La douloureuse tragédie qui s'est abattue sur le pays récemment, et plus particulièrement sur Bab El-Oued, a provoqué une onde de choc à travers toute l'Algérie. La Kabylie, qui a plusieurs fois vécu ces moments terribles, a montré toute sa compassion, mais n'hésite pas à rappeler qu'elle aussi a vécu le martyre. Les 10 et 11 novembre ont été des journées de cauchemar pour le pays et principalement pour Bab El-Oued qui a payé un lourd tribut à l'incurie des hommes. La furie des eaux ayant endeuillé des centaines de familles, détruit des dizaines d'immeubles et saccagé tout sur son passage, a interpellé la conscience des Algériens. Des monts des Aurès aux monts de Tlemcen et du djebel Koukou à Alger à l'Atakor, les Algériennes et Algériens, souvent malgré le dénuement total dans lequel ils se trouvent, ont ressenti plus qu'un tressaillement de compassion. La douleur, ils l'ont ressentie dans leur chair et dans leur âme. Encore endolorie par les sanglants événements du printemps noir et se relevant difficilement du séisme ayant frappé plusieurs de ses contrées, dont Beni-Ouartilane et où, à ce jour, les traces indélébiles sont encore visibles, la Kabylie a tenu à manifester sa solidarité entière, totale et désintéressée avec les sinistrés. En premier, c'est l'APW qui a voté une aide d'urgence de 3 millions de dinars au profit des sinistrés de Bab El-Oued et d'ailleurs, et 1 million de dinars pour la wilaya. Des citoyens de la wilaya se sont aussi prêtés à cette opération du coeur. Plusieurs camions ont ainsi été acheminés par des citoyens sur les lieux des sinistres: vêtements chauds et denrées alimentaires sont ainsi distribués sur place, aux sinistrés, comme l'a fait, par exemple, l'association de bienfaisance: Afus degfus. Les patrons de la région n'ont pas manqué, eux aussi, de répondre à l'appel du coeur. Certes, beaucoup de personnes rencontrées en Kabylie ont et ce, après une première réaction assez égoïstes finissent toutefois, par mettre la main à la poche. Témoin, ce chômeur qui, à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, a offert à l'équipe du téléthon, les seuls cinq dinars qu'il avait en poche. D'autres, des jeunes notamment, n'oublient pas de rappeler «l'accueil du 14 juin à Alger!». Ce que des adultes ont tout de suite condamné. Pour eux, le temps n'est surtout pas à ce genre de récriminations. Et d'ajouter: «Les positions politiques doivent se taire devant le malheur.» Certains autres vont même jusqu'à dire: «La wilaya a aussi ses sinistrés, elle a connu bien des malheurs et beaucoup y avaient alors applaudi...». Malgré ces quelques «remarques» souvent «intempestives», il reste que la Kabylie, connue pour sa légendaire générosité, même si «ce qu'elle fait, elle le fait en silence», a fait montre de son adhésion à la campagne nationale de solidarité: dons de vêtements, de produits alimentaires et d'argent ont afflué auprès des organisateurs d'associations. Gageons que le téléthon actuellement en cours ne manquera pas de récolter une somme appréciable. Le coeur n'a pas de région ! Il faut que les Algériens montrent, encore une fois, que devant le malheur, ils savent s'unir et laisser de côté tout ce qui les divise pour ne regarder que ce qui les unit. Au-delà des frictions toujours possibles, entre les enfants d'une même nation, il faut savoir sauvegarder l'essentiel. Et l'une des principales traditions héritées des ancêtres est justement la solidarité.