé à toutes les portes, en vain, et après avoir été réprimés, les enseignants contractuels continuent leur combat, avec pour ultime recours la grève de la faim, des sit-in et des marches», observe le CLA qui trouve «inadmissible que la tutelle exige des enseignants contractuels, dont la plupart ont à leur actif au minimum cinq ans d'ancienneté, de passer par un concours pour leur intégration, tandis que des milliers de postes, officiellement, sont à pourvoir». «Ce sont ces mêmes enseignants à qui la tutelle a fait appel dans les périodes les plus cruciales, à ceux-là même, qu'on demande de passer par un concours dont l'issue est on ne peut plus aléatoire», déplore le CLA qui interpelle la tutelle pour prendre ses responsabilités, d'intégrer ces milliers d'enseignants qui ont fait leurs preuves des années durant et qui ont assuré des cours dans des classes d'examens. Le CLA a lancé un appel à tous les syndicats du secteur pour prendre leurs responsabilités et pour soutenir ensemble sur le terrain le mouvement des contractuels et pour lutter contre la précarisation du métier. Seul le Snapap, dont le soutien était de mise depuis le début du mouvement, était présent lors de la présente manifestation. Les deux syndicats estiment que «l'intégration est la meilleure solution contre la précarité du métier et l'arrêt de la hogra contre les victimes», ajoutent le CLA et le Snapap.