Le secrétaire général du FLN n'a pas été tendre avec Ahmed Ouyahia et Mohamed Laksaci Le FLN a fait coïncider son meeting avec la conférence de l'opposition pour «voir de quel côté penchera la balance». C'est un Saâdani décidé à en découdre et vouer aux gémonies, sans discernement, son allié stratégique, Ahmed Ouyahia, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci et ceux qui s'indignent contre le retour et la réhabilitation de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil...etc. Le refus du directeur de cabinet de la Présidence de soutenir l'Initiative politique du FLN est qualifié de «décision personnelle et individuelle» par Amar Saâdani, invité hier au Forum de la Chaîne 1 de la Radio nationale. «Contrairement à ses sympathisants, militants et cadres qui seraient de la partie, le secrétaire général du RND a décidé de ne pas participer à l'Initiative et au rassemblement, à la Coupole, du FLN car il a personnalisé cette affaire. Il vit encore dans les années 1990 et il a bien des idées en tête comme la réactivation de l'alliance présidentielle que le FLN a catégoriquement rejeté.» «J'ai affirmé qu'on n'a aucune confiance en la personne d'Ahmed Ouyahia. Il n'est pas sincère dans son allégeance au président de la République. Son seul objectif est de se porter candidat à la présidentielle de 2019.» «Cela est une erreur et un mauvais calcul politique», indique-t-il. En outre, Saâdani a traité Ouyahia qui n'a rejoint ni l'Initiative de Saâdani ni celle de l'opposition, d'un nom d'oiseau «un corbeau». Poussant le bouchon plus loin, il n'a pas hésité à annoncer que «les militants du FLN sont contre son maintien au poste de directeur de cabinet de la Présidence». «S'il veut faire de la politique, qu'il la fasse au sein de son parti, le RND. S'il veut diriger une administration, qu'il choisisse un autre département.» Le gouvernement de la Banque d'Algérie est l'autre cible bien indiquée et étalée par Saâdani. Laksaci est figuré comme une «des catastrophes sur l'économie nationale». «Il est responsable, de la dévaluation du dinar et de la diminution des revenus extérieurs du pays», a-t-il déploré. «Il a occupé son poste stratégique depuis longtemps sans rien faire. Il se contente de reproduire le même programme chaque année. Il est en partie responsable de l'ampleur prise par le marché parallèle des devises au square Port Saïd et ailleurs et la dégradation de la situation économique dans le pays. Nous voulons qu'il démissionne ou que l'on mette fin à ses fonctions. La Banque d'Algérie et les banques publiques qui n'ont aucune autonomie ne sont pas gérées par Laksaci et ce sont des lieux où s'entassent des liquidités inutilement. Nous ne sommes pas avec Laksaci puisqu'il a trahi la confiance du président Bouteflika», a-t-il ajouté. Saâdani a prêché même l'ouverture du secteur bancaire au privé. Toutefois, Saâdani a défendu bec et ongles Chakib Khelil qui est, selon lui, «un cadre hautement compétent, injustement lésé et protégé par la loi. Son cas est similaire à celui des 26 000 cadres qui ont fui le pays pour manque de considération et 4 000 autres cadres incarcérés arbitrairement». «Sa rentrée en Algérie n'enfreint pas la loi et tout ce qui se dit sur lui est un mensonge: Il n'est pas poursuivi par la justice algérienne ni par la justice italienne, son passeport n'a jamais été confisqué et il n'a pas fui l'Algérie. Cela est totalement faux et celui qui dit le contraire n'a qu'à présenter ses preuves», dixit Saâdani. D'après le patron du FLN «ceux qui s'indignent contre le retour et la réhabilitation de Chakib Khelil «sont ceux qui veulent voir la justice agir en dehors de son cadre légal». D'après Saâdani «les puissances étrangères préfèrent étudier la problématique de la chute des cours des hydrocarbures avec le Qatar plutôt qu'avec l'Algérie car leur vis-à-vis Chakib Khelil n'est plus en poste en Algérie. Même l' Opep est reconnaissante envers Chakib Khelil». «Que voudriez-vous? On l'offre au Qatar pour qu'il puisse bénéficier de ses services?», s'interroge-t-il. De fil en aiguille, il affirme que «l'article 51 empêchant aux binationaux l'accès aux hautes fonctions de l' Etat a été introduit dans la révision de la Constitution en prévision de la présidentielle de 2019». «L'Algérie a besoin de Chakib Khelil et de tous ses cadres. Khelil peut revenir et renouer effectivement avec la gestion.» Sur le plan sécuritaire, Saâdani se contredit. S'il a indiqué que «l'objectif de son Initiative est de bâtir un mur pour protéger l'Algérie contre les manoeuvres extérieures qui se trament contre l'Algérie et de prêter main forte à l'armée nationale», en revanche il a affirmé que «l'armée qui a mis des moyens maîtrise parfaitement la situation que ce soit aux frontières avec la Libye, celles avec la Tunisie ou celles avec le Mali à tel point qu'il est impossible qu'un terroriste puisse infiltrer les mailles du dispositif mis en place». Le secrétaire général du FLN s'est mué en chantre d'un nouveau modèle économique. Tout en estimant que «l'économie nationale est en panne», il prône l'intensification de l'agriculture industrielle et l'agroalimentaire. Pour Saâdani, «la politique agricole demeure encore otage de la révolution agraire». Dans ce contexte, Saâdani affirme que «le président de la République est très remonté contre son gouvernement». Le FLN a fait coïncider sciemment son meeting avec la conférence de l'opposition pour «voir de quel côté penchera la balance et permettre à l'opinion publique d'en juger», explique Saâdani. Toutefois, il est persuadé que «la balance penchera en sa faveur et la vérité apparaîtra au peuple». «Le discours distillé depuis des hôtels par l'opposition, en se focalisant sur les élections et la légitimité des institutions et du président est révolu», fera-t-il savoir. Il a même prédit l'éclatement de l'instance de l'opposition à la veille de l'élection présidentielle de 2019.A ce moment-là, prévoit-il «l'opposition sera juste une bannière». «Personne ne connaît l'objectif de cette opposition stérile qui ne présente aucune alternative et n'a qu'un seul but, celui du siège du président», appuie-t-il encore. A propos de son show aujourd'hui à la Coupole, il a tablé sur l'acheminement de 20.000 personnes en se référant au nombre de badges établis par le secrétariat technique de son Initiative. Il y a eu plus de 30 partis, des centaines d'associations qui ont adhéré à cette Initiative. La porte est ouverte à tout le monde. Ce n'est pas l'initiative du FLN, mais une démarche de toutes les parties prenantes à cette initiative.