Au sein même de la commission se mêlent repentis, anciens détenus politiques et victimes du terrorisme. L'ancien président et homme proche de Bouteflika a expressément demandé aux membres de la Commission nationale de l'amnistie générale (Cnag) d'en faire partie. Ce qui donne à cette structure qui active à titre non officiel, un cachet significatif. Cette annonce a été faite par M. Abderezak Smail, le patron de l'entité, lors d'un point de presse, animé, hier en son siège à El Mouradia. La conférence a porté sur les motivations et les objectifs assignés à cette structure qui se présente comme un organisme ayant la lourde tâche de mener campagne en faveur de l'amnistie générale. Les membres de la commission ont passé en revue plusieurs points ayant trait au projet global. La commission qui active depuis peu ambitionne de mener une campagne de sensibilisation auprès des populations à travers tout le territoire national et ce, dans le but d'aboutir à un consensus autour de ce projet. Les initiateurs de la démarche avouent ne pas avoir en leur possession un document officiel ou une mouture à même de définir les contours de l'amnistie générale, mais ils se disent convaincus par cette dernière, seule manière de tourner la page sans pour autant la déchirer. M. Abderezak Smail a expliqué que leur intention découle d'un besoin de «rassembler toutes les victimes de la tragédie car la vie doit continuer. L'Algérie, a-t-il affirmé, doit se relever de cette douloureuse période et regarder vers l'avenir». A signaler que la commission n'a pas été instituée officiellement. Elle regroupe en son sein, différentes personnalités aussi bien de la sphère politique que des membres de la société civile. Leur vision de l'amnistie générale reste un concept global. Il devra toucher les différentes strates de la société et des victimes des deux côtés. Le pardon absolu et sans conditions est sûrement le maître mot de cette démarche. D'ailleurs à ce propos, le conférencier a révélé qu'au sein même de la commission se mêlent repentis, anciens détenus politiques et victimes du terrorisme, chacun ayant compris que «rien ne sert de garder les animosités et les rancoeurs et que chacun de ses membres est résolument tourné vers l'avenir car il faut penser aux prochaines générations auxquelles nous devons faire l'économie de ces inimitiés», ont-ils estimé. Tarabustés par nos questions, les membres de la commission n'ont certes pas répondu avec la clarté qu'il se doit, n'ayant apparemment pas tous les éléments en main pour tirer au clair certaines zones d'ombre qui restent à élucider. Si le concept de l'amnistie générale est retenu, il n'en demeure pas moins - chose que ne nient pas les conférenciers - que les personnes concernées par celle-ci n'ont pas été encore désignées. Elle englobera certainement, selon les membres de la Cnag ceux impliqués dans le terrorisme, y compris ceux qui sont encore au maquis, mais aussi ceux qui sont à l'origine de dépassements ou qui ont commis de s. Sur ce point précis, l'orateur est resté dans le vague, préférant éluder la question. Concernant les crimes économiques, les intervenants ont démenti le fait que ces délits entrent dans le cadre de l'amnistie fiscale et que cette dernière ne touchera que les opérateurs lésés durant la décennie noire. La Kabylie et les autres régions qui ont connu des troubles sont également concernées par le projet. Les pied-noirs, les enfants de harkis ainsi que la diaspora algérienne d'origine juive qui a beaucoup contribué à redorer l'image de l'Algérie à l'étranger, selon les orateurs, font également partie de cette réconciliation, car «il s'agit de ne plus rester prisonnier du passé et des idées étriquées, mais d'oeuvrer à rassembler les enfants de la patrie quelle que soit leur tendance ou appartenance». Quant au Dr.M'barek Malek Serrai, il a mis en exergue le fait que présentement, le travail de la commission est au stade de la concertation et que les textes conséquents à la phase finale seront étoffés et enrichis par les propositions qui seront recueillies sur le terrain. Sur ce registre, il a annoncé un plan de charge des plus actifs dans les prochains jours lequel a commencé par l'organisation d'un meeting à El Oued dans la région de Guemmar. Une ville symbolique qui rappelle les premiers évènements qui ont eu lieu dans cette zone, et qui ont annoncé les prémices d'une guerre sournoise. Enfin il faut dire que la commission jouit de l'approbation du président de la République qui a un contact permanent avec celle-ci sachant que l'ancien président et homme proche de Bouteflika fait partie de cette structure à sa demande.